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Frank Boeckx, dernier gardien champion avec Anderlecht : « En 2017, nous étions encore plus prudents et plus tueurs »

L’histoire mauve de Frank Boeckx rappelle étrangement celle de Kasper Schmeichel au parc Astrid. L’ancien n°1 de René Weiler souligne le renouveau de Bruges mais il pronostique quand même un RSCA-Liverpool la saison prochaine en Ligue des champions.
Entretien

À 37 ans, Frank Boeckx et Kasper Schmeichel n’ont pas que le même âge. Ils ont un peu la même histoire à Anderlecht. Alors qu’on n’attendait pas du tout le Brabançon flamand (Aarschot) dans la peau de n°1 durant l’été 2016, il finira par convaincre René Weiler à la surprise générale pour fêter, quelques mois plus tard, le 34e titre des Mauves. Avec, à l’image de Schmeichel arrivé il y a huit mois contre toute attente au détriment de Maxime Dupé, énormément de doutes à son sujet. Mais avec une capacité hors du commun à diriger sa défense. Rencontre à cœur ouvert avec « Frank The Tank », devenu aujourd’hui conseiller au sein d’une agence de joueurs et brillant consultant.

Frank Boeckx, qu’est-ce que cela vous fait d’être, sept ans plus tard, encore et toujours le dernier gardien à avoir été champion avec Anderlecht ?

Cela me dérange ! Ce n’est pas normal. Et ce n’est pas bon pour le RSCA. J’espère vraiment que Kasper Schmeichel va rapidement me remplacer. En tant que consultant, je reste objectif en toutes circonstances. Je suis fan d’un seul club : Liverpool. Mais, vu que j’ai bossé au Sporting avec énormément de personnes qui sont encore présentes dans le groupe actuel, il est logique que je leur souhaite le meilleur. Je veux voir tous mes potes grandir et jouer la Ligue des champions la saison prochaine. Voir les Reds et les Mauves s’affronter en C1 est un rêve.

Depuis votre départ d’Anderlecht, il y a un an, Brian Riemer n’a cessé de vous demander de revenir au parc Astrid pour y retrouver votre rôle d’adjoint…

J’ai toujours eu un bon contact avec Riemer. Pas plus tard que la semaine passée, il m’a encore invité à assister à un entraînement à Neerpede. C’était sympa de revoir tout le monde.

Dans le milieu, tous les observateurs étaient convaincus qu’une belle carrière d’entraîneur s’offrait à vous. Avez-vous définitivement rangé votre training de coach ?

Pour l’instant, ma situation familiale n’a pas changé. C’est la raison pour laquelle j’avais quitté mes fonctions d’entraîneur des gardiens et d’adjoint à Anderlecht il y a un an. Plus que jamais, je dois être présent pour mes enfants âgés de 1,5 et 2,5 ans ainsi que pour ma maman, dont le compagnon est actuellement en phase terminale. Ce sont mes priorités. Mais je n’exclus pas de refaire un jour mon retour dans un staff.

Vous qui connaissez très bien Brian Riemer, comprenez-vous les critiques dont il fait parfois l’objet au sujet de ses choix et de son approche tactique ?

Ceux qui le critiquent ne savent pas ce dont il est capable. Ni le boulot extraordinaire qu’il a fait compte tenu des moyens mis à sa disposition. Il a déjà inversé la tendance de certaines rencontres, comme à Bruges par exemple avec Vazquez et Angulo. Et, dimanche dernier à Genk, le Sporting était plus près d’une victoire que d’une défaite dans le dernier quart d’heure. Le vrai problème de Brian est qu’il a très peu de solutions à sa disposition pour faire basculer une rencontre. Lorsque Hazard et Amuzu sont tous les deux disponibles, vous pouvez faire un choix décisif. Mais Thorgan ne jouera plus en 2024 et Ciske n’est pas prêt à jouer nonante minutes. Actuellement, le noyau du RSCA est composé de beaucoup de profils similaires. Cela explique notamment les soucis que les Mauves rencontrent actuellement dans l’entrejeu. En attaque, Dolberg et Vazquez sont des joueurs complètement différents mais, pour le reste, Dreyer n’a par exemple aucune concurrence.

Anderlecht a confirmé contre le Cercle sa suprématie à domicile. Mais comment expliquer ses prestations particulièrement inquiétantes à Bruges et à Genk ?

Cela reste un mystère. C’est surtout le manque d’intensité qui m’interpelle. Peut-être qu’au sein même de l’équipe, les intentions sont différentes. Lorsqu’une partie des joueurs veut jouer en déplacement pour un point mais que l’autre partie souhaite d’office jouer l’offensive, cela crée le déséquilibre observé en Venise du Nord et dans le Limbourg. Quel que soit le plan prévu avant le coup d’envoi, les cadres doivent être capables de sentir un match dès les premières minutes et de s’adapter aux circonstances. À Genk, j’ai vu les Anderlechtois évoluer très haut dès le début. Paradoxalement, cela a permis aux Genkois de les étouffer et de bénéficier d’énormément d’espace durant toute la première mi-temps. On savait pourtant que les Limbourgeois étaient en pleine confiance. J’aurais joué la carte défensive plus clairement dès le départ.

S’il l’emporte au Cercle dimanche, Anderlecht aura-t-il fait un grand pas vers un 35e titre ?

Avec 20 points sur 30, vous devez normalement être champion. En s’imposant au Cercle, le Sporting serait alors parfaitement dans la moyenne de trois points à domicile et un point en déplacement. Cela dit, un partage dimanche pourrait suffire à condition de s’imposer à l’Antwerp ou à l’Union. Et, bien sûr, de battre Genk et Bruges à domicile. Mais je crois à ces deux victoires pour les Mauves. N’oublions pas que leurs deux défaites dans ces PO, les Anderlechtois les ont concédées en déplacement contre les deux meilleures équipes actuelles.

Avec 13 points sur 15 et le niveau de jeu affiché ces dernières semaines, Bruges n’est-il pas devenu le grand favori pour le titre ?

On pensait cela de l’Union durant toute la phase classique. Et l’on avait dit aussi cela de Genk il y a quatre jours mais il se retrouve à nouveau à sept points de la première place. Bruges est très fort et possède le noyau le plus complet. Mais l’Europe pourrait lui jouer un mauvais tour. En une semaine, les Blauw en Zwart vont se farcir trois déplacements à Genk, à la Fiorentina et à l’Antwerp. Et ils devront encore aller à Anderlecht qui n’est pas en tête par hasard et qui conserve les meilleurs atouts. Un peu comme en 2017, en fait.

Quel était votre secret, en 2017 ?

Nous jouions un peu de la même façon sous René Weiler qu’aujourd’hui sous Riemer. Mais, il y a sept ans, nous avions plus de luxe offensif et de profils différents pour faire basculer une rencontre avec Teodorczyk, Bruno, Chipciu, Hanni… Et, contrairement au Sporting d’aujourd’hui, nous n’exercions jamais de pressing haut. Nous étions plus prudents. Nous étions dès lors rarement mis en difficulté et nous parvenions à être davantage tueurs.

À titre personnel, quelle était votre recette ?

Au départ, j’étais là pour guider les jeunes Roef et Svilar, censés se battre pour la place de n°1. Mais, finalement, j’ai saisi ma chance. Weiler adorait ma façon de guider et de rassurer la défense. Contrairement à mes concurrents, la pression ne me touchait pas. Je ne faisais pas des arrêts spectaculaires mais les supporters me pardonnaient beaucoup car j’affichais la bonne mentalité.

Vous affichiez aussi quelques kilos en trop. Un souci au sujet duquel vous ne vous êtes exprimé que plus tard…

Anderlecht fut le seul club dans ma carrière à m’avoir accepté tel que je suis. Ils ne m’ont pas forcé à faire des choses impossibles. Le staff médical fut très humain et, du moment que je me sentais bien dans ma peau, il me laissait une grande liberté. Je souffrais de boulimie quand je jouais à Gand et à l’Antwerp, et j’allais me faire vomir aux toilettes pour ne pas perdre ma place. Cela était devenu une obsession. Même à Anderlecht, j’ai encore pensé tout arrêter pour partir faire un tour du monde. Jusqu’à ce que j’arrive enfin à me dire qu’il valait mieux avoir trois kilos en trop mais être en bonne santé. Lorsque j’ai pu en parler, cela a été beaucoup mieux. Je ne remercierai jamais assez le RSCA pour le respect mutuel qu’il y avait entre nous.

C’était le jour et la nuit avec ce que vous aviez connu à Gand, Mircea Rednic vous ayant fait passer de titulaire à quatrième gardien après un conflit avec Mboyo et la direction des Buffalos. Vous aviez même été renvoyé dans le noyau B après avoir pourtant tout donné durant cinq saisons pour les Gantois…

J’étais tellement frustré que je m’étais sérieusement blessé au pied en shootant dans une poubelle. J’avais été doublement victime de certains arrangements en interne. Mais, en football, tout peut rapidement changer si vous ne perdez pas la foi. C’est pour ça que le titre de 2017 était tellement beau pour moi.

Pour Colin Coosemans, tout est également allé très vite, mercredi contre le Cercle, à la suite de la blessure de Schmeichel…

J’ai une très bonne relation avec Colin, qui a dû attendre très longtemps avant de recevoir sa chance mais qui s’est toujours comporté comme un vrai joueur d’équipe. Tout en bossant énormément. C’est un plaisir d’avoir un gars comme lui dans un noyau. J’étais vraiment content de le voir aussi heureux à la fin du match. Quand on pense qu’il n’avait plus joué en Pro League depuis 2019…

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