Barbara Nowacka est une femme politique polonaise de 41 ans, très féministe, voire trop pour les conservateurs. Très moderne pour son pays, elle approuve le droit à l'avortement et la fécondation in vitro, même pour les femmes célibataires. Elle est aussi partisane pour le mariage et l'adoption des couples homosexuels. D'ailleurs, elle dit refuser de se marier tant que les homosexuels n'auront pas ce droit. Autant de convictions qui agacent dans le pays où les régressions sont au rendez-vous.

Le sourire difficile et le ton déterminé, Barbara Nowacka est peu appréciée du parti de la droite conservatrice, et jugée excessive lorsqu'elle rappelle le rôle que le gouvernement polonais souhaite donner aux femmes :

De bonnes mères catholiques dont la seule mission serait d'engendrer de bons petits Polonais.

Mère de deux enfants, elle prouve ce dont sont capables toutes les femmes, alliant vie familiale et vie professionnelle avec dynamisme. Cadre à l'institut japonais des technologies de l'information de Varsovie et impliquée dans la politique, Barbara Nowacka a beau être de gauche, l'arrivée des ultra conservateurs au pouvoir ne change rien à ses engagements.

Incarnation du comité "Sauvons les femmes" ("Ratujmy Kobiety"), celle qui a envoyé valser le projet d'associer l'IVG à un acte criminel a même été honorée par le prix Simone-de-Beauvoir pour la liberté des femmes, en janvier dernier.

Barbara Nowacka, son combat contre l'interdiction de l'avortement

En septembre 2016,le parti conservateur présente un projet de loi affirmant que toute femme qui avorterait ou toute personne qui pratiquerait une IVG (médecin et infirmier) serait passible d’une peine de cinq ans de prison.

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Lorsque la droite conservatrice menace d'interdire l'avortement, la femme politique, qui ne pouvait plus être entendu dans les tribunes, a choisi la rue pour exprimer ses idées, et s'entourer de toute personne partageant son point de vue. C'est ce qui a été nommé "La marche noire" organisée en octobre 2016. Une initiative des plus impactantes, qui a, pour le moment, fait reculer le gouvernement. Un symbole important puisque c'est la première fois que le parti conservateur recule devant la force de la rue.

En revanche, si l'avortement n'est pas interdit en Pologne, dans les esprits, il reste un acte barbare, un crime. Depuis les années 90, l'avortement serait accordé seulement dans trois cas : une malformation, une mise en danger de la mère, un acte sexuel non désiré (viol ou inceste).

Barbara Nowacka, son combat pour la contraception

Si la femme politique est pour l'avortement, elle considère que la sensibilisation auprès des jeunes femmes est primordiale dans les écoles, et actuellement inexistante :

On y apprend comment se comporter en famille, tenir un foyer... Mais rien sur la sexualité ou la contraception.

L'autre problème vient des personnes conservatrices exerçant un métier médical qui font passer leurs convictions avant la profession, comme l'a déjà souligné Barbara Nowacka :

Des médecins font jouer leur clause de conscience pour refuser de prescrire la pilule.

De plus, la pilule du lendemain est presque inaccessible et les contraceptifs ne sont pas remboursés, coutant 23 euros. Une somme difficile à se procurer chez les jeunes. Conclusion : il y aurait entre 80 000 et 100 000 avortements clandestins par an. Les plus aisées vont à l’étranger en Suède, en Slovaquie ou en Ukraine. Quant aux autres, c'est plus compliqué.

Barbara Nowacka, féministe endurcie

Touchée d'avoir reçu le prix Simone de Beauvoir cette année, la femme politique ne manque pas de souligner l'importance de persister dans les combats pour maintenir les droits acquis des femmes, dans une époque où ils sont remis en question :

Chez nous, tous les deux ans, ceux qu’on appelle les pro-life,(les "anti femmes") tentent de remettre sur le tapis une prohibition totale de l’IVG.

Et de poursuivre : "Mais cette fois, en septembre dernier, ils ont reçu le soutien de notre gouvernement dominé par les conservateurs du PiS, le parti Droit et Justice. Là, on s’est dit : "On est mal." Poussée par ses indignations, elle tient bon.

Barbara Nowacka a grandi dans un environnement féministe, très inspirée par sa mère qui était membre de la ligue des femmes polonaises et qui s'est engagée en politique en 1992 pour défendre les droits des femmes au moment où l'avortement était menacé d'être totalement interdit.

Convaincue que le monde et les polonais n'oublieront jamais cette marche en noir sous la pluie qui mêlait hommes et femmes, catholiques ou non, pour conserver ce droit à disposer de son corps, Barbara Nowacka reste motivée par cette envie de défendre les droits et d'élargir le champ.