Assises des Bouches-du-Rhône : l'accusé conteste avoir voulu tuer Julien Mendy lors d'une pool party

L'accusé a contesté toute intention de tuer

L'accusé a contesté toute intention de tuer

Photo Philippe Laurenson

Aix-en-Provence

Le procès de Pedro Martinez a débuté hier. L'accusé conteste toute volonté homicide à l'encontre de Julien Mendy, 26 ans, frappé à la tête avec une pierre à la fin d'une pool party en juillet 2012. Il était décédé 12 jours plus tard

Ses tout premiers mots, Pedro Martinez les a réservés à Julien Mendy et aux siens : "Tous les jours je pense à Julien Mendy et sa famille. J'ai jamais voulu ce qui s'est passé", soupire l'accusé, dont le procès s'est ouvert hier devant les assises. Durant quatre jours, les jurés vont se pencher sur les circonstances de la bagarre qui avait conduit à la mort de ce footballeur de 26 ans, blessé par une pierre à la tête et décédé après 12 douze jours de coma.

Rapidement, Pedro Martinez, footballeur prometteur lui aussi, était identifié comme celui qui avait lancé ce caillou "de la taille d'un ballon de handball" selon un témoin entendu hier. Il est poursuivi pour violences avec arme ayant entraîné la mort sans intention de la donner.

"J'avais pris des coups, je voulais en rendre"  

Chemise blanche sous un pull marine, pantalon à pinces et lunettes à montures noires, les épaules basses, il décrit la bagarre générale qui avait suivi, opposant deux clans. Un moulon",< résumera le gérant de l'hôtel : "La journée s'était bien passée ; d'un coup on aurait dit que ça se battait de tous côtés."

"Vu que j'avais pris des coups, je voulais en rendre", raconte l'accusé au président Fontaine et aux jurés, ajoutant avoir été étranglé, à terre, par Julien Mendy. Avec un constat qu'il inflige aux proches de la victime, tassés sur les premiers bancs : "J'ai jamais eu le dessus, dans la bagarre". Mais "c'est impossible, inimaginable de ma part de vouloir tuer quelqu'un". Ce qui s'impose aussi, c'est la consommation d'alcool, ce jour-là, de ce sportif de haut niveau, pas habitué à boire : "une douzaine de verres". Alors que la bagarre semblait terminée, qu'un agent de sécurité était intervenu, Pedro Martinez s'était saisi d'une pierre et l'avait lancée à l'arrière du crâne de Julien, de dos. Pourquoi ?, questionnent tour à tour Mes Pedinielli et De Gubernatis en partie civile puis l'avocat général Raffin. "J'ai pas idée de ce qui s'est passé dans ma tête à ce moment"; puis :"c'était pour qu'il ne revienne plus à la charge". Il apparaît en effet, selon des témoins, que Pedro Martinez "s'était fait violenter", rappelle un de ses amis. D'où venait cette pierre ? D'un terrain proche où étaient garées les voitures ? De massifs de fleurs dans l'hôtel, à plusieurs mètres du lieu du drame ? L'accusé ne s'en rappelle pas.

"Il fallait que je me rende"  

Quatre jours plus tard, il s'était présenté à la gendarmerie. "Quand j'ai vu que son état de santé se dégradait, il fallait que je me rende, que je m'explique. Je pouvais pas fuir mes responsabilités", se souvient-il. Même si force est de constater que sur d'autres points, sa mémoire s'avère plus sélective.

Des interrogations demeurent, relance le président en conclusion de la déposition de l'adjudant de gendarmerie qui dirigea l'enquête de la brigade de recherches de Salon : où est passée la pierre avec laquelle la victime fut frappée ? "Je pense que le ménage a été fait", suggère le gendarme.

L'hôtel cambriolé dans la nuit  

Que penser de ce cambriolage jamais élucidé perpétré dans l'hôtel la nuit suivant la rixe, où l'on déroba uniquement le système de vidéosurveillance ? "Il est clair que le cambriolage, c'était pour dérober les images". Enfin, que penser de l'attitude du frère de l'accusé, Pascal, qui aurait tiré deux coups de feu en l'air avec une arme de poing, peut-être pour disperser tout le monde ? "Surprenant, quand même... suggère la cour. Il est en cavale depuis 5 ans et demi pour ça ?" Pedro Martinez assure ne pas savoir où se trouve son frère. Tout comme il a oublié ce qu'ils s'étaient dit au téléphone, quand il était détenu. "Les souvenirs me manquent". La cour résume alors: "Donc selon vous, cette affaire c'est ça : un jet de pierre sans intention homicide, sur Julien Mendy après qu'il vous avait agressé ?" L'accusé hoche le menton, et baisse la tête. Plusieurs autres témoins se sont succédé à la barre hier, pour évoquer cette bagarre. Reprise des débats ce matin.