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Le Brexit aurait accentué les pénuries de médicaments au Royaume-Uni

Londres – Selon un rapport publié par Nuffield Trust, un think tank spécialiste des questions de santé, le retrait du Royaume-Uni de l’Union européenne (UE) aurait accéléré les pénuries de médicaments. 

Voté par référendum le 23 juin 2016 et entré en vigueur le 31 janvier 2020, le Brexit a fait couler énormément d’encre. Il a surtout été très critiqué, étant sans doute en partie responsable de la récession et d’une économie britannique morose dans son ensemble. Et il est aujourd’hui pointé du doigt comme un potentiel facteur de la pénurie de médicaments que connaît le Royaume-Uni actuellement. 

Le nombre de déclarations de pénurie a doublé en trois ans

Tout comme en France, nos voisins d’outre-Manche souffrent eux aussi d’une pénurie de médicaments, qu’il s’agisse d’antibiotiques, de traitements de l’épilepsie, de progestatifs… Ainsi, selon le rapport publié par le think tank Nuffield Trust le 18 avril dernier, le nombre de déclarations d’alertes de « pénuries imminentes de médicaments » a doublé en trois ans ! Il est passé de 648 en 2020 à 1634 en 2023. 

« De plus en plus de patients à travers le Royaume-Uni voient leur pharmacien leur dire que leur traitement n’est pas disponible, ne sera peut-être pas disponible rapidement et ne sera probablement pas disponible dans aucune autre pharmacie à proximité », explique ainsi Mark Dayan, qui travaille au sein du centre de réflexion britannique.

Un surcoût estimé à 220 millions de livres par mois

Évidemment, le Royaume-Uni n’est pas le seul pays européen à souffrir de pénuries, mais la situation a été largement aggravée par le Brexit pour plusieurs raisons. Tout d’abord, selon les auteurs de l’étude, le Brexit aurait affaibli la capacité du Royaume-Uni à répondre aux pénuries en l’isolant de l’effort européen en cours pour redéfinir les chaînes d’approvisionnement. De même, l’UE a mis en place des mesures collectives pour gérer ces pénuries — des décisions dont ne profite pas le Royaume-Uni. 

De plus, le rapport souligne que les autorités britanniques seraient tout simplement moins réactives que Bruxelles pour autoriser les nouveaux médicaments. À cause de ces délais supplémentaires, les autorités d’outre-Manche ont ainsi été forcées à actionner le mécanisme financier permettant de surpayer des médicaments, faute d’alternatives moins coûteuses encore disponibles. 

L’utilisation de ce mécanisme a tout simplement explosé depuis le Brexit. Ainsi, avant 2016, il n’était utilisé, en moyenne, qu’une vingtaine de fois par mois. Fin 2022, il était utilisé 199 fois par mois ! Les auteurs de l’étude expliquent que son utilisation est restée élevée depuis et aurait entraîné un surcoût d’environ 220 millions de livres (257 millions d’euros) par mois entre septembre 2022 et septembre 2023. 

Pour faire face à ces difficultés, le Nuffield Trust appelle donc le gouvernement britannique et les autorités à réformer le système d’approvisionnement et à améliorer la communication avec les professionnels de santé sur les alternatives disponibles en cas de pénurie.

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