J’ai eu mes premières règles à 12 ans et demi, j’ai des souvenirs de douleurs menstruelles atroces. Au collège, je me revois en plein cours être envoyée à l’infirmerie avec des hémorragies, les jeans trempés de sang jusqu’aux genoux, allongée en attendant que mes parents viennent me récupérer. Bizarrement plus tard, à la trentaine, j’ai aimé ce moment où mes règles « débarquaient », ce sentiment de purification mensuelle, j’appelais cela « les coquelicots »... Moi qui ai longtemps fait un 85 bonnet B, j’ai commencé à avoir plus de poitrine à partir de 25 ans. Les hommes me regardaient beaucoup. Un regard que je cherchais peut être inconsciemment à attirer ? Rétrospectivement, je me dis que j’étais assez provocante dans mes tenues : robes moulantes, décolletés. Quand je regarde les photos de l’époque, je me dis que j’étais vraiment « gaulée » ! Tout m’allait et je dépensais beaucoup d’argent dans les fringues, la moitié de mon salaire y passait.

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DE « BONNES JOUES »

Avec un corps assez équilibré, seins, hanches, cuisses, fesses, je pouvais tout me permettre. Sauf le maquillage peut-être, parce qu’avec du rouge à lèvres, je ne me reconnais pas, j’ai toujours eu l’air d’une gamine déguisée. Je collectionne les produits sans forcément les porter. Jusqu'à mes 40 ans j’étais mince avec « de bonnes joues », dues à mes origines polonaises. Je mesure 1,73 cm, et quand j’ai commencé à prendre quelques kilos, combien de fois j’ai entendu  « tu es grande, tu les portes bien ! » Cette phrase…. À 40 ans, mon corps a commencé à sérieusement changer avec les traitements hormonaux quand j’ai entamé une PMA. A l'époque j’ai enchaîné dix inséminations et les piqûres dans le ventre n’ont rien arrangé. Mais c’était le prix à payer pour avoir un enfant et je ne regrette absolument rien. Je n’ai pas été maman, la nature en a décidé autrement, mais cette expérience a marqué ma vie à tout jamais.

LA CRÊPE SUR LES PLAGES

Je ne suis pas du genre à me regarder durant des heures devant une glace, à me scruter nue. Je n’ai pas beaucoup de miroirs chez moi non plus. Plus jeune je montrais davantage mon corps, je portais des bikinis, des maillots hyper échancrés, faisais du topless, aïe, aïe, aïe ! Il y a encore quelques années, c’était monnaie courante les seins nus sur la plage. J’avais 20-25 ans, avec mes amies nous passions notre temps à faire la crêpe sur les plages, enduites d’Hawaiian Tropic ou de crème Lancaster, qui ressemblait à de la pâte à tartiner. Aujourd’hui cela ne me viendrait jamais à l’esprit de bronzer seins nus, parce qu’ils sont moins fermes (ah ah !), et que nous sommes suffisamment informées sur les conséquences. Mais l’été j’adore me baigner nue, loin des regards, dans une crique. Ce sentiment de liberté, de légèreté, d’être une sirène. Comme une enfant. C’est magique. J’ai de la chance de pouvoir le faire chaque année aux Baléares chez mon amie d’enfance : c’est peace, personne ne te regarde, ne te juge, que tu sois grosse ou maigre, petit ou grand, chacun vit sa vie. Sur certaines plages la nudité est naturelle. C’est l’endroit où je me reconnecte avec mon corps. Je me sens très libre, je lâche tout ! 

MANGER SES ÉMOTIONS

Je suis assez nostalgique de ma silhouette d’avant, mais il faut se faire à l’idée que le corps d’une femme change, évolue - avec ou sans grossesse - à chaque étape de la vie. J’ai gardé une peau assez ferme, sans vergeture. La cellulite s’est installée un peu - j’aime l’orange mais pas sa peau ! - puis il y a cinq ans, j’ai eu un problème de disque au niveau du dos, un vrai cauchemar, j’ai dû porter un corset pendant plusieurs mois.

Les chirurgiens m’avaient conseillé l’opération, je m’y suis totalement opposée et j’ai préféré tenter un régime dans l’espoir que de m’alléger pour que ces douleurs disparaissent. J’ai arrêté le gluten, les féculents, réduit le sucre, et perdu huit kilos en quatre mois. C’était incroyable de retrouver mon « corps d’avant ». Malheureusement est arrivé le confinement : l’enfermement et la peur. Je « mangeais mes émotions » comme on dit, remplissais mon ventre. Moi qui, dégoûtée par mes profs d’EPS, déteste l’effort physique, je me suis imposé des cours en visio pour ne pas dépérir, kundalini, stretching. Une approche douce. Parce que le seul sport-plaisir qui a été une révélation dans ma vie, c’est la boxe. Quel kif de taper dans un sac ! L’activité idéale pour évacuer mon stress, et qui m’avait fait fondre en quelques mois. Mais mon corps ne l’a pas supporté, et j’ai dû arrêter après, entre autres, une fracture de fatigue. 

CÂLIN EMPOISONNÉ

En hiver, mon corps hiberne toujours un peu. Je ne le cajole pas vraiment. Moi qui aime les années 80, les couleurs, je me cache davantage aujourd’hui. Jeans, baskets, t-shirts, sweats doudous… Un cocon qui me donne l’impression d’être protégée… de quoi ? Au fil des années j’ai encaissé pas mal de choses : déceptions amoureuses, pas d’enfant, un travail passionnant mais qui m’a dévorée, un confinement… Et j’ai trouvé du réconfort dans l’alimentation qui me fait l’effet d’un shoot. Le sucre, c’est un câlin… empoisonné ! Je suis gourmande, je l’ai toujours été. J’aime le bon vin, la bonne table, faire la fête. Depuis toujours. Mais passé 40 ans, chaque sortie de route se comptabilise sur la balance… Comme je ne suis pas bonne en calcul, j’ai continué à goûter chaque moment de la vie, je me suis laissée envelopper. Les kilos se sont accumulés, installés et s’en débarrasser aujourd’hui n’est pas une mince affaire. 

LES FESSES DE BEYONCÉ

Je peux pourtant remercier Mère Nature pour pas mal de choses. Les yeux clairs, une belle peau, un corps bien proportionné, des fesses bombées et fermes sur lesquelles je suis souvent complimentée (« t’as les fesses de Beyoncé » !), j’entends souvent aussi que je serais « solaire » et que je ne ferais « pas mon âge »… Pourtant mon regard sur moi a toujours été déformé. J’ai développé tout au long de ma vie une forme de dysmorphophobie. Très mince je me trouvais déjà trop ronde. Les réseaux sociaux n’ont rien arrangé. Comme beaucoup de filles, j’ai l’impression que nos mères ont passé leur existence à faire des régimes. Et nous reproduisons souvent les mêmes comportements, par mimétisme. Pourtant mes parents ont toujours été bienveillants à mon égard. Ils savent que je fais le yoyo régulièrement, souhaitent juste que je ne sois pas dans l’excès, me le rappellent régulièrement… Je suis leur fille unique.

BEAUCOUP DE SÉDENTARITÉ 

Je me sens beaucoup moins connectée qu’avant à mon corps… mais je me soigne. J’exerce mon activité professionnelle dans une partie de mon appartement, ce qui veut dire beaucoup de sédentarité. J’ai un bureau de relations presse/publiques et événementiel. Et quand j’habitais Paris, je bougeais davantage. J’allais d’un rendez-vous à l’autre à pied. Maintenant que je vis dans le sud de la France, à Arles, je me suis obligée à mettre en place une routine : kundalini régulièrement (pour les énergies et évacuer le stress), l’aquagym depuis trois mois. Et la marche à pied car j’ai depuis peu un bébé cocker. Sortir trois fois par jour pour elle, ça change tout ! J’ai mes 10 000 pas quotidiens au compteur. Aujourd’hui je commence à retrouver ma ligne, à re-perdre du poids petit à petit, sans forcer, sans contrainte.  

PRÉPARER L’AVENIR

Parce que la pré-ménopause implique la prise de poids, quoiqu’on en dise. Et la prise de poids implique le début des douleurs, articulaires, musculaires, entre autres. Les médecins - ma gynéco en particulier - m’alertent régulièrement sur les risques qui peuvent se développer après la quarantaine. Comparé à certaines de mes amies je m’en sors plutôt pas mal. Mes symptômes sont gérables. La prise de poids pour commencer, ce sentiment de gonfler. La peau qui s’assèche. Le corps qui change de température, ces fameuses « bouffées de chaleur » qui ont duré très peu de temps, heureusement. C’est un vrai bouleversement dans la vie d’une femme. Il faut en parler, ce n’est pas un sujet tabou. D’ailleurs les podcasts et articles se multiplient désormais et c’est tant mieux. J’essaye de manger le plus sainement possible, j’ai repris une activité physique régulière. Comme je suis hypocondriaque, je passe fréquemment des examens médicaux (ahem) et je consulte régulièrement des naturopathes, acupuncteurs, homéopathes, médecines douces en tout genre. Je fais mon « marché », j’essaye d’avoir les meilleurs conseils. Et puis je suis convaincue qu’une bonne alimentation fait en grande partie le job. Mes parents m’ont donné les bases : jamais de plats surgelés, cuisinés, conserves, etc. J’ai pris conscience que je dois préparer mon corps pour les vingt à trente prochaines années, l’entretenir si je veux profiter à fond de la vie, continuer à voyager, et vivre longtemps dans de bonnes conditions.