Ils ont donné leurs noms aux stades franciliens : Georges Carpentier, première star du sport français

Premier français champion du monde de boxe, ce fils de mineur du Nord était une idole de la France des années 1920. Son combat face à l’Américain a même été suivi en direct par des milliers de gens.

 Georges Carpentier, ici en 1926, année où il a arrêté sa carrière après 109 combats et 88 victoires.
Georges Carpentier, ici en 1926, année où il a arrêté sa carrière après 109 combats et 88 victoires. AFP

    Il est 16h30 ce 21 juillet 1921 à Jersey City, en face de New York. 80 183 spectateurs s'entassent dans le stade de la ville, le Boyle's Thirty Acres. Charlie Chaplin, Mary Pickford, Henry Ford, John Rockefeller sont au premier rang. Ils sont tous là pour voir deux hommes se battre : l'Américain Jack Dempsey et le Français Georges Carpentier pour le titre mondial des lourds.

    « A Paris, sur les grands boulevards, la foule est massée devant les immeubles des principaux quotidiens où sont affichées en direct, les dépêches des quatre représentants de la presse française », écrit Jean-Philippe Lustyk dans « Le grand livre de la boxe ». La France est en haleine, suspendue au combat de son héros surnommé « l'Homme à l'orchidée », en raison de la fleur qu'il porte à sa boutonnière.

    Georges Carpentier, fils de mineurs du Pas-de-Calais, a 28 ans. Il est déjà le premier champion du monde français de l'histoire de la boxe après sa victoire en mi-lourds devant Battling Levinsky le 12 octobre 1920, ici même à Jersey City.

    Mistinguett, Maurice Chevalier et Winston Churchill sont ses amis

    L'aura de Carpentier dépasse très largement les frontières d'un simple ring. Mistinguett, Maurice Chevalier, George Gershwin, Douglas Fairbanks et même Winston Churchill sont ses amis. Héros multi-décoré de la guerre en 14-18, l'ancien aviateur est un « people » avant l'heure. Mais il lui manque une chose : la ceinture mondiale des poids lourds détenue par Jack Dempsey, la star américaine.

    Les deux hommes se donnent rendez-vous en juillet 1921. C'est le combat du siècle, le premier de l'histoire retransmis en direct à la radio, le premier événement de sport à dépasser le million de dollars (1,8 million) de recettes. Pour l'occasion, le Français empoche une bourse de 200 000 dollars (2,6 millions actuels ou 2,3 millions d'euros) regrettant toute sa vie de ne pas avoir demandé un pourcentage sur la recette. « Le premier round se termine sans que Carpentier ait pu utiliser son punch. La différence de gabarit et de puissance (NDLR : au bénéfice de l'Américain) est visible », écrit encore Jean-Philippe Lustyk.

    Carpentier mis KO par Dempsey

    Dans le deuxième round, Dempsey est sérieusement ébranlé. Il vacille sans tomber. Carpentier se fracture le pouce de la main droite. Sa chance passe. Dempsey tel un fauve bondit sur lui. Dans le quatrième round, le Français est à terre, mis KO après treize minutes et vingt secondes de combat. A cette époque, l'arbitre n'a pas de pouvoir de décision. Il ne peut arrêter un duel avant la limite. Chaque combat doit donc finir par un KO.

    Ruiné par le krach de 1929

    A Villacoublay, près de Paris, des avions sont prêts à décoller pour faire éclater dans le ciel des fusées rouges pour prévenir les Parisiens du triomphe de leur champion. En 1921, la télévision est encore de la science-fiction. Hélas, les aéroplanes restent au sol. Comme Carpentier, qui ne se remet pas de cette défaite. Il termine sa carrière en 1926, après 109 combats et 88 victoires.

    Ruiné par le krach de 1929, il reste une légende jusqu'à sa disparition. Victime d'une crise cardiaque, il s'éteint à Paris en octobre 1975. Il est inhumé au cimetière de Vaires-sur-Marne (77). Dix ans après sa disparition, une grande halle construite dans le XIIIe arrondissement de Paris, en bord de périphérique, lui rend hommage.