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Alors qu'il préparait sa traversée du passage du Nord-Ouest, Amundsen venait y passer ses étés pour glaner quelques infos de navigation auprès de pêcheurs audacieux. Par plus de 69° nord, Tromsø a toujours été le point de départ des expéditions polaires, le rendez-vous mythique des chasseurs d'animaux à fourrure ou de baleines, le port où on faisait le plein de mûres arctiques, transformées en confiture ou séchées, pour éviter de se retrouver à fond de cale, les babines retroussées par le scorbut.
En 1999, soit quatre-vingt-treize ans après Amundsen, le skipper Olivier Pitras franchissait en voilier le fameux passage, cette fois-ci d'ouest en est, avant d'accoster à Tromsø et de s'émerveiller devant le spectacle de l'« Arctique vert ». « Normalement, à ces latitudes, tout est glacé. Mais ici, grâce au Gulf Stream, les eaux demeurent libres toute l'année. On trouve même des arbres sur les rives. C'est unique au monde ! »
Depuis 2004, le Southern Star, un sloop de 75 pieds (23 mètres) construit en 1969 pour l'ex-directeur de tir de la Nasa, a jeté l'ancre du côté de l'île de Sommarøy, à une cinquantaine de kilomètres de Tromsø, et embarque des passagers – des équipiers, pardon – pour des croisières-treks le long des fjords clairs. Dans ces contrées boréales où, l'été, les crépuscules durent si longtemps qu'on finit par les confondre avec l'aube, il est facile de larguer les amarres vers 2 heures du matin pour profiter d'une éclaircie. Sur le pont vernissé par la dernière averse, l'air frais, vierge comme aux premiers jours du monde, dilate les poitrines et donne du rose aux joues. À l'horizon, des lueurs embrasent les îles au profil de rapace. Mieux vaut savoir lire une carte avant de s'aventurer au large de ce littoral fragmenté, jonché de hauts fonds et balayé de temps à autre par des bourrasques catabatiques dégringolées des montagnes.
Dans l'Ersfjorden, à l'abri d'âpres à-pics comme taillés par un diamant, la mer a perdu ses rides et retrouvé une deuxième jeunesse. L'étrave du Southern Star fend des eaux oléagineuses avant de mouiller devant une petite plage livide visitée par un fantôme de soleil blanc. Le débarquement s'effectue sous les huées de sternes mal embouchées et on s'enfonce bientôt jusqu'aux chevilles dans un moelleux tapis de bruyères et de saxifrages avec la vague impression d'être les premiers humains à fouler ces rivages. « Aucune route ne se risque par ici. Le bateau reste le seul moyen d'accès à ce formidable terrain de jeu, rappelle Olivier Pitras. Randonnée de juin à septembre, ski ou raquettes de février à mai et observation, entre novembre et janvier, des orques et des baleines à bosse venues se goberger de harengs... Difficile de s'ennuyer, quel que soit le moment de l'année. »
Vivifiante sortie en kayak à voile au large de l’île d’Edøya.
© Christophe Migeon ">Vivifiante sortie en kayak à voile au large de l’île d’Edøya.
© Christophe MigeonA savoir
Y aller
Paris-Tromsø. Avec Scandinavian Airlines via Oslo, env. 300 euros l'A/R, www.flysas.com/fr/fr.
Terres d'aventure.
Le spécialiste du voyage à pied propose 35 voyages en Norvège, dont 5 dans la région de Sommarøy avec Olivier et ses équipes, comme le séjour multiactivités Rando, kayak à voile, vélo et navigation : 8 jours à partir de 3 050 euros/pers., vols, transferts, hébergement à Sommarøy, croisière de cinq nuits à bord du Southern Star en pension complète, encadrement voile, rando et autres activités inclus. Départs en juillet et en août. Tél. : 01 70 82 90 00.
Dormir
The Edge. Situé sur le port de Tromsø, l'hôtel a 290 chambres. Le restaurant Kitchen & Table propose plats internationaux et locaux. De 90 à 112 euros/pers. la nuit en ch. 2 lits et de 140 à 163 euros/pers. en ch. individuelle, petit déjeuner inclus.
Sommarøy. Toujours à Tromsø, cet hôtel ouvert en 2001 est construit dans une petite baie. Les 155 chambres et appartements ont vue sur la mer. À partir de 145 euros la nuit.
Évidemment pour être sûr de ne pas rater le départ du bateau, il faut soigneusement éviter Air France. ...