Polémique autour des résultats de la présidentielle de 2018 en RDC : Déclarations contradictoires de Félix Tshisekedi et Corneille Nangaa

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Une polémique concernant les résultats de l'élection présidentielle de décembre 2018 en République Démocratique du Congo (RDC) a ressurgi ces derniers jours avec des déclarations contradictoires émanant du Président actuel, Félix Tshisekedi, et de l'ancien président de la Commission Électorale Nationale Indépendante (CENI), Corneille Nangaa.

Félix Tshisekedi clarifie sa position lors de la 78ème Assemblée Générale des Nations-Unies

Le Président Félix Tshisekedi s'est exprimé sur cette controverse lors de sa récente apparition médiatique en marge de la 78ème Assemblée Générale des Nations-Unies à New York, le 19 septembre dernier. Il a évoqué une réunion avec Raymond Tshibanda, suggérant des tentatives de discussions sur un éventuel arrangement visant à faire de lui le Premier ministre du candidat malheureux à l'élection présidentielle, Emmanuel Shadary. Cependant, il a catégoriquement nié toute implication dans de telles manœuvres, affirmant qu'il avait remporté les élections de manière légitime et que les résultats étaient en sa faveur. Il a exhorté ceux qui évoquent des fraudes à présenter des preuves tangibles et à identifier les responsables.

« Raymond Tshibanda m'a contacté après les résultats des élections, et lorsque nous nous sommes vus, je lui ai dit : "Cher grand frère, si vous m'avez appelé ici pour trouver un arrangement afin que je devienne le Premier ministre de votre candidat, c'est-à-dire Emmanuel Shadary, c'est niet ! J'ai gagné les élections, j'ai les résultats." Il m'a tout de suite rassuré en disant : "Les résultats, on peut en discuter. Chacun a ses résultats. Je ne vous ai pas appelé pour ça." Nous sommes entrés dans le vif du sujet, qui a donné lieu plus tard à la formation de la coalition. Le lendemain, j'ai également rencontré Monsieur Nehemie Mwilanya, et je lui ai dit la même chose. Aujourd'hui, ceux qui parlent de fraudes doivent nous apporter des preuves de ces fraudes et dire qui en est responsable", a déclaré Félix Tshisekedi.

Corneille Nangaa réfute les allégations de Tshisekedi

L'ancien président de la CENI et actuel leader du parti politique "Action pour la Dignité du Congo et de son peuple" (ADCP), a réagi aux déclarations du Président Tshisekedi le 23 septembre. Nangaa a qualifié les affirmations du Président de contrevérités et de mensonges. Il a rappelé que la CENI avait annoncé les résultats provisoires de l'élection présidentielle en janvier 2019, suivis par l'arrêt de la Cour Constitutionnelle confirmant ces résultats. Il a également confirmé l'existence d'un accord politique préalable à la publication des résultats, accord qu'il avait, dit-il, contribué à rédiger et qui avait été signé par Félix Tshisekedi et son prédécesseur.

« Un accord politique existe bel et bien. Il a précédé la publication des résultats définitifs. J'en suis l'un des co-rédacteurs. Cet accord inaltérable a été signé devant témoins, par le Président TSHISEKEDI et son prédécesseur. L’accord politique "'ACCORD POUR LA STABILITE DE LA REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO" a été certifié et validé par trois Chefs d'Etat africains - avec le statut leur reconnu par les deux parties - qui l'ont félicité du fait qu'il (Accord) a permis la première passation du pouvoir sans effusion de sang en RDC ». 

Nangaa a souligné que cet accord avait permis la première passation pacifique du pouvoir en RDC sans effusion de sang et que les institutions de la République avaient été mises en place en vertu de cet accord.

« Quoiqu'œuvre humaine et donc imparfaite, l'accord politique pour la stabilité de la République Démocratique du Congo a le mérite historique d'avoir favorisé tant soit peu, la toute première alternance politique en République Démocratique du Congo. Sur pied dudit accord politique, des institutions de la République ont été installées, cas du gouvernement (Ordonnance N° 19/056 du 20 mai 2019 portant nomination du Premier Ministre ILUNGA ILUNKAMBA); de la composition des bureaux de l'Assemblée nationale et du Sénat ».

Il a également critiqué le Président Tshisekedi pour avoir remis en cause ces faits historiques et a estimé que de telles déclarations discréditaient la fonction présidentielle. Nangaa a conclu en affirmant que le Président Tshisekedi ne pouvait pas falsifier des faits historiques majeurs et que son honneur était en jeu.

Corneille Nangaa est actuellement sous sanctions des États-Unis en raison d'allégations de "corruption persistante" liées aux élections de 2018 en RDC. Les sanctions visent également d'autres responsables de la CENI, accusés d'avoir détourné des fonds opérationnels de la CENI à des fins personnelles et politiques.