Edito
12H21 - jeudi 23 juin 2022

Décret Macron : l’Algérie recrute et finance nos profs d’arabe ! Allons donc ! L’édito de Michel Taube

 

C’est un véritable scandale ! Que l’on ne vienne pas se plaindre de l’implosion du front républicain et de l’avancée des votes et des élus des camps Zemmour et Le Pen…

C’est donc le gouvernement algérien qui va assurer et financer le recrutement de professeurs pour dispenser des cours d’arabe, certes facultatifs, dans les écoles primaires de France. Le décret est paru le 21 juin au Journal officiel, signé par Emmanuel Macron, Elisabeth Borne, Première Ministre, et Catherine Colonna, ministre de l’Europe et des affaires étrangères.

Soyons juste : ces augustes paraphes ne font qu’entériner un accord signé entre Jean-Michel Blanquer (il en a avalé des couleuvres !) et son homologue algérien le 8 juin 2021. Personne n’en avait parlé à l’époque.

Certes, le décret stipule que « cet enseignement est assuré dans le respect des principes généraux de l’éducation nationale française notamment la laïcité et la neutralité, et conformément à la législation française en vigueur ». Allons donc !

Comment voulez-vous promouvoir la laïcité auprès de nos jeunes enfants et préserver notre modèle de neutralité de services publics si c’est un pays comme l’Algérie qui s’immisce dans notre enseignement public ? L’Algérie fait partie de ces pays qui ont islamisé leurs enseignements, qui enseignent l’arabe dans le Coran, en faisant apprendre aux enfants le Coran en même temps qu’ils apprennent l’arabe. De plus en plus de jeunes en France ne comprennent pas qu’apprendre une langue, ce n’est pas apprendre une religion. Or les écoles confessionnelles musulmanes comme les pays théocratiques ou équivalents disséminent cette confusion terrible entre le langage et la foi.

Si la France avait voulu prendre conseil, elle aurait pu s’adresser au Maroc qui sait contrôler ses autorités religieuses, ou à la Tunisie, dont le président de la République vient d’annoncer sa décision de retirer l’Islam comme religion d’État dans son projet de nouvelle Constitution soumis à référendum le 21 juillet. Mais tout de même, il n’y a donc pas parmi les quelques millions de Français qui parlent l’arabe, certes la plupart musulmans, mais d’autres chrétiens, juifs, agnostiques ou athées, assez de Français de France payés par la France pour enseigner l’arabe comme toutes les langues vivantes à qui veut l’apprendre ?

Le décret ne s’arrête pas là : au nom de quelle ingérence dans notre système éducatif, les autorités algériennes pourraient délivrer, en vertu de l’article 10 du décret, une attestation à l’élève français de classe de cours moyen deuxième année ayant atteint le niveau visé en arabe ? On croit rêver. Confions dans ce cas au gouvernement algérien la correction des épreuves d’arabe au Bac que passent les jeunes français ?

Pire encore : en vertu de l’article 12 du décret, « Les enseignants recrutés par la Partie algérienne titulaires [notamment] d’un diplôme d’Etat de l’enseignement supérieur français » sont dispensés de toute vérification préalable par les autorités françaises de leurs compétences pédagogiques et linguistiques, mais, pire, de « leur aptitude à exercer des fonctions d’enseignant ». C’est la porte ouverte à de possibles pressions, endoctrinements, influence de professeurs inconnus de l’Éducation nationale sur nos enfants.

Enfin, coup de couteau fatal, en vertu du même article 12, « en fonction des besoins, la Partie algérienne recrute et rémunère les enseignants mobilisés » Quelle humiliation d’apprendre que la France n’est même plus à même d’assurer seule le financement de son enseignement public. Où est, où va la souveraineté de la France face à de telles soumissions étrangères ?

On savait que la plupart des imams français viennent de l’étranger, mais voici maintenant que des professeurs d’arabe seront aux ordres d’une puissance étrangère dont les relations avec la France prêtent à polémique.

Puisque Emmanuel Macron va devoir faire des choix cornéliens au Parlement entre le flanc gauche et le côté droit de son « en même temps », il est urgent qu’une grande loi de laïcité de la société et de l’Etat tente de mettre un coup d’arrêt à toutes ces petites et grandes compromissions qui menacent les valeurs de la France. On peut toujours rêver…

 

Michel Taube

Directeur de la publication