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Pas-de-Calais : Marine Le Pen se lance dans les Départementales

L’info avait surgi mi-mars. Pour aussitôt disparaître des radars. Marine Le Pen s’engage bel et bien dans la campagne électorale pour les élections départementales en juin prochain.

Journaliste
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Ses adversaires dans le Pas-de-Calais redoutaient ce scénario.

Depuis mercredi 5 mai 16H30, c’est une réalité. La liste officielle des candidats aux élections départementales, diffusée par la préfecture du Pas-de-Calais, comporte bel et bien le nom de Marine Le Pen. La patronne du Rassemblement national, par ailleurs députée du Pas-de-Calais, s’engage sur le canton d’Hénin-Beaumont 2. Elle part aux côtés du maire de la ville chef-lieu de canton, Steeve Briois. Le duo est hypermusclé.

L’intuition de mars dernier

Mi-mars, un élu de droite nous confiait lors d’un échange informel : « C’est loin de me faire plaisir. Mais tout est possible. On le sent sur le terrain. Marine Le Pen présidente de la République. Mais aussi une Marine Le Pen engagée aux Départementales. Le confinement du Pas-de-Calais avant tout le monde, personne ne comprend. Les gens sont crispés. Imaginez un peu une Marine Le Pen qui se lance aux Départementales du côté d’Hénin-Beaumont, donc en figure de proue, à un an de la Présidentielle, tout est possible. » Comprendre : elle ou un de ses lieutenants pourrait très bien se retrouver en position de présider l’assemblée départementale.

La carte des forces en présence dans l’Artois

Interrogé à ce propos, toujours en mars dernier, un cadre du Rassemblement national se refusait de confirmer une telle prédiction. Tout en incitant à regarder les chiffres, estimant qu’il serait très compliqué de dégager une majorité départementale cette année. Ce que confirmait plus officiellement le député et maire de Bruay, Ludovic Pajot : « Aujourd’hui, la majorité tient à un siège. On se dirige probablement vers une recomposition. Mais quel que soit le vainqueur, il ne sera pas en capacité de gouverner avec sa seule famille politique. Il y aura forcément des alliances. » Logique mathématique implacable.

AA_310321_Couleur Politique des 18 cantons de l'Artois

Ce soir, joint par téléphone, Ludovic Pajot, lui-même candidat sur le canton de Bruay-la-Buissière, annonce : « Avant les élections présidentielles, c’est important d’avoir une victoire locale et de montrer que notre mouvement est enraciné. Et de montrer que notre présidente du Rassemblement national et candidate à l’élection présidentielle, est enracinée dans notre territoire. Contrairement à Emmanuel Macron qui n’est élu nulle part, n’a jamais été élu local. »

Au niveau national, le coup de semonce est sérieux, alors que La République En Marche fait tout pour essayer d’exister dans la campagne des Régionales, alors qu’elle n’a aucune base électorale dans les territoires. Le psychodrame des derniers jours avec certains élus Les Républicains en est l’expression.

Au-delà, faut-il penser que Marine Le Pen et Steeve Briois se sentent en capacité d’enlever l’Hôtel du Département ? «  Tout est ouvert, lance Ludovic Pajot. Ce que je vois, c’est que nous sommes le seul parti politique à avoir présenté des candidats dans l’ensemble des cantons du Pas-de-Calais. Notre objectif est d’en gagner le maximum.  »

Il ajoute, galvanisé : « Notre objectif est de mobiliser les électeurs du Pas-de-Calais. Marine Le Pen y a fait plus de 52 % aux élections présidentielles au deuxième tour. Donc l’enjeu est important. C’est une élection locale qui a son importance, comme les Régionales, avant l’échéance de la présidentielle. »

Autrement dit, une vraie leçon sur les fondamentaux de la stratégie électorale : rassembler son camp, renforcer sa base électorale, détenir des territoires, pour mieux briguer les plus hautes fonctions. Les principes regardés de haut après la Présidentielle de 2017 ne sont peut-être pas si dépassés que cela.

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