La spectaculaire résurrection du cher Pavillon de la Muette de Louis XV

Qui a été le premier propriétaire royal du Pavillon de la Muette ?

Le Pavillon royal de la Muette, tel qu’on le connaît, doit son existence à Louis XV. Ce souverain le fait ériger en 1767, chargeant de sa construction Ange-Jacques Gabriel, qui occupait alors la fonction de Premier architecte du Roi.

Si cet élégant bâtiment a des airs du Petit Trianon de Versailles – également signé de Gabriel -, sa fonction est quelque peu différente. Au cœur de la giboyeuse forêt de Saint-Germain-en-Laye, il consiste à l’origine en un pavillon de chasse. Une halte appréciable pour Louis XV, grand chasseur. D’autant qu’il y dispose au besoin d’une chambre, s’il est trop tard pour regagner l’un de ses châteaux.  

Déjà François Ier avait jeté son dévolu sur ce lieu

Mais il faut savoir qu’un Pavillon de la Muette, il y en avait déjà eu un autre, à la demande d’un prédécesseur royal de Louis XV. En l’occurrence François Ier.

Mais ce relais de chasse situé à proximité du château de Saint-Germain-en-Laye - dont l’édification a débuté en 1542 sous la direction de l’architecte Pierre de Chambiges et s’est achevée en 1549 après la mort de ce dernier par Guillaume Guillain et Jean Langlois - est déjà « délabré » lorsque Androuet du Cerceau, qui en publie des dessins du plan et de l'élévation, l’évoque en 1576.

Quant au dessinateur et graveur Israël Silvestre, il le représente carrément en ruines en 1665. Il n’en subsisterait aujourd’hui que quelques souterrains et couloirs dans le sous-sol du nouveau pavillon, ainsi qu’un puits près de l’entrée de celui-ci.

Quels autres monarques ont marqué l’histoire du Pavillon de la Muette ?

Comme Louis XV, son grand-père, Louis XVI aime venir chasser dans la forêt de Saint-Germain et fréquente en conséquence La Muette. Viennent ensuite Napoléon Bonaparte – qui se fait aménager dans le bâtiment un appartement avec une chambre pour lui, une pour sa seconde épouse l’impératrice Marie-Louise -, puis Louis XVIII et Charles X.

Comme son célèbre oncle, Napoléon III voit dans les chasses à La Muette un enjeu diplomatique. Outre entretenir des liens avec des personnalités du monde politique et économique, elles lui permettent d’honorer des souverains étrangers, comme ce fut le cas en 1855 avec la reine Victoria.

En visite à Paris à l’occasion de l’exposition universelle dans le cadre de « l’Entente cordiale » entre le Royaume-Uni et la France, la monarque britannique, alors trentenaire, est invitée par l’empereur à une « partie de campagne  » combinant chasse à courre et déjeuner champêtre à La Muette.

« Très touchée par cette journée au Pavillon le 25 août 1855, la reine Victoria rapportera en Angleterre des croquis de la Muette, pris sur le vif, qui se trouvent actuellement dans les collections du palais de Buckingham », peut-on lire sur le site du Pavillon.

Une première vente, puis l’arrivée de deux mécènes passionnés

En juillet 2014, le Pavillon de la Muette, alors à l’abandon, passe en mains privées. Le bâtiment, qui n’avait plus de fonctions depuis 1970 et avait été attribué à l’ONF (l’Office national de forêts), est vendu à un particulier passionné d’histoire. Débute alors une première réhabilitation.

En 2019, c’est au tour de deux mécènes passionnés d’architecture et d’histoire de s’engager pour le sauver. Leur objectif : redonner toute sa splendeur au lieu et lui faire retrouver un rayonnement culturel conforme à « sa tradition d’accueil et de rencontre » du temps des monarques français.

Un chantier colossal mené dans les règles de l’art

Cinq ans de travaux, menés par des artisans spécialisés dans la sauvegarde des monuments historiques sous le haut patronage du ministère de la Culture, sont nécessaires.

Éradication de la mérule – un champignon qui avait infesté tout le bâtiment rongeant pierre et bois et aurait, à terme, causé son effondrement  -, rénovation et consolidation de la charpente, réfection totale de la toiture, ravalement des façades et maçonneries, traitement et restauration des boiseries, restauration et aménagement des caves qui abritent les anciennes cuisine et rôtisserie... sont au programme.

Sans oublier un aménagement des jardins avec la plantation de 200 arbres vernaculaires et la création d’une prairie fleurie naturelle et d’un potager bio.

Le chantier est colossal. Mais réalisé avec brio.

Le Pavillon de la Muette entame une toute nouvelle vie

Aujourd’hui, le cher pavillon de chasse de Louis XV a retrouvé toute sa beauté. Pas question cependant de n’être qu’un témoignage de l’architecture de Gabriel.

La Muette reprend aussi vie en s’ouvrant à toutes sortes d’événements privés et professionnels, mais aussi aux tournages ou pièces de théâtre, aux shootings ou défilés de mode, aux dégustations de vins ou lancements de produits… Un nouveau destin qui va s’écrire, à partir du mois de mai 2024.