Environnement : le match des programmes

VIDÉO. Nucléaire, gaz de schiste, agriculture, Notre-Dame-des-Landes... Dans cette course à l'Élysée sans candidat EELV, l'écologie passe au second plan.

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Mélenchon et « l'écosocialisme »

Le candidat de la France insoumise est celui qui va le plus loin en voulant inscrire dans la Constitution « la règle verte » : ne pas prélever sur la nature davantage que ce qu'elle peut reconstituer ni produire plus que ce qu'elle peut supporter. « L'exigence écologique ne peut être réduite à des proclamations et des mesures qui épargnent le système », prévient Mélenchon dans son programme L'Avenir en commun. La « définanciarisation de l'économie » est pour lui une condition incontournable de la transition écologique. L'apôtre de l'« écosocialisme » propose une « planification écologique ». En clair, il mise sur l'État pour organiser à long terme l'évolution du travail et du modèle de production.

Mélenchon souhaite atteindre 100 % d'énergies renouvelables et sortir du nucléaire d'ici à 2050. Pour lutter contre les logements « passoires thermiques », il prévoit, notamment, un plan de rénovation de 700 000 logements par an.

Par ailleurs, il milite pour la fermeture immédiate de Fessenheim, l'abandon des projets d'EPR de Flamanville et d'Hinkley Point (Royaume-Uni) et du projet d'enfouissement des déchets nucléaires à Bure. Il s'oppose aussi au projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes et à toute recherche et exploitation des gaz de schiste.

« L'agrobusiness détruit tout », dit-il. Celui qui prône une « agriculture écologique et paysanne » veut faire « autrement » : « produire mieux pour se nourrir mieux ». Au niveau européen, cela passe notamment par une nouvelle politique agricole commune.

Hamon, un programme musclé par EELV

Le candidat socialiste propose de baisser la part du nucléaire à 50 % en 2025 et de faire monter celle des renouvelables à 50 %. Il souhaite aussi une sortie du diesel à l'horizon 2025.

Depuis que l'éphémère candidat écolo Yannick Jadot a rejoint Benoît Hamon, le programme du PS s'est encore verdi : on parle d'une sortie complète du nucléaire « à l'horizon d'une génération, soit 25 ans », et d'« une France 100 % renouvelable en 2050 ». L'accord prévoit également la fermeture de dix réacteurs pendant la prochaine mandature. Sur ce point, Greenpeace rappelle que, dans le précédent accord PS-EELV de 2011, cet objectif était déjà inscrit, mais qu'aucun réacteur n'a finalement été fermé pendant le quinquennat de François Hollande…

Par ailleurs, Hamon avance quelques mesures pratiques : une TVA différenciée pour les produits à faible empreinte carbone, une fiscalité incitative pour guider l'épargne des Français vers des investissements écolos…

Le candidat PS a pris position contre l'exploitation des gaz de schiste et souhaite stopper le projet d'aéroport à Notre-Dame-des-Landes. « Ce chantier crée plus de discorde et de désordre qu'il n'apportera de perspectives économiques », a-t-il déclaré.

Il s'engage également à faire voter « l'interdiction des pesticides et des perturbateurs endocriniens ». Plus généralement, Hamon prend en considération la finitude des ressources et souhaite un modèle économique durable, sans vraiment en préciser les contours…

Macron dans la continuité de Hollande

Depuis sa prestation remarquée, et parfois décalée, au grand oral de WWF (« Il y a des arbres à côté de nous, il y a des rivières, il y a des poissons, il y a des frères et des sœurs… »), Emmanuel Macron tente de parler d'écologie.

Le candidat d'En marche ! souhaite sortir des énergies fossiles et réduire les émissions de gaz à effet de serre. Pour cela, il place en priorité de l'action internationale française la mise en œuvre de l'accord de Paris (signé en avril à New York).

Il promet qu'il n'accordera « aucun nouveau permis d'exploration d'hydrocarbures ». Ministre de l'Économie, il avait autorisé, avec Ségolène Royal, de nouvelles concessions de recherche d'hydrocarbures à la veille de la COP21…

Il prévoit de diminuer de 50 % la part du nucléaire d'ici à 2025, objectif déjà prévu dans la loi de transition énergétique de 2015. Macron s'inscrit ainsi dans la continuité du quinquennat de Hollande.

Sur le gaz de schiste, il se montre paradoxal : il jure qu'il n'y aura pas de gaz de schiste sous son quinquennat, tout en se déclarant favorable à « la recherche théorique sur le sujet »... Idem sur les OGM : il veut maintenir l'interdiction sur le sol français, mais « regrette qu'on ait arrêté la recherche publique sur ces questions ».

Le candidat souhaite, pêle-mêle, un Grenelle de l'alimentation, des cantines et des restaurants d'entreprise qui fourniraient 50 % de produits bio ou locaux d'ici à 2022, une prime de 1 000 euros pour remplacer tout vieux véhicule polluant, l'interdiction des œufs de poule en batterie…

Fillon et le tout-nucléaire

Le candidat de la droite ne parle jamais d'écologie, ni en meeting ni ailleurs. À la différence d'Alain Juppé, pour qui le sujet avait son importance, dans les 15 mesures phares de Fillon, il n'y a pas une ligne sur l'environnement…

L'ex-Premier ministre souhaite purement et simplement supprimer le principe de précaution (qualifié par lui de « principe d'inaction ») pour le remplacer par un principe de responsabilité.

Pour lui, il y a un « consensus national » sur le nucléaire. Il veut donc prolonger la durée de vie des centrales de 40 à 60 ans. Nucléaire et énergies renouvelables ne sont pas incompatibles à ses yeux. Il veut bâtir en parallèle « une filière industrielle des énergies renouvelables ».

Fillon est également favorable aux recherches sur le gaz de schiste : ce serait « criminel » de les interdire, avait-il dit en 2012.

Quant à l'agriculture, celui qui défend une agro-industrie juge qu'il y a trop de normes européennes sur les OGM ou encore sur les insecticides. Des « semelles de plomb pour les agriculteurs », dit-il. Fillon souhaite donc abroger par ordonnance toutes les normes ajoutées aux textes européens.

Le Pen et « l'écologie patriote »

Dans le collectif Nouvelle Écologie, créé en 2014 pour verdir le FN, on parle d'« écologie patriote ». Marine Le Pen, qui remettait en question, en 2012, les travaux du Giec sur le changement climatique, reconnaît aujourd'hui la responsabilité humaine dans l'augmentation des émissions de CO2.

La candidate souhaite développer le renouvelable, tout en maintenant le nucléaire. « Abandonner le nucléaire aujourd'hui serait pour la France se tirer une balle dans le pied vu les services que cette énergie nous rend », a-t-elle déclaré. Elle souhaite tout de même moderniser et sécuriser cette énergie, et que l'État s'engage sur « le grand carénage ».

Celle qui est contre le projet de Notre-Dame-des-Landes et pour le maintien de l'interdiction des gaz de schiste (« dans l'état actuel des technologies ») ne se sent pas liée par l'accord de Paris, qu'elle juge « bancal et inexploitable ». Pour elle, le climat est une affaire nationale.

Le Pen souhaite réduire de moitié la part des énergies fossiles d'ici 20 ans pour ne pas être dépendant des « pays qui (nous) vendent en même temps que leur pétrole leurs idéologies ».

Elle ne souhaite pas d'éoliennes (« nulle part ! ») puisqu'elle juge le parc éolien « épouvantable » ou encore « immonde ».

Quant au bio, le mot n'apparaît pas une seule fois dans son programme. « Le bio, c'est une dictature, avec souvent des histoires de gros sous enrobées dans de bons sentiments », disait-elle, en 2012, dans le magazine Terra eco.

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Commentaires (5)

  • Sarfro

    Normes stupides, décidées à Bruxelles, qui mettent des bâtons dans les roues de ceux qui veulent entreprendre, emplois verts depuis qu'on en parle des millions paraît-i, je n'en ai pas vu beaucoup, par contre des taxes supplémentaires sur les factures EDF pour soit disant financer les énergies renouvelables, c'est de l'arnaque !

  • syrcins

    Fillon a mille fois raison ! Les normes et contraintes environnementales qui nous entravent doivent être abrogées... En effet tout cela rend non compétitifs nos produits français, tout le monde recherchant "du prix", résultat quasiment tous les produits manufacturés et beaucoup de produits agricoles sont importés, venant de pays où ils reviennent moins cher à produire car sont fabriqués avec des contraintes environnementales et normes sanitaires bien en deçà de ce que l'on connaît en France... , conditions de productions auxquelles s'ajoutent la pollution due au transport de ces marchandises... Donc c'est bien beau de toujours rajouter des contraintes écologiques en France, mais cela ne sert strictement à rien... Ça satisfait juste les ecolos bobos qui se donnent ainsi bonne conscience...

  • Indelocalisable

    Il ne s'agit pas d'écologie mais d'anticipation évidente. Fillon est juste un petit comptable étriqué qui ne pense qu'au court terme, qui n'a aucune vision pour l'avenir. Il est évident qu'un vaste plan d'investissement pour les énergies du futur est nécessaire et représente un gisement pour l'activité industrielle. Mais le châtelain est coincé sur des combats has been, comme par exemple sur les 35h, combat rétrograde sans aucun enjeu aujourd'hui, il y a bien longtemps que les entreprises en ont contourné les inconvénients. Mais comment Fillon peut argumenter sur l'avenir quand la grande majorité de son électorat est composé de retraités aisés et frileux, qui ne pensent qu'à leur petit bas de laine à court terme ?