LA LISTE DE LA MATINALE
Fatigués des nouvelles de la Terre ? A l’heure où Thomas Pesquet et six autres astronautes sont à bord de la Station spatiale internationale, voici quelques œuvres en apesanteur, légères, philosophiques ou écologiques, pour prendre de la hauteur.
« Aelita » (1924) : la planète Mars, nouveau territoire du socialisme réel
Le jeune ingénieur Loss entreprend de construire une machine pour voyager dans l’espace. En attendant, il rêve à ce que serait la civilisation martienne, lointain matriarcat parlementaire semi-féodal. Il s’imagine aussi que sa femme le trompe avec un trafiquant du marché noir et tire sur elle, sans doute encore victime des préjugés patriarcaux tenaces de ceux qui n’ont pas lu Alexandra Kollontaï. Croyant l’avoir tuée, il s’envole vers Mars accompagné de Goussiev, un fidèle soldat de l’Armée rouge, et suivi par un policier qui compte bien l’arrêter. Sur place, Goussiev et lui prennent la tête de la révolution et entreprennent de faire tomber le régime avant d’être trahis par la duplice reine de Mars.
Produit en 1924 par les studios Mejrabpom, Aelita, avec ses décors signés Isaac Rabinovich et Viktor Simonov ainsi que ses costumes imaginés par Alexandra Exter, influença de nombreux cinéastes, à commencer par Fritz Lang et son Metropolis (1927), et de nombreuses manières d’imaginer l’espace au cinéma. Mais si le cosmos apparaît comme le lieu de la révolution à accomplir, c’est la réalité terrienne qui s’avère plus prosaïque et riche en contradictions non résolues. Criminalité persistante, bureaucratie rampante, nostalgie du régime tsariste, jalousies amoureuses sont loin de décrire une société définitivement transformée par la révolution d’Octobre et témoignent de la persistance d’un passé qui ne veut pas complètement passer et d’un idéal qui peine à advenir. Sans doute une des raisons pour lesquelles, après son succès public, le film fut longtemps difficile à voir en Union soviétique. Jean-François Rauger
Film soviétique de Yakov Protazanov. Avec Yuliya Solntseva, Nikolai Tsereteli, Valentina Kuindzhi (2 heures). Sur FilmoTV.
« Nus sur la Lune » (1961) : le cosmos est une colonie nudiste
Dans la liste des femmes négligées par l’histoire officielle du cinéma sans doute convient-il d’ajouter la prolifique productrice-réalisatrice Doris Wishman, reine de ce que l’on a appelé la sexploitation, une catégorie parallèle et underground du cinéma américain. Signé du pseudonyme Anthony Brooks et coréalisé avec Raymond Phelan, Nus sur la Lune (Nude on The Moon) est représentatif de sa première période, celle des films naturistes, sous-genre pittoresque consacré à l’exaltation de la vie au grand air dans le plus simple appareil et promettant au spectateur des plans de jolies femmes dénudées.
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