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Chute des valeurs tech : les start-up mises au régime

Les fonds de capital-risque commencent à baisser les valorisations et à exiger des réductions de coûts au sein des sociétés de leur portefeuille. Les levées de fonds en « late stage » se font plus rares et celles en série A plus difficiles à boucler.

Les valorisations des start-up sont en baisse à tous les niveaux de maturité, sauf en amorçage.
Les valorisations des start-up sont en baisse à tous les niveaux de maturité, sauf en amorçage. (iStock)

Par Charlie Perreau

Publié le 17 mai 2022 à 16:51Mis à jour le 18 mai 2022 à 09:20

En annonçant qu'elle allait supprimer 12 % de ses effectifs en début d'année, la plateforme d'événements virtuels Hopin a donné le (nouveau) ton dans l'écosystème start-up. Depuis plusieurs semaines, les plans de licenciements se multiplient dans la Silicon Valley, conséquence de la baisse vertigineuse des valeurs tech. « Le marché américain réagit toujours très vite », note David Sainteff, partner chez Global Founders Capital, un fonds de capital-risque qui investit en amorçage.

Et ce n'est pas terminé. D'après Pitchbook, « la situation a bien changé au premier trimestre et le marché du capital-risque ne ressent pas encore l'impact total ». Pour l'instant, ce sont principalement les start-up en « late stage » qui sont touchées. Le nombre de méga tours de table (plus de 100 millions de dollars) se raréfie partout dans le monde.

Baisse des valorisations

« Les investisseurs en 'late stage' deviennent de plus en plus sélectifs. Et au lieu de miser sur cinq start-up, ils ne vont plus miser que sur deux ou trois d'entre elles », observe Salomon Aiach, investisseur chez Earlybird, un fonds de capital-risque allemand. Les fonds qui signent des gros tickets comme Tiger Global, Coatue ou encore SoftBank subissent d'énormes pertes et préfèrent se rabattre sur des levées de fonds plus petites qui pourront leur rapporter gros à l'avenir.

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Autre conséquence de la déroute des valeurs tech : les valorisations des start-up baissent en grande majorité. « Il y a eu une inflation sur les valorisations en 2021. Il ne faut pas s'attendre à revoir ces niveaux de sitôt », estime Jérémy Nakache, associé chez Marlin Equity Partners, un fonds d'investissement américain.

Pour atteindre le statut de licorne, le multiple de valorisation d'une start-up du logiciel (SaaS) s'élève aujourd'hui à cinq, contre vingt en fin d'année dernière, d'après Craft Ventures. Cette baisse se répand à différents stades de maturités, en particulier sur la série A. « J'ai récemment revu un super entrepreneur qui a une start-up que j'aime beaucoup, et qui souhaite relever. Mais je ne suis plus à l'aise pour payer aussi cher que pendant le Covid », explique Salomon Aiach.

Réduire les coûts

En 2021, des start-up ont levé des millions en pré-amorçage ou amorçage… sans produit, juste un Powerpoint ! Pour lever à nouveau aujourd'hui, quelques « slides » ne suffisent plus. « Les investisseurs sont de plus en plus sensibles aux métriques. Seules les start-up qui vont démontrer des signes forts de revenus et de marges vont pouvoir relever », précise David Sainteff.

Celles qui vont mettre du temps à se refinancer ou qui ne réussiront pas à le faire n'ont pas beaucoup de choix : faire des économies. Les investisseurs demandent à leurs start-up de moins dépenser et moins vite. Tout le contraire de l'année dernière ! Aux Etats-Unis, cela se traduit par des licenciements en masse et en Europe par des mesures moins expéditives.

« Nous disons à nos start-up de faire attention à leur cash, de revoir leurs plans de recrutement, l'acquisition marketing et le déploiement international. Il vaut mieux montrer une traction locale qu'attaquer plusieurs marchés », souligne Salomon Aiach.

L'amorçage résiste

Seules les start-up qui lèvent en amorçage sont épargnées pour le moment. « Il y aura toujours de très bons fondateurs. Et ce sont dans les périodes de crise qu'on voit émerger les projets les plus innovants », rappelle David Sainteff.

D'après Pitchbook, la valorisation d'une start-up en amorçage s'élevait à 11,5 millions de dollars au premier trimestre 2022, contre 8,5 millions fin 2021. « En amorçage, vous pouvez toujours payer des prix démentiels car vous investissez dans une équipe et dans une taille de marché », confirme Salomon Aiach.

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Dernière conséquence de cette correction : l'augmentation des cessions. Mais pas chez tout le monde. « Les gros acteurs du logiciel se concentrent sur leurs activités et sont moins agressifs sur le M&A. Mais les opérations de fusions-acquisitions entre start-up, qui se font en général via des échanges d'actions, s'accélèrent. C'est assez sain car ça restructure des verticales », souligne Jérémy Nakache. L'heure des emplettes est venue.

Charlie Perreau

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