Automne 1998, Menlo Park, au cœur de la Silicon Valley, en Californie. Deux étudiants de l’université Stanford viennent de mettre au point un nouveau moteur de recherche en ligne. Ils ont tout juste 25 ans et ils ont un problème : ils ne savent pas où installer leur entreprise balbutiante. Ils trouvent la solution auprès d’un couple de copains : louer leur garage, à deux pas du campus. Tout cela paraît banal. Mais se pencher sur l’identité des protagonistes revient à plonger dans l’une des légendes d’Internet. Les étudiants en quête de mètres carrés sont Larry Page et Sergey Brin, et leur petite invention, c’est Google. La propriétaire du garage, c’est Susan Wojcicki.
Elle ne sait pas qu’elle contribue à poser la première pierre du moteur de recherche. Ni qu’elle sera de l’aventure Google dès les débuts. Vingt ans plus tard, Susan Wojcicki, 50 ans, est une figure-clé du groupe qui emploie 85 000 personnes dans le monde et dépasse les 100 milliards de dollars de chiffre d’affaires.
« Reine du tout petit écran »
Si Susan Wojcicki est une star de l’industrie des nouvelles technologies, elle est peu connue du grand public. Un autre épisode, cette fois au milieu des années 2000, résume son rôle-clé au sein de Google. L’entreprise a alors imposé son moteur dans le monde entier ou presque. Pour les images animées, en revanche, ça patine. La jeune femme dirige Google Vidéos mais les jeunes sont bien plus attirés par une toute nouvelle plate-forme d’enregistrements amateurs, qui, en quelques mois à peine, lui fait de l’ombre, YouTube. Les contenus viraux piquent la curiosité de Susan Wojcicki, convaincue que Google doit acheter YouTube. « Il ne m’a fallu qu’une heure pour rassembler mes arguments en faveur de cette acquisition dans un mémo, explique Susan Wojcicki aux Echos en mars 2017. J’ai été surprise de constater que des gens trouvaient un intérêt à poster leurs vidéos, et encore plus que d’autres prenaient plaisir à les regarder. »
Et c’est ainsi que Google achète YouTube en 2006, devenu la plate-forme de vidéos en ligne la plus importante au monde vingt mois après sa création, pour 1,65 milliard de dollars. Logiquement, Susan Wojcicki en devient la PDG en 2014. Plus d’un milliard d’heures de vidéos sont visionnées chaque jour sur le site qui réussit l’exploit de détrôner la télévision et les réseaux sociaux dans le cœur des jeunes internautes. Ce qui vaut à Susan Wojcicki le titre de « reine du tout petit écran », attribué par la presse américaine. Joli parcours pour celle qui a commencé sa carrière comme subalterne chez Intel et qui fait partie depuis 2011 des vice-présidents seniors de Google – l’Olympe de la firme – avec en prime une fortune personnelle estimée par le magazine Forbes à 300 millions de dollars.
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