À 18 ans, Emre Demirtas vient d’obtenir le bac au lycée Jean-Guéhenno à Flers (Orne), et pourtant il est aussi champion du monde sur le jeu-vidéo Teamfight Tactics.« J’ai toujours été un grand fan de jeux vidéo », commence Emre Demirtas. Sa passion remonte à loin, il a toujours baigné dedans.
Avec le confinement, en mars 2020, Emre Demirtas a pris une nouvelle direction : « c’est une période pendant laquelle j’ai pu me focaliser », confie-t-il. Contrairement à d’autres, Emre avoue que cette période a été bénéfique pour lui et que, sans celle-ci, « il n’y aurait pas eu tout ça ».
Pendant la crise sanitaire, « je jonglais entre les cours et les entraînements », explique-t-il. En effet, jusqu’à il y a encore quelques semaines, Emre Demirtas était lycéen à Jean-Guéhenno, à Flers. Il a passé son bac en juin dernier, « c’était une période difficile en termes d’organisation, il fallait faire des sacrifices », avoue-t-il.
De simple lycéen à champion du monde
C’est sur le jeu Teamfight Tactics que Emre s’est fait connaître sous le pseudonyme de Double61. Il s’agit d’un jeu vidéo lancé en 2019 qui appartient à Riot Games. Il propose une série d’affrontements tactiques par tours entre huit joueurs. À la fin de la partie, il n’en reste qu’un. À l’annonce des championnats du monde, c’était une évidence.
Je suis un compétiteur, j’ai su que je voulais y participer.
Avec cet objectif, « j’ai beaucoup joué, je me suis focalisé sur le jeu ». De cette manière, il est arrivé dans le top 40 des meilleurs joueurs d’Europe de l’Ouest lui permettant d’accéder au championnat d’Europe en avril 2020. Grâce à ce classement, visible par tout le monde, « j’ai pu intégrer la KCORP », sourit Emre. En effet, la KCORP est une équipe d’esport française très reconnue.
J’ai réalisé mon rêve de rejoindre une équipe d’esport.
Intégrer la KCORP, c’est « avoir des opportunités avec des sponsors et une visibilité incroyable, c’est comme une famille », dévoile l’esportif.
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Le championnat d’Europe a eu lieu en juin 2020. La compétition se déroule entre 40 joueurs, et les trois gagnants se qualifient pour les championnats du monde : Emre en faisait partie. En septembre 2020, les championnats du monde se sont déroulés et le jeune homme s’est démarqué et est devenu champion du monde sur Teamfight Tactics le 4 septembre.
Par miracle j’ai réussi à obtenir le titre de champion du monde, je ne m’attendais pas du tout à ça.
Être champion du monde est l’ultime titre à atteindre, mais « le lendemain je suis parti en cours comme si de rien n’était », plaisante-t-il.
« J’ai eu des sacrifices à faire »
Depuis 2020, la vie professionnelle d’Emre Demirtas est chargée : « j’ai eu des sacrifices à faire et, parfois, je ne pouvais pas aller en cours », explique-t-il. Associer l’école et les entraînements n’était pas quelque chose de simple « mais je pense à mon prof d’histoire : il savait que j’étais dans ce domaine, il a toujours été présent. C’est celui qui me comprenait le plus ».
À 18 ans, Emre est esportif professionnel, c’est-à-dire joueur professionnel de jeux vidéo : « dans ce métier là, on n’a pas les mêmes vacances que les autres ; prendre des vacances, c’est prendre du retard », explique-t-il. « Même avec mes amis, parfois, je ne sors pas. Je dois m’entraîner pour des compétitions importantes ».
Vers de prochains titres ?
« Mon objectif ultime, c’est de devenir double champion du monde en plus d’être Double61 », sourit Emre. Après la déception de ne pas avoir gagné les Mondiaux l’année dernière, il veut les gagner cette année.
La prochaine compétition se déroule vendredi 12 août 2022, c’est la Golden Spatula Cup : ce sont les qualifications pour le championnat d’Europe. « Je m’entraîne environ 6 heures par jour en mélangeant la théorie et la pratique », confie Double61. Comme le jeu Teamfight Tactics est un jeu solo, c’est lui qui organise ses journées.
« Je me considère chanceux : mes parents me comprennent. Pour moi, leur soutien est essentiel et je n’en serais pas là s’ils ne m’avaient pas compris », continue Emre. Être esportif n’est pas simple tous les jours : « l’année dernière, je n’étais pas loin du burn-out ». C’est grâce à ses proches et à ses soutiens que la situation s’est arrangée : « si tu as une mauvaise passe, tu as toujours tes fans, tu ne veux pas les décevoir donc tu penses à eux et tu ne veux pas abandonner », termine Emre alias Double61.
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