Cet article vous est offert
Pour lire gratuitement cet article réservé aux abonnés, connectez-vous
Vous n'êtes pas inscrit sur Le Monde ?

Fin de vie : « Il est temps que les principaux concernés voient leur parole aussi largement publiée que celle des bien portants »

Plutôt que de poser un regard paternaliste sur les personnes gravement malades, très âgées ou handicapées, le corps médical comme la société doivent écouter les patients et placer leur volonté au cœur des débats sur la fin de vie, estime Edwige Khaznadar, professeure de lettres honoraire, dans une tribune au « Monde ».

Publié le 25 avril 2024 à 05h30, modifié le 25 avril 2024 à 09h21 Temps de Lecture 3 min.

Article réservé aux abonnés

Dans les discussions sur la « fin de vie », n’oublions pas que, à la base, c’est la personne, mortelle, qui est en question : chacune, chacun est confronté à sa propre souffrance, éventuelle, et à « sa » mort, inéluctable.

Pourtant, l’immense majorité des interventions dans ces débats en France sont celles du corps médical français, délivreur d’ordonnances. Les médecins sont-ils détenteurs de la vie et de la mort ? Dans le projet gouvernemental actuel, oui, bien que dans un sens inverse à celui qu’on entend habituellement par « pouvoir de vie et de mort » : à la personne qui désire mourir, ils peuvent imposer de continuer à vivre ou autoriser la mort.

Leur prise de parole est entièrement justifiée, tant par les soins qu’ils prodiguent que par leur conscience et leur « serment », le serment d’Hippocrate : « Je ne provoquerai jamais la mort délibérément », engagement symbolique puissant appuyé par le « Tu ne tueras point » biblique. Mais, concrètement, ces jeunes gens de 30 ans ont-ils ou elles réfléchi au moment où, abattus par la dégradation continue de l’âge, ils affronteront eux-mêmes le temps de l’attente se terminant de toute façon par la mort ? D’une manière générale, qu’est-ce qui permet à des personnes dans la force de l’âge ou dans une verte vieillesse de pontifier sur le sort de leurs semblables ravagés de faiblesse et proches de la mort ?

Il est temps que les principaux concernés, grands malades, octogénaires, nonagénaires, centenaires, voient leur parole aussi largement publiée que celle des bien portants, lesquels sont en pleine possession de leurs claviers et de leurs moyens.

Le choix du moment de sa mort

Les vieux, les vieilles dont je suis puisque j’ai plus de 90 ans, sommes pliés par l’arthrose, tenaillés par des douleurs qui se multiplient, promis à la cécité ou au moins à la malvoyance. Nous sommes tassés au fond du lit médicalisé dans l’attente d’une aide-soignante surchargée de travail ; ou accueillis en famille et ressentant lourdement dans notre impuissance le poids imposé à nos aidants ; ou encore chez nous, isolés, entourés d’aides sociales mais toutes et tous accablés par la perte de l’époux, de l’épouse, de tant d’amis, de tant d’amies, et dans la crainte d’un nouvel accident renvoyant au lit de l’hôpital.

Tout cela la démarche vacillante, la vue brouillée, dans un espace de plus en plus restreint depuis la renonciation à l’automobile, se limitant pour la fin au fauteuil et au lit, enfin au lit seul. Consciente de tant d’autres douleurs que je ne connais pas, j’arrête ici.

Il vous reste 50.35% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Lecture du Monde en cours sur un autre appareil.

Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil à la fois

Ce message s’affichera sur l’autre appareil.

  • Parce qu’une autre personne (ou vous) est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil.

    Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil à la fois (ordinateur, téléphone ou tablette).

  • Comment ne plus voir ce message ?

    En cliquant sur «  » et en vous assurant que vous êtes la seule personne à consulter Le Monde avec ce compte.

  • Que se passera-t-il si vous continuez à lire ici ?

    Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connecté avec ce compte.

  • Y a-t-il d’autres limites ?

    Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant à des moments différents.

  • Vous ignorez qui est l’autre personne ?

    Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe.

Lecture restreinte

Votre abonnement n’autorise pas la lecture de cet article

Pour plus d’informations, merci de contacter notre service commercial.