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Dans la bande de Gaza, les crimes de guerre sont démultipliés par les algorithmes

Deux enquêtes publiées par la presse israélienne révèlent le modus operandi de l’armée, fondé sur le recours à l’intelligence artificielle et le dévoiement des règles d’ouverture du tir.

Publié le 09 avril 2024 à 12h48, modifié le 09 avril 2024 à 13h14 Temps de Lecture 3 min. Read in English

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Après six mois de guerre, alors qu’Israël commence à réduire sa présence militaire à Gaza, le voile se lève sur la mécanique du cataclysme qui s’est abattu sur la bande de sable palestinienne. Le bilan de l’opération israélienne déclenchée le 7 octobre 2023, en réponse au massacre et aux prises d’otages perpétrés par le Hamas dans le sud de l’Etat hébreu, est bien connu : 33 175 morts et 75 886 blessés à la date du 7 avril, les femmes et les enfants représentant environ 70 % de ces victimes, selon les autorités de santé de l’enclave. Et un nombre encore indéterminé de corps sous les décombres, estimé à plusieurs milliers.

Ce que l’on a découvert de manière plus précise ces derniers jours, c’est le modus operandi de ce jeu de massacre, la fabrique de ce que les défenseurs des droits humains considèrent comme des crimes de guerre de masse.

La tragédie qui a frappé World Central Kitchen (WCK), une organisation qui distribue de la nourriture et dont sept employés ont péri dans une frappe israélienne, lundi 1er avril, a servi de révélateur. Parce que six des victimes sont des ressortissants étrangers, l’armée israélienne a dû rendre des comptes. S’ils avaient tous été Palestiniens, comme les 200 autres travailleurs humanitaires et employés des Nations unies tués depuis le 7 octobre, l’événement n’aurait causé qu’un émoi très relatif sur la scène internationale.

Qu’a dit l’état-major ? Que la décision d’ouvrir le feu sur le convoi de WCK a résulté d’une méprise : les soldats de l’unité de drones ayant mené les frappes ont cru voir une arme dans les mains de l’un des humanitaires et en ont conclu, on ne sait pourquoi, que lui et tous les autres passagers étaient des membres du Hamas. D’où l’acharnement des drones, qui ont tiré à trois reprises sur les véhicules, liquidant ses occupants l’un après l’autre.

Mea culpa

Or ladite arme était « peut-être un sac », a reconnu la hiérarchie militaire, qui a confessé une « grave erreur » et annoncé le limogeage de deux officiers. Ce mea culpa n’a pas convaincu Barak Ravid, ancien journaliste vedette de la presse israélienne, aujourd’hui analyste chez CNN. « Parler d’identification erronée ou d’erreur, c’est l’euphémisme du siècle. Ce genre d’incident arrive presque tous les jours », a-t-il déclaré, le 3 avril, sur le plateau de la chaîne américaine.

De fait, deux enquêtes publiées par la presse israélienne au même moment suggèrent que la désinvolture de l’armée dans l’affaire WCK n’est pas tant le produit d’une dérive individuelle que d’un dévoiement systémique des procédures d’ouverture de tir. Une rupture majeure dans l’histoire militaire israélienne qui a transformé la bande de Gaza en gigantesque charnier.

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