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Lifestyle - La Mode

Fracshion, success story et girl power à la libanaise

Beyrouth, rue Abdel Wahab, le 19 décembre dernier. Une foule compacte et insolite investit le trottoir, joue des coudes à l'intérieur de la boutique. À la sortie, on traîne un peu à rire et bavarder même sous la pluie, les bras chargés de sacs en toile noire. Sous l'enseigne « Fracshion », quatre jeunes femmes viennent d'accomplir un petit miracle.

La devanture de Fracshion. Photo DR

Elles sont amies depuis la 6e, et depuis l'adolescence rêvent de réaliser quelque chose ensemble. Jasmine Busson a créé un fonds d'investissement, Globivest. Carla Mahseredjian, dont le père a fondé Cigarette, l'une des boutiques de vêtements les plus emblématiques de Bourj Hammoud, rêve de créer ses propres collections. Sophie Makzoumé, spécialiste en marketing management, va bientôt quitter son poste à BMW.

Marie-Joe Raidy, consultante en image de marque, prendra en charge le branding. À 14 ans, Jasmine avait promis à Carla : un jour tu créeras ton label, et je t'aiderai à le faire. Les années passent, les quatre amies sont accaparées par leurs études, mais chacune suit en définitive le parcours qu'elle s'est choisi, et leurs spécialités respectives s'avèrent complémentaires.

 

Promesses d'adolescence
Carla Mahseredjian n'hésite pas à se lancer dans une formation à Esmod Beyrouth après un diplôme en marketing à la LAU. Suivront deux ans d'expérience à Aïshti en tant qu'acheteuse dans le secteur masculin.

La mode est sa passion depuis toujours. Prête ? Archiprête, et Jasmine Busson attend son signal. Elles en reparlent encore en juin 2017 et fondent leur SAL. Carla qui se trouve en Chine pour commander ses tissus appelle Sophie, comme une évidence, pour lui demander d'être la troisième partenaire et prendre en charge le marketing. Émotion, les promesses de l'adolescence se concrétisent enfin. En novembre, les jeunes femmes repèrent une boutique superbement située rue Abdel Wahab en face d'un parking. « Coup de chance et coup de cœur », dit Jasmine. Le marché est aussitôt conclu, mais les trois amies se posent un défi de taille : avant les fêtes de fin d'année, préparer l'espace, réaliser une collection et finaliser l'identité de la marque. C'est là que Marie-Joe Raidy entre dans la partie, crée le logo et définit l'image. Un mois pour agir ! Carla dessine les modèles et pousse la manufacture paternelle à plein régime, mettant à contribution d'autres ateliers pour livrer dans les dates une collection de... 3 800 pièces. Le succès est au rendez-vous. 1 400 pièces sont vendues dès l'ouverture et les réassorts se succèdent à un rythme inédit. L'investissement est couvert à 35 % en moins d'un mois.

 

Petits prix et grands effets
Le concept Fracshion est simple. Ce jeu de mots entre frac (queue de pie), fashion, et tout simplement fraction comme dans fraction de seconde ou fraction de prix, indique bien qu'il s'agit d'une mode facile (« pour les paresseux qui n'ont envie ni d'essayer ni de se prendre la tête », précise Marie-Joe), bon marché (les prix se situent entre 20 et 90$ par pièce et 200 et 300$ pour les robes de soirée), dans la tendance avec une petite différence, et qui va à tout le monde. L'accueil et le service personnalisé contribuent au succès de l'expérience et les quatre amies assurent à tour de rôle une présence dans la boutique. Jasmine ajoute que l'idée est de faire de la mode de masse, mais avec ce luxe que ne peuvent se permettre les géants tels que Zara ou H&M : celui d'adapter certaines pièces, notamment les robes longues, à la taille de la cliente, et d'offrir ainsi un service demi-mesure au prix d'un vêtement de série. Carla Mahseredjian est seule à la tête de la création. Cette grande sportive qui se livre à deux heures d'exercice par jour dit s'inspirer tout simplement de la vie active et de l'univers du sport, de la manière dont les gens aiment s'habiller pour se sentir à la fois confortables et élégants. C'est à Hangzhou où elle se rend souvent avec son mari qu'elle commande les tissus qui l'inspirent et qui lui dictent ses modèles. De l'ample, de la maille, du jersey, du velours élasthanne, autant de textures qui contribuent à l'efficacité de Fracshion.

 

Richesse du potentiel humain
Globivest, le fonds d'investissement créé par Jasmine Busson, avec son logo en origami dessiné par Marie-Joe Raidy, est le partenaire-clé de la jeune entreprise. Passionnée par les nouvelles technologies et tous les faits de culture contemporains, la jeune femme entreprend à Paris un master en marchés de l'art et négociation à l'international. Elle envisage au départ de lancer une start-up spécialisée dans la réalité virtuelle.

Elle demande conseil à son beau-père Edgar de Picciotto, fondateur à Genève de l'Union bancaire privée et grand ponte de la finance internationale. Ce dernier est séduit par le sérieux, la curiosité intellectuelle et la persévérance de la jeune femme. Il la met en contact avec des décideurs du monde de la technologie à Silicon Valley mais lui conseille de diversifier ses centres d'intérêt. Il décède hélas deux mois plus tard, mais Jasmine a entériné ses leçons. Avec l'aide d'un conseil d'experts, elle mise sur de jeunes entreprises dont le potentiel humain la convainc. Fracshion en fait partie, et déjà elle envisage d'emporter la jeune marque à une vitesse supérieure, vers la vente en ligne et de nouveaux marchés. Sa recette : amitié, confiance, assiduité, vigilance et travail acharné.

Elles sont amies depuis la 6e, et depuis l'adolescence rêvent de réaliser quelque chose ensemble. Jasmine Busson a créé un fonds d'investissement, Globivest. Carla Mahseredjian, dont le père a fondé Cigarette, l'une des boutiques de vêtements les plus emblématiques de Bourj Hammoud, rêve de créer ses propres collections. Sophie Makzoumé, spécialiste en marketing management, va...

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PARFAIT ET DE L,AVANT !

LA LIBRE EXPRESSION

08 h 23, le 17 janvier 2018

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Commentaires (2)

  • PARFAIT ET DE L,AVANT !

    LA LIBRE EXPRESSION

    08 h 23, le 17 janvier 2018

  • Talent, volonté, inspiration et succès Bravo Mesdames

    Sarkis Serge Tateossian

    01 h 27, le 17 janvier 2018

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