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Cédric Jimenez ne supporte plus la récupération de Bac nord par l'extrême droite

Cédric Jimenez, ici au centre, n'a pas apprécié la dimension politique qu'a prise son film Bac Nord.
Cédric Jimenez, ici au centre, n'a pas apprécié la dimension politique qu'a prise son film Bac Nord. Aurore Marechal / ABACA

Le réalisateur de ce polar vu par plus de deux millions de personnes en France est en colère. Il ne veut plus que son film serve la campagne qu'il juge «pseudo-sécuritaire» du Rassemblement national, ni celle d'Éric Zemmour .

La séquence avait fait le tour des réseaux sociaux, et donné le ton des discussions autour du film. En conférence de presse après la projection de Bac Nord au festival de Cannes, le journaliste Fiachra Gibbons apostrophait l'équipe du film sur le message véhiculé, selon lui, par le long-métrage : «J'ai vu ça et je me suis dit : “Peut-être que je vais voter Le Pen après ça. Les gens de cité ne sont que des bêtes en fait. Le film est super mais il y a un problème là. C'est une année d'élection.» Rire nerveux du côté de Cédric Jimenez et de son équipe, qui semblaient pour le moins décontenancés par la remarque.

Depuis sa sortie le 18 août, porté par plus de deux millions d'entrées, le film a pris une dimension politique. Si une partie de la gauche a dénoncé le côté manichéen du film, l'ensemble de la droite et de l'extrême droite semble y avoir vu une fresque réaliste de la vie dans les cités. «La réalité c'est ce film ! Allez le voir ! Prenez conscience de cette terrible réalité et de l'urgence de reprendre la main», avait ainsi tweeté Marine Le Pen.

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Cette récupération par l'extrême droite, Cédric Jimenez ne l'a «pas bien vécu», «détesté» même. «Je ne suis pas du tout d'accord avec eux, je ne veux pas être associé à eux. Ils ne représentent pas nos valeurs. Je ne veux pas que Bac nord serve leur campagne pseudo-sécuritaire», assurait le cinéaste à France Inter il y a quelques jours.

«Je ne vote pas à droite»

Le film suit trois policiers de la Brigade Anti-Criminalité affectés dans les quartiers nord de Marseille. Se sentant peu soutenus par leur hiérarchie et face à la violence de leur quotidien, ces flics franchissent la ligne rouge et plongent dans l'illégalité pour lutter contre le trafic de drogue. Le long-métrage s'inspire librement d'une affaire similaire qui avait défrayé la chronique en 2012, et récemment jugée.

Dans une interview parue dans Le Parisien , Cédric Jimenez assure qu'il n'a pas voulu faire un documentaire. «La récupération politique est déplorable et, malheureusement, on la subit. Zemmour et Le Pen déforment le propos du film, ils font des raccourcis lamentables. Je n'ai pas fait une radiographie des quartiers nord de Marseille, j'ai montré la cité dans un contexte très particulier», se défend-il.

Originaire de la cité phocéenne, il assure être politiquement à l'opposé des idées que véhiculerait son film. «Les critiques je les accepte. Je ne vote pas à droite, ma mère a travaillé toute sa vie à la CAF, on ne fait pas plus à gauche... Mais les journalistes ont le droit de voir des choses que je n'ai pas voulu véhiculer», plaide le réalisateur. Il ajoute avoir «choisi de faire un film du point de vue de ces trois flics de la BAC. Ce que j'ai voulu raconter, c'est la façon dont des individus se sont retrouvés broyés par la machine», confie-t-il encore.

Les policiers ont bien aimé

Le réalisateur s'est d'ailleurs entretenu avec les trois policiers qui ont inspiré le film. Il les avait déjà consultés lors de l'écriture du scénario, et les avait aussi invités sur le plateau de tournage. Il assure au Parisien qu'ils ont «aimé le film». «Ils ne m'ont jamais demandé de ne pas écrire ci ou ça. Ils ont compris dès le début que Bac nord, ce n'est pas 100% de leur histoire et que les trois personnages ne collent pas exactement à eux. Mais ils ont trouvé que le film résumait bien ce qu'ils avaient traversé et la trahison de leur hiérarchie.»

Cédric Jimenez ne supporte plus la récupération de Bac nord par l'extrême droite

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123 commentaires
  • Quo vadis, Gallia ?

    le

    Réaction curieuse du cinéaste qui n'a pas anticipé que son film pourrait parler directement aux victimes de la délinquance liée au trafic de drogue. Or ceux-ci, fréquemment habitants de ces cités, se sont tournés vers le RN faute d'empathie de la gauche qui ne s'intéresse pas au fléau de l'insécurité. Pour éviter cette "récupération ", il eût dû traiter le bac au travers de parcours sup.

  • VINCENT TAURISSON

    le

    Encore un exemple où l'œuvre dépasse son auteur. Bac Nord est un très bon film. Ce n'est pas qu'un polar mais ce n'est pas non plus un film politique. C'est une fiction. Mais le réalisme dans lequel elle est construite n'échappe à personne. C'est d'ailleurs ce réalisme qui fait la force explosive du film. Que certains veuillent l'utiliser et d'autres le condamner voire le nier à des fins tout autant politiques n'engage qu'eux-mêmes et pas son auteur.

  • Papino108

    le

    "Je ne suis pas de droite, ma mère travaille à la CAF." Très drôle.

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