Les pays du RCEP vers la conclusion du plus grand accord de libre-échange dans le monde

RCI 2018-11-15 19:40:22
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Les pays du RCEP vers la conclusion du plus grand accord de libre-échange dans le monde

Cela fait un an que les pays membres de l’Accord de partenariat économique intégral régional (RCEP) se sont réunis à Manille. Un an après, lors de la 2e réunion des 16 cette semaine à Singapour, les dirigeants de ces pays se sont engagés de conclure dans le courant de 2019 les négociations autour du RCEP, ces négociations qui en arrivent aujourd’hui dans une phase finale selon ces dirigeants. Il s’agirait du plus important accord de libre-échange jamais réalisé dans le monde.

Le premier ministre chinois Li Keqiang s’est félicité des avancées tangibles obtenues dans ces négociations depuis un an grâce aux efforts notamment de l’ASEAN et de Singapour qui assume la présidence tournante de l’organisation. Les négociations sont terminées à 80% à l’heure actuelle, selon le responsable chinois.

Des progrès qui n’ont pas été obtenus sans peine. Les négociations du RCEP ont officiellement démarré en novembre 2012, lors du 21e sommet de l’ASEAN, où un accord de cadre a été signé. Les différentes parties n’ont cessé de repousser les négociations finales durant les derniers 6 ans. En même temps, ces pays ont vu leurs écarts se réduire de manière continuelle ce qui les a rendus plus confiants dans l’ouverture du marché et la baisse des barrières douanières.

L’Inde avait d’importants doutes sur l’ouverture de son marché intérieur. La question constituait l’un des obstacles majeurs qui empêchaient les négociations d’avancer. Pourtant le journal Time of India rapporte récemment que le pays a totalement changé d’idée : New Delhi est désormais convaincu de pouvoir bénéficier grandement du libre-échange. Alors que le Japon et plusieurs autres pays développés souhaitent uniquement que le RCEP donne naissance à une zone économique de haut niveau.

On ne doit fermer les yeux sur le déséquilibre entre les pays membres du RCEP en termes de niveau de développement et de niveau d’ouverture. Le consensus ne s’obtiendra pas du jour au lendemain entre les économies développées telles le Japon et l’Australie et les autres pays en voie de développement. Pleinement conscients de cette réalité, les dirigeants des 16 ont fait preuve d’un grand réalisme à Singapour en insistant sur la flexibilité et la tolérance pour conclure l’accord, afin de faire du RCEP un mécanisme complet, équilibré, qui soit de qualité et qui puisse réellement bénéficier à tous les pays de la région.

Il y a certainement des raisons politiques si la phase finale des négociations aura lieu en 2019. Notamment des élections prévues en Inde, en Thaïlande, en Indonésie et en Australie début 2019.

Le RCEP couvrira une population de 3,5 milliards de personnes, soit la moitié de la population mondiale. Cette zone de libre-échange qui sera la plus immense du monde représentera un PIB de 22 500 milliards de dollars américains.

La conclusion d’un tel accord ne manquera pas à émettre un message fort pour le multilatéralisme basé sur les règles et pour le libre-échange, et à contribuer nettement à la croissance régionale et à la mondialisation.

Les pays du RCEP vers la conclusion du plus grand accord de libre-échange dans le monde

En plus, le RCEP porte la voix des pays en voie de développement. Selon un article publié par Brookings Institut, le RCEP est le plus ambitieux des accords commerciaux initiés principalement par les pays en voie de développement. Il sera également le premier du genre qui relie la Chine, l’Inde, le Japon et la Corée du Sud. Une preuve du rôle de leader joué par l’Asie dans le commerce mondial.

Enfin, le RCEP représentera la contribution apportée par une Asie unie à l’économie mondiale. L’accord couvrira la zone la plus dynamique avec la Chine et le Japon respectivement la 2e et 3e économie du monde. Une Asie unie sous l’étendard du multilatéralisme et du libre-échange ne pourra que constituer une force motrice majeure pour l’économie mondiale. Le premier ministre japonais Sinzo Abe a appelé, lorsqu’il recevait les participants à la conférence ministérielle du RCEP tenue en juillet dernier à Tokyo, les peuples d’Asie à s’unir devant la montée du protectionnisme, car le développement du commerce libre et équitable aura pour enjeu l’avenir de l’Asie.

On a toutes les raisons pour croire à l’avenir du RCEP. Pour le Japon qui a signé le TPP11, la conclusion du RCEP lui servira de carte dans ses futures négociations bilatérales avec les Etats-Unis. La Chine, en tant qu’économie qui s’engage à préserver le libre-échange et le système multilatéral, n’épargnerai pas ses efforts pour soutenir le RCEP à honorer ses engagements à l’international. Quant à l’Inde, il gagnera beaucoup plus en adhérant au plus grand accord de libre-échange dans le monde que de rester en marge.

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