« Et ça fait zumba, taffer, taffer, pierre tombale ! » Écrit en lettres capitales et ornées de petites notes de musique, la pancarte de Romain fait sourire les manifestants réunis place de la Bourse à Bordeaux, jeudi 16 février 2023.
Le trentenaire agite fermement le manche à balai qui maintient son affiche, tout en scandant le hit de 2021 : Zumba Cafew, de Bande Organisée. « Je trouve ça toujours cool d’associer des messages un peu revendicateurs à de la pop culture », explique le contestataire à la réforme des retraites.
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Une femme-cercueil
Provocateurs, désopilants, attendrissants ou parfois incompréhensibles, pour cette cinquième mobilisation, les Bordelais ont rivalisé d’ingéniosité dans la création de leurs pancartes. Sur la place de la Bourse, la foule commence à se presser et à s’amasser. Il est presque 13 heures lorsque le cortège se met à défiler.
Alex tient une pancarte sur laquelle il a dessiné Marianne mettant la fessée au président. Il se presse de retrouver ses amis avant que la foule ne devienne trop dense. Sur son chemin, il croise une femme-cercueil. Surprenant.
Les ballons CGT et FO narguent, un poil, les petites pancartes en carton faites à la main. Pour mieux faire entendre leurs voix, certains membres de la cohorte n’ont pas hésité à crier et à écrire des mots hauts en couleur.
Entre poésie et insolence
Sur un air de « Macron, si tu savais où ta réforme, on se la met », les chants vindicatifs accompagnent les marcheurs. « Partageons les riches.ses » : le slogan aurait pu sembler anodin si Antoine* n’y avait pas ajouté une guillotine.
À quelques mètres, on peut aussi lire : « Droguez-vous et nous faites pas chiér ». Faute d’orthographe ou accent tonique, difficile à savoir, mais son détenteur est sûr d’une chose : « Au gouvernement, ils s’en mettent plein le nez ! »
Pour d’autres, l’heure est plutôt à la poésie. Raimbault, dont le véritable prénom est bien choisi, s’est inspiré de Lamartine. Il a consciencieusement tracé les boucles des lettres : « Ô temps, (de travail), suspens ton « vol »… des plus beaux de nos jours ! »
Dans le brouillard des fumigènes et des bruits d’artifices, Yasmine marche à petit pas. Son affiche, rédigée poliment de sa main d’enfant, contraste avec les autres : « Macron t’es pas mignon » « J’ai écrit ça parce que Macron, il n’est vraiment pas mignon, il veut que maman travaille plus », balbutie la petite fille.
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