Lettre de Wall Street. On espère au moins que les receleurs avaient le palais fin. Le Tout-Wall Street se délecte de la mésaventure arrivée à David Solomon, l’un des coprésidents de Goldman Sachs. En octobre 2016, son assistant personnel lui a dérobé sept bouteilles de vins de bourgogne Romanée-Conti, qui avaient été achetées pour la bagatelle de 133 650 dollars. L’apogée d’un petit commerce florissant : de 2014 à 2016, l’assistant, Nicolas De Meyer, lui a subtilisé des centaines de bouteilles, pour un montant atteignant 1,3 million de dollars.
Le manège était bien rodé : M. De Meyer avait pour mission de transférer les bouteilles que recevait M. Salomon de son appartement personnel de Manhattan à sa cave d’East Hampton, station balnéaire huppée de Long Island. Sauf que les bouteilles n’arrivaient pas à destination, étant revendues à un intermédiaire en Caroline du Nord. Rien n’indique qu’elles aient été vendues à leur vraie valeur. M. De Meyer a été arrêté mardi 16 janvier à l’aéroport de Los Angeles et encourt dix ans de prison.
A 55 ans, l’amateur de vins David Solomon est aussi un gourmet, qui anime la chronique gastronomique new-yorkaise. L’agence Bloomberg a rédigé un long reportage, en mai 2017, sur ses restaurants préférés dans Manhattan, des institutions vénérables ou des nouveautés branchées. Le banquier d’affaires dîne dehors plus souvent que bien des critiques gastronomiques. Le New York Times, lui, a découvert sur son compte Instagram la vidéo de jeunes vacanciers se déhanchant sur la plage : le DJ, dont le pseudonyme de scène est D-Sol, n’était autre que David Solomon.
Un fauteuil pour deux
Si l’on s’intéresse à David Solomon, c’est qu’il est l’un des deux coprésidents à avoir succédé à Gary Cohn, lorsque celui-ci a été nommé conseiller économique de Donald Trump à la Maison Blanche. Le second est l’ancien directeur financier Harvey Schwartz. Les deux hommes sont en compétition pour succéder au PDG de la banque, Lloyd Blankfein, 63 ans. Ce dernier a rassuré les prétendants, expliquant qu’il ne mourrait pas au travail, contrairement à une plaisanterie qu’il avait faite. Sa présidence depuis onze ans est longue, et chacun spécule sur la relève.
Les deux prétendants n’ont pas grand-chose en commun. M. Salomon a rejoint Goldman Sachs en 1999, après un début de carrière chez Bear Stearns comme vendeur de junk bonds, et a dirigé la banque d’affaires pendant une dizaine d’années. Selon le New York Times, s’il n’est pas connu comme le roi du deal, il est réputé pour son engagement en faveur de ses clients.
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