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Yvelines : Levis-Saint-Nom s'apprête à accueillir l'un des plus grands campus agricoles au monde

Une méga ferme-école va voir le jour dans un domaine de 600 hectares à Lévis-Saint-Nom et devrait former 2.000 élèves chaque année. Porté par Audrey Bourolleau, ancienne conseillère agriculture d'Emmanuel Macron, avec des capitaux de Xavier Niel, le projet suscite attentes et inquiétudes. 

Une méga ferme-école va voir le jour dans un domaine de 600 hectares à Lévis-Saint-Nom
Une méga ferme-école va voir le jour dans un domaine de 600 hectares à Lévis-Saint-Nom (DR)

Par Alain Piffaretti

Publié le 7 mai 2021 à 19:55

600 hectares d'un domaine agricole d'un seul tenant à 30 kilomètres de Paris : une rareté. C'est dans cet espace préservé, au coeur des Yvelines, qu'Audrey Bourolleau a jeté son dévolu pour bâtir son méga projet de ferme-école « Hectar » : un centre de formation au milieu d'un vaste « écosystème agricole » avec des start-up et des incubateurs de projets. Pour monter le projet, la jeune femme s'est associée avec Xavier Niel, le patron de Free, qui apporte une partie des capitaux. L'achat du domaine s'est élevé à 19 millions d'euros, plus 5 millions d'euros de travaux.

Former des entrepreneurs agricoles 

Tout est gigantesque dans le projet : un millier d'étudiants par an, 5.000 m2 de locaux scolaires, 370 hectares de terres agricoles… un domaine composé d'un château, de deux fermes, de bois. « 160.000 fermes seront à reprendre dans les trois ans, argue Audrey Bourolleau. Le système de formation traditionnel aux métiers agricoles ne suffira pas à répondre à tous ces besoins ». Pour trouver une solution, la jeune femme estime qu'il faut voir grand et proposer un apprentissage de « l'agriculture entrepreneuriale ».

Dans cette école où seront formés des salariés agricoles comme des entrepreneurs et des chefs d'entreprise agricole, il s'agira, selon la fondatrice d'Hectar, d'acquérir les clés pour monter des projets viables économiquement et durables. Une partie de la formation sera notamment axée sur le nécessaire exercice de plusieurs activités : maraîcher-composteur, éleveur-crémier ou céréalier-meunier, etc. Les élèves seront aussi familiarisés à l'utilisation de nouveaux logiciels d'organisation du travail, de rotation des cultures, etc. La formation, entièrement gratuite, à l'image de l'école 42 pour les développeurs informatique, créée par Xavier Niel à Paris, s'adressera à différents publics, notamment jeunes en recherche d'orientation ou personnes en reconversion professionnelle. Des actions de sensibilisations seront également réalisées en direction de jeunes des quartiers prioritaires, tandis que des entreprises travaillant sur des projets agricoles sont attendues sur place. 

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En attendant, les terrains ont été remis en culture ; la conversion au bio est bien avancée. La seconde ferme du domaine, à l'abandon, a été réhabilitée et accueille une laiterie expérimentale. Une soixantaine de vaches normandes y sont déjà installées. « Nous ouvrons une crémerie pour pratiquer également la pluriactivité » souligne Audrey Bourolleau. 

Jugements tranchés 

Anne Grignon, maire de la commune de Levis-Saint-Nom, limitrophe de Coignières, rapporte avoir vu arriver avec soulagement Audrey Bourolleau en 2019 : « On me présentait enfin un véritable projet agricole. C'est une aubaine pour la commune. Les fermes sont réhabilitées, le site reprend totalement vie, c'est inespéré ».

En vente depuis 2015, le domaine de la Boissière représente 600 hectares sur les 800 de la commune. Des fonds d'investissement chinois et russes se montrent très intéressés… suscitant l'inquiétude de la maire. « Nous n'avions aucune assurance qu'ils accepteraient de faire de l'agriculture » se souvient Anne Grignon qui a remué ciel et terre pour bloquer cette vente. L'élue y est parvenue avec l'aide de l'Etat. 

La chambre d'agriculture d'Ile-de-France se montre moins enthousiaste… même si les fortes inquiétudes de départ ont fait place à une réserve prudente. « Le projet de Madame Bourolleau évolue, assure Christophe Hillairet, président de la chambre régionale. Nous sommes donc moins inquiets qu'au début. Il n'en reste pas moins que s'il est possible de former rapidement de futurs salariés agricoles, apprendre à un exploitant agricole son métier prend du temps ! ».

Avant de se prononcer définitivement, Christophe Hillairet déclare ainsi attendre de voir concrètement les formations diplômantes de l'école. Et ne cache pas être très dubitatif sur la présence du patron de Free dans l'opération. « Monsieur Niel investit dans la viande de synthèse, il s'est engagé dans un projet de référendum d'initiative populaire sur la cause animale… Et maintenant il investit dans un élevage bovin. Tout cela est assez incompréhensible », assène le représentant du monde agricole.

Alain Piffaretti

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