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Deutsche Bank estime que le rebond d’ArcelorMittal en Bourse est quasiment arrivé au bout

Le rebond de la demande d’acier « reste faible ». Les indicateurs macroéconomiques chinois sont « médiocres ». Les nouveaux projets, au Libéria ou en Inde, « nécessiteront du temps pour monter en puissance » et générer de la croissance. La génération de cash va s’estomper avec un impact négatif sur le retour aux actionnaires. Investissements pour la décarbonation. Autant de raisons qui font que Deutsche Bank ne recommande plus d’acheter ArcelorMittal en Bourse après un rebond des actions du sidérurgiste de plus de 30% depuis la fin octobre.

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(Sipa)

Par Marjorie Encelot

Publié le 16 avr. 2024 à 12:19Mis à jour le 16 avr. 2024 à 15:24

ArcelorMittal (-6,4% sur le Cac 40, à 23,88 euros) subit sa plus forte correction en Bourse depuis un peu plus d'un an. Non seulement, en Chine, plus grosse consommatrice d’acier au monde, la production industrielle a progressé moins que prévu en mars (+4,5% contre 6% attendu par les consensus Bloomberg des économistes), mais en plus Deutsche Bank ne conseille plus d’acheter les actions du sidérurgiste en Bourse. L’analyste Bastian Synagowitz tient désormais une recommandation de « conserver », avec un objectif de cours abaissé de 31 à 29 euros. Il considère, aidé par l’équipe de recherche de la banque, que « le rebond de la demande sur de nombreux marchés clés reste faible » et que « les données chinoises restent médiocres », ce qui pèse sur les secteurs de l’acier et du minerai de fer.

L’alliage est indispensable à la révolution verte, pour produire notamment les éoliennes ou les voitures électriques qui permettront au monde de réduire ses émissions de CO2. Le secteur de la construction, déprimé par des taux d'intérêt au plus haut depuis plus de vingt ans en Europe, principal marché d'ArcelorMittal, est un gros consommateur d'acier. Aux Etats-Unis, l'Inflation Reduction Act et le plan d'investissement dans infrastructures sont des vents porteurs pour la demande. 

Gros bêta

Deutsche Bank conseillait l’achat d’ArcelorMittal, depuis l’été 2017 et un cours inférieur à 20 euros, contre vents et marées, en dépit de puissants remous sur le titre. La valeur est très cyclique et, avec un bêta de 1,62 sur une période de cinq ans selon les données FactSet, elle est la plus sensible du Cac 40 selon ce coefficient de covariance, devant Renault et Société Générale. 

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Les actions du sidérurgiste se sont redressées en fin d’année dernière, à partir d’octobre, plus que l’ensemble de la Bourse, dès lors que investisseurs ont commencé à miser massivement sur des baisses de taux d’intérêt en 2024, au regard des chiffres de l’inflation, pointant vers un ralentissement. Elles ont rebondi de plus de 30%, passant de 19,91 euros au plus bas de la séance du 30 octobre, à près de 27 euros au plus haut, la semaine dernière, soutenues également par l'élimination de certains risques.

Moins de rachats d’actions

Ainsi, les actifs d’ArcelorMittal au Kazakhstan n’ont, finalement, pas été purement et simplement confisqués après un nouvel accident meurtrier dans l’une des mines de charbon (huit au total) que le groupe exploite, en parallèle de trois hauts-fourneaux et quatre mines de minerai de fer. Quant à l’intérêt prêté au sidérurgiste franco-indien pour US Steel et les risques de surenchère qu’il aurait impliqué, ils ont disparu quand, en décembre, le nom de l’acquéreur est tombé : Nippon Steel.

En revanche, l’entrée, en mars, d’ArcelorMittal au capital de l’entreprise française Vallourec, qui fournit des tubes sans soudure pour l’industrie pétrolière, est devenue une source de nouvelles inquiétudes. « Les investisseurs peuvent s'interroger sur l'approche de la société en matière d'allocation des ressources », peut-on lire dans la note de recherche de Deutsche Bank. Cette prise de participation de 28% dans Vallourec pour 955 millions d’euros, c’est autant d’argent qui ne servira pas à des programmes de rachats d’actions, à un moment où la croissance s’estompe, ce qui va ralentir le free cash-flow. « ArcelorMittal vient de traverser une phase de forte génération de cash, lui permettant de récompenser les investisseurs par des retours directs aux investisseurs d'environ 50% au total au cours des quatre dernières années. Nous pensons que cela va changer », prévient Deutsche Bank.

La banque continue « d’apprécier le profil de croissance modeste » d’ArcelorMittal, leader mondial en dehors de la Chine, mais « de nombreux projets de croissance [extension de ses mines de fer au Libéria ou de celle de son site de production d’acier à Monlevade au Brésil ou encore la construction de la plus grosse aciérie du monde en Inde, à Hazira, d’ici à 2029] nécessiteront du temps pour monter en puissance. » Elle explique aussi que les tendances inflationnistes et l'augmentation des dépenses d’investissement requises pour la décarbonisation augmentent les risques.

Marjorie Encelot

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