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Le 5 decembre 2019, base de Gao, Mali. La base accueille environ 1800 soldats. Un helicoptère Gazelle part en opération.
LAURENCE GEAI POUR "LE MONDE"

Sur la base militaire endeuillée de Gao, la guerre doit continuer

Par  (Gao, Mali, envoyée spéciale)
Publié le 11 décembre 2019 à 02h05, modifié le 12 décembre 2019 à 20h44

Temps de Lecture 8 min.

Dans le ciel poussiéreux, le ballet des hélicoptères et des avions de transport militaire bat la mesure. Au sol, le fourmillement des hommes en treillis leur répond. On charge, on décharge, on ravitaille. Les opérations continuent de rythmer la vie sur la base française de Gao. Même si là, sur ces terres arides de la région du Liptako, au Mali, treize hommes manquent désormais à l’appel.

D’eux, il reste des noms, gravés sur des chaînes en titane, ces plaques d’identité militaires portées par les soldats autour du cou en opération extérieure. Elles étaient éparpillées non loin d’un tas de cendres noires et de pièces métalliques carbonisées. Avec quelques vêtements, une gourde, un carnet… Ce sont les dernières traces des treize frères d’armes, tués dans la collision de deux hélicoptères pendant une opération contre des djihadistes, le 25 novembre, au Mali.

Base de Gao, au Mali, le 4 décembre. Le capitaine Fabien, du 16e bataillon des chasseurs à pied. Il a dirigé la mission de recherche à pied des corps et des pièces d'hélicoptères. Voici sa plaque en métal, que chaque soldat doit porter. Elle est cassée en deux en cas de décès.

« Les fouilles ont été difficiles, éprouvantes », observe le capitaine Fabien, du 16bataillon des chasseurs à pied, qui a dirigé l’opération de ratissage, au lendemain de l’accident. « J’ai préservé les plus jeunes recrues en les mettant derrière. Moi, je ne pouvais pas m’effondrer, il fallait finir la mission », observe le militaire. Il a fallu plusieurs heures pour retrouver les corps, les deux boîtes noires et ramasser les débris d’appareils. Trois jours pour identifier et préparer les dépouilles.

Des recherches fastidieuses, car ici, au cœur des dunes rougies par le soleil du Sahel, les groupes djihadistes guettent. « La zone était risquée, nous devions tout récupérer pour ne pas laisser de trophées à l’ennemi », rapporte cet officier supérieur, le ton ferme.

Un immense vide s’est installé

Sur la base de Gao, la plus grande de l’opération « Barkhane » dans la bande sahélo-saharienne, où étaient affectés les treize soldats tués, le coup est dur. C’est l’événement le plus meurtrier pour l’armée française depuis son déploiement au Mali en 2013, et même depuis l’attentat du Drakkar, au Liban, trente ans plus tôt.

Gao est en deuil. Le samedi 30 novembre, à 18 heures, le temps s’est arrêté sur le camp. Le vrombissement incessant des aéronefs, le va-et-vient des véhicules militaires ont laissé place à une minute de silence. Lourde, étrange. Puis, la marche funèbre a retenti. Solennelle, glaçante. Alignés, la main droite sur la tempe en salut militaire, 1 600 soldats ont rendu un dernier hommage à leurs camarades « morts pour la France ».

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