Les retrouvailles du Splendid : les coulisses d'une séance photo historique
Pour les 75 ans de Match, les comédiens du Splendid offrent le plus beau des cadeaux au public: se réunir devant notre objectif. Making of d’une séance photo où les vannes fusent...
La trotteuse de l’horloge présente à l’entrée du théâtre du Splendid est bloquée. Comme si le temps s’était arrêté. Ce 13 avril 2024, cinquante ans après sa formation, une troupe iconique se retrouve. Bruno Moynot, maître des lieux et immortel M. Preskovic, accueille ses camarades – sans kloug (la fameuse spécialité bulgare…): d’abord Marie-Anne Chazel et Josiane Balasko, puis Christian Clavier. Gérard Jugnot arrive à vélo. «Ce n’est plus de ton âge», chambre celui qui incarnait Katia dans «Le Père Noël est une ordure». Michel Blanc et Thierry Lhermitte viennent compléter ce casting sept étoiles. Pour les 75 ans de Match, les comédiens du Splendid offrent le plus beau des cadeaux au public: se réunir pour une séance photo.
Comme dans une bonne comédie, la magie opère tout de suite. Les réflexions de ces rois du gag fusent. On attend Lhermitte: «Il est décédé?» On demande à Jugnot d’enfiler des baskets blanches: «La teigne [Clavier, NDLR] les a mises?» Telle est cette troupe: des amis de cinquante ans qui se chamaillent autant qu’ils s’aiment. Victor Hugo ne disait-il pas dans «Les misérables » que « la taquinerie est la méchanceté des bons». Et ces sept-là sont très bons.
« On ne se voit pas souvent. Qu’est-ce qu’on peut dire comme conneries »
Qu’ils soient sur la scène de leur théâtre – ils en sont tous les sept encore propriétaires – pour une pose en costume, assis dans les fauteuils de la salle, marchant dans la rue façon «Abbey Road » ou en bleu de travail, ces pitres en bâtiment n’ont rien perdu de leur complicité et de leur sens du comique. Flotte dans ce panthéon du rire tout un pan de la comédie populaire à la française : c’est ici que « Papy fait de la résistance » a été joué. Les affiches de leurs spectacles et de leurs films montrent à quel point ces « sept mercenaires du rire », comme le titrait un journal, ont accompagné les Français depuis les années 1970, que ce soit en bande ou en solo. De cette scène, où chacun joue le jeu de la photo-souvenir, plus de 500 millions de spectateurs en salle vous contemplent. Le double, voire le triple, grâce aux multiples rediffusions à la télévision. « C’est fin, c’est très fin, ça se mange sans faim. »
« La pliure de la page, elle est pour Jugnot », lance Clavier alors que Lhermitte demande si les photos illustreront la chronique des fameuses nuits parisiennes d’Agathe Godard. Ils rient sans cesse. « On ne se voit pas souvent. Qu’est-ce qu’on peut dire comme conneries », avoue Josiane Balasko, quand Chazel s’interroge : «Est-ce qu’on a bien fait de se rencontrer? » «Commercialement, oui, humainement, je ne sais pas », répondent en se marrant Lhermitte et Blanc.