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Audrey Fleurot, haut potentiel de séduction

L’actrice star de la série « HPI », dans laquelle elle incarne une enquêtrice surdouée, revient sur les écrans pour une quatrième saison.
Christophe Carrière

L’actrice star de la série « HPI », dans laquelle elle incarne une enquêtrice surdouée, revient sur les écrans pour une quatrième saison.

Diablement drôle, divinement élégante, elle est l’actrice populaire par excellence. L’ascension de la nouvelle vedette du petit écran aura pourtant été tout sauf fulgurante. Mais qui va lentement… se retrouve, la quarantaine venue, sacrée comédienne ­préférée des Français dans notre sondage Paris Match-Ifop ! Morgane, son personnage déjanté d’« HPI », joue un rôle majeur dans ce plébiscite : l’année dernière, la série a réuni jusqu’à 11 millions de téléspectateurs séduits par la verve de l’aventurière qu’Audrey Fleurot décrit comme « la version non policée » d’elle-même.

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Vue sur l’Étoile et le tribunal de Paris depuis la terrasse de l’hôtel Raphael. Le 16 mai, sur TF1, elle troquera son trench pour le vestiaire haut en couleur de Morgane Alvaro.
Vue sur l’Étoile et le tribunal de Paris depuis la terrasse de l’hôtel Raphael. Le 16 mai, sur TF1, elle troquera son trench pour le vestiaire haut en couleur de Morgane Alvaro. H&K / © Laurence LABORIE

Paris Match. Vous disiez, il y a une douzaine d’années, au moment de la diffusion des séries “Engrenages” et “Un village français” et juste après la sortie au cinéma d’“Intouchables”, ne pas vouloir être reconnue dans la rue. N’avez-vous pas le sentiment d’avoir raté votre coup après le succès phénoménal d’“HPI” ?
Audrey Fleurot.
Je ne vais pas m’en plaindre, mais il est vrai que ce n’est pas l’exercice avec lequel je suis le plus à l’aise. Le comportement des gens change, et je ne sais pas comment gérer leur regard. C’est agréable mais ­déstabilisant. On est très chosifié, sujet à une fantasmagorie qui perturbe, devant des jeunes filles qui peuvent se mettre à trembler, à pleurer, des personnes qui veulent des hugs. Et là je suis mal à l’aise. La ­fonction qu’on me prête me dépasse.

Des hugs plutôt que des selfies ?
Oui ! J’ai assisté à ce glissement. Entre les deux, il y a eu la vidéo où on me ­demandait un message pour l’anniversaire de la petite ou la bar-mitsva du grand. En même temps, je trouve cela émouvant aussi : ce que je représente dans “HPI” leur fait du bien. Ce retour d’amour est ­merveilleux, il donne du sens à mon travail. ­Maintenant, cela n’a rien changé à mon quotidien. Je vis tout à fait ­normalement. Et puis ce niveau de ­notoriété arrive relativement tard. Ce n’est pas comme si ça m’était tombé ­dessus d’un coup, à 20 ans, à un âge où on peut vite partir en vrille. Pour moi, ça a été ­progressif, même si “HPI” a accéléré le processus.

Depuis combien de temps n’avez-vous pas pris le métro ?
Depuis l’âge de 20 ans, justement. Mais cela n’a rien à voir avec la notoriété. À la suite de nombreuses ­agressions, j’ai pensé que le scooter à Paris ne pouvait pas être plus dangereux.

D’où votre soutien immédiat au mouvement #MeToo ?
Je n’ai pas fait de tribune, mais la cause me tient évidemment à cœur. J’ai la chance de ne pas avoir été victime d’agression au sein de mon métier, mais j’ai été confrontée, comme tout le monde, à des abus de pouvoir ou à des remises en question de mon professionnalisme. Quand on est une jeune actrice, on ne sait pas trop ce qu’on est en droit, ou pas, de vous demander. Une fois, j’ai eu le sentiment de me faire voler quelque chose et je me suis juré que ça ne m’arriverait plus.

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Dans sa ligne de mire : le tournage de « Regarde ! » pour le grand écran avec Dany Boon. L’histoire d’un couple dont le fils devient aveugle.
Dans sa ligne de mire : le tournage de « Regarde ! » pour le grand écran avec Dany Boon. L’histoire d’un couple dont le fils devient aveugle. H&K / © Laurence LABORIE

Que s’est-il passé exactement ?
Un réalisateur ne m’avait pas expliqué la nature d’une séquence, et je me suis aperçue au dernier moment qu’il s’agissait d’une scène de sexe. Devant mes réticences, il m’a demandé : “T’es comédienne ou t’es pas comédienne ?” Les costumières, qui n’étaient pas au courant non plus, n’avaient rien prévu pour que je sois plus “confortable” lors de la scène. J’étais au pied du mur, sans personne pour me venir en aide. J’ai plié, mais j’avais bien les boules en rentrant chez moi. Le lendemain, je me suis expliquée avec le metteur en scène… Ce rapport de force n’est pas propre à notre métier : quasiment toutes les femmes ont été confrontées, un jour ou l’autre, à ce genre de situation. La libération de la parole permet aujourd’hui aux jeunes de décider où elles veulent fixer les limites.

En imposant le look très sexué de Morgane Alvaro, l’héroïne d’“HPI”, qui arbore sans complexe décolletés et combinaisons moulantes aux couleurs flashy, n’avez-vous pas fait de ce personnage un étendard féministe ?
Je vois Morgane comme une super-héroïne avec des ­superpouvoirs. Je voulais que ses costumes soient un mélange de “white trash”, afin de me rapprocher de toute une France qui n’est pas ou peu ­représentée à l’écran, et de déguisement d’enfant. Son hyperféminité, c’est son bouclier. Son look est si offensif que ça la protège des hommes. J’aime l’idée qu’elle est désinhibée, qu’elle s’habille comme elle veut, sans pour autant être sexualisée justement. Elle est rentre-dedans, ­grossière dans sa façon de parler, mais jamais vulgaire. C’est un point d’exclamation en liberté.

Et que lui arrive-t-il dans cette saison qui sera diffusée sur TF1 en mai ?
Elle est enceinte de son quatrième enfant et elle ignore qui est le père. Cette question est le fil rouge de la saison.

La maternité, parlons-en. Vous êtes la maman d’un petit garçon de 7 ans, Lou. Comment faites-vous pour concilier votre vie de famille avec un métier qui vous accapare ?
C’est rock’n’roll, mais ça se passe très bien. De toute façon, en regardant autour de moi, je m’aperçois que la plupart des parents rentrent hyper tard, qu’ils ont une nounou matin et soir, font un bisou à leurs enfants au coucher et repartent au boulot le lendemain. Quand je ne tourne pas à Paris, j’ai des phases de culpabilité, mais je rentre tous les week-ends et, quand je peux, je me débrouille pour emmener mon fils avec moi. Comme les enfants de Djibril [Glissant, son compagnon et père de Lou], qui ont 10 ans et 15 ans, mon fils est fan d’“HPI” et c’est assez joyeux. Je suis souvent absente, je rate sans doute des choses, mais j’ai la chance que son papa assure. On s’arrange pour vivre des moments exceptionnels.

Quand maturité rime avec beauté. Aujourd’hui, elle confie avoir « un rapport à la séduction apaisé ».
Quand maturité rime avec beauté. Aujourd’hui, elle confie avoir « un rapport à la séduction apaisé ». H&K / © Laurence Laborie

Vous ne croyez donc plus, comme il y a dix ans, que “la cellule familiale est un concept artificiel” ?
Ce n’est pas une question d’y croire ou pas. La cellule familiale se réinvente en permanence. On n’a pas les mêmes aspirations à 25 ans et à 40 ans. Je crois à l’équilibre qui est le mien et qui convient à ma famille. Beaucoup ne pourraient pas s’accommoder de l’intermittence et ne supporteraient pas de ne pas être là tous les soirs. Moi, c’est le contraire. Il y a les moments où je travaille et où je me retrouve seule la nuit dans un Airbnb, et ceux où je rentre et me consacre pleinement aux miens. J’ai besoin des deux pour m’accomplir.

Vous vous êtes fait connaître à travers des rôles de garces que vous preniez un “plaisir cathartique” à interpréter. Ça ne vous manque pas ?
J’y retournerai volontiers, mais c’est un plaisir tout aussi cathartique d’incarner Morgane Alvaro. Elle est beaucoup plus libre, audacieuse et drôle que moi. Elle me fait du bien. Il y a quelque chose de ­psychanalytique à se mettre dans la peau de personnages différents. Ça participe d’une partie de nous-même qui n’a pas l’occasion de s’exprimer au quotidien. Et ça permet d’être soi le reste du temps.

Justement, si vous voyez Morgane Alvaro comme un point d’exclamation, vous demeurez pour le public un point d’interrogation : qui êtes-vous “le reste du temps” ?
Honnêtement, je ne pense pas être passionnante. Je pourrais me faire un délire et m’inventer un personnage qui n’existe pas, mais je ne suis pas sûre que je le tiendrais très longtemps. J’ai une vie tout à fait normale. Je sens bien qu’il y a, de la part des médias, une envie de glamour, d’exceptionnel, que je ne suis pas en mesure de donner. J’adorais le temps où les actrices et les acteurs gardaient une part de mystère. Aujourd’hui, on nous demande notre avis sur tout et n’importe quoi, comme si on était des spécialistes en géopolitique ou en socio-économie. Je pense que la télé-réalité et les réseaux ont changé le paradigme. Il y a une envie d’entrer chez les gens, de percer à jour leur intimité. Il y a effectivement une demande du public, mais nous ne sommes pas tenus d’y répondre. Je vois bien que pas mal de mes collègues publient sur les réseaux des posts où ils se mettent en scène. Ils en ont parfaitement le droit, moi je n’en ai ni le temps ni l’envie.

Théâtre, cinéma, télé : « Je n’appartiens à aucune famille. » De quoi multiplier les projets.
Théâtre, cinéma, télé : « Je n’appartiens à aucune famille. » De quoi multiplier les projets. H&K / © Laurence LABORIE

Le sondage commandé par Paris Match l’an dernier a confirmé que vous étiez la comédienne préférée des ­Français. C’est rassurant ?
Je ne m’en remets toujours pas ! C’est pourquoi je fais en sorte de garder la tête froide. Je suis hyper heureuse de l’endroit où je me trouve, même si je n’ai jamais eu de plan de carrière. Du reste, ma chance est d’avoir toujours été contente de la place où j’étais, quand beaucoup des collègues étaient persuadés que l’herbe était plus verte ailleurs. Ceux qui faisaient du théâtre rêvaient de faire de la télé, ceux qui faisaient de la télé rêvaient d’être au cinéma, etc. Moi, je n’ai jamais boudé mon plaisir, où qu’il soit.

Vous vous êtes prise de passion pour ce métier à 8 ans, quand votre père, pompier à la Comédie-Française, vous emmenait en coulisses. Vous étiez fascinée par les vedettes et le glamour ?
Pas du tout ! J’ai vu dans ce métier une planche de salut, la possibilité d’exister. Je ne voulais faire que du théâtre, car je n’avais rien pour être à l’écran : je me trouvais moche, grosse, avec des lunettes à double foyer…

À quel moment vous êtes-vous transformée physiquement ?
Il y a eu plusieurs étapes. D’abord mon premier amoureux qui m’a permis de déplacer l’affectif que j’avais avec la bouffe (j’étais boulimique) sur quelqu’un. Ensuite, je n’avais pas envie de ne jouer que des grands-mères. Je me suis prise en main pour avoir plus ­d’options, le sport fait ainsi partie de ma routine quotidienne. Enfin, je me suis fait opérer des yeux il y a deux ans et ça a changé ma vie. Il n’y a pas un jour où je ne pense à l’ophtalmologue qui a définitivement réglé ma myopie – j’étais à moins 12, tout de même ! Les six premiers mois, quand je me réveillais, je me disais : “Merde, je me suis encore endormie avec mes lentilles.” Et deux secondes après, je me réjouissais !

Votre citation préférée est d’Épictète : “Il n’y a qu’une route pour le bonheur… C’est de renoncer aux choses qui ne dépendent pas de notre volonté.” Aujourd’hui, avec votre statut, vous ne devez plus renoncer à grand-chose…
Bien sûr que si. On ne peut jamais tout avoir dans la vie. On ne peut pas tout maîtriser non plus. Avec le temps, j’accepte de plus en plus de ne pas me rendre malade pour les choses sur lesquelles je n’ai pas de prise. Et puis, une vie où vous pouvez obtenir tout ce que vous voulez n’a plus de saveur.

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