Géosel prend acte de l'opposition des élus et entretient le flou sur son projet de production d'hydrogène HyVence à Fos-sur-Mer
Face à l’opposition des maires et habitants, Géosel promet que son projet de production d’hydrogène à Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône), avec 500 hectares de panneaux solaires, ne se réalisera pas en l’état. La poursuite de la concertation préalable n’éclaire pas ses intentions.
Le communiqué du 19 avril de Géosel était laconique, après l’annonce du maire de Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône), René Raimondi, de ne plus soutenir HyVence, sous pression de sa population. L’industriel prenait acte de l’opposition et déclarait : «Nous comprenons que le projet nécessite un réexamen approfondi et ne peut être accepté en l’état». Il assurait aussi qu’en accord avec la CNDP, il poursuivrait la concertation préalable programmée jusqu’au 20 mai «dans une démarche d’écoute et de dialogue».
Le public attendait donc que l’atelier sur «les usages et paysages» le 24 avril à Saint-Mitre-les-Remparts (Bouches-du-Rhône) éclaire mieux le futur de cette unité de production d’hydrogène de 15 000 tonnes à partir de l’énergie de 500 hectares de panneaux photovoltaïques flottants sur deux étangs de saumure que Géosel exploite pour les cavités salines des stocks stratégiques d’hydrocarbures à Manosque (Alpes-de-Haute-Provence). Il n’en a rien été malgré trois heures de discussion dans une ambiance plus apaisée que d’habitude.
Questions sans réponse
Le maire de Saint-Mitre, Vincent Goyet, a indiqué qu’il refusait cette industrialisation massive des deux étangs tout en défendant la décarbonation de la zone industrialo-portuaire. Le directeur général de Géosel, Karim Benbrik, dit vouloir «ne pas imposer sans écouter». «Le projet que nous portons ne pourra se réaliser sous la forme qui a été présentée», répète-t-il. Mieux vaut donc oublier les jolies vidéos conçues avec l’agence parisienne d’architectes Anonyme pour faire de la ferme solaire une œuvre artistique bien insérée dans son paysage. Comme il fallait s’y attendre, la question est revenue plusieurs fois : «En l’état, ça veut dire que vous adaptez le projet ou que vous l’abandonnez ? Nous n’en voulons pas à cet endroit, ni de vous, ni d’un autre» ont répété divers représentants d’associations environnementales et d’habitants. Géosel n’a jamais répondu, ni laissé entrevoir une piste d’alternative.
L’industrie n’empêche pas la biodiversité
Les représentants de l’entreprise ont dû entendre que leur site recélait une biodiversité plus riche que ce que leur dossier de présentation évoquait, dès sa page 6, en parlant, pour le milieu naturel, d’«enjeux modérés à faibles en termes de biodiversité», insistant aussi sur «certaines pollutions (arsenic et métaux lourds)». Le laboratoire d’écologues Ecomed qu’il a mobilisé a livré un inventaire de 180 espèces de flore, et de plus de 200 de faune, entre invertébrés, amphibiens, reptiles, oiseaux et mammifères… au point que Géosel a déjà cartographié des zones d’exclusion afin de les préserver des installations prévues. Le collectif de «vigilance environnementale» Cistude en a recensé «à enjeu fort ou très fort», soulignant, par l’absurde, que six décennies de forte présence industrielle sur le bassin de Fos/Etang de Berre n'avaient donc pas empêché la biodiversité d’y proliférer…
Très impliqué sur les projets qui ciblent Fos actuellement, le sous-préfet d’Istres, Régis Passerieux, interrogé par L'Usine Nouvelle le 25 avril, juge important que, malgré l’opposition affichée, la concertation aille jusqu’au bout afin de recueillir toutes les inquiétudes et interrogations. Si Géosel entend maintenir HyVence, l’enquête publique, envisagée pour début 2025, devra y répondre. La décision finale sur cet investissement à 700 millions d’euros sera prise avant la fin de l’année 2025.