Un mois après le détournement d’un avion européen pour arrêter un opposant biélorusse, les Occidentaux se sont coordonnés lundi 21 juin pour renforcer la pression sur le président Loukachenko avec des sanctions individuelles et, une première pour l’Union européenne (UE), des sanctions économiques. Outre l’UE, les États-Unis, le Royaume-Uni et le Canada ont décidé de punir des dizaines de personnalités et des entreprises liées au pouvoir en place à Minsk.

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Les Vingt-Sept se sont en outre mis d’accord pour couper d’importantes sources de revenus du régime à l’occasion d’une réunion à Luxembourg. Cette décision doit être confirmée « rapidement » après un sommet de l’UE prévu jeudi et vendredi à Bruxelles, a annoncé le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell.

Les ministres des affaires étrangères européens ont rencontré lundi l’opposante en exil Svetlana Tikhanovskaïa, venue dimanche soir à Luxembourg. Ils l’ont informée de leurs décisions et elle leur a fourni une liste d’entreprises d’État à sanctionner si un nouveau train de mesures était nécessaire, a précisé Josep Borrell.

Les ministres de la défense et des transports sanctionnés

Les ministres ont ensuite approuvé l’ajout de 78 noms et de 8 entités à la liste des responsables biélorusses sanctionnés pour la répression de l’opposition. Sept personnes, dont les ministres biélorusses de la défense et des transports, sont directement impliquées dans le détournement d’un vol de Ryanair le 23 mai pour arrêter deux de ses passagers, le journaliste dissident biélorusse Roman Protassevitch et son amie russe Sofia Sapega.

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Les Européens ont également gelé les avoirs de sept sociétés dirigées par des proches d’Alexandre Loukachenko et placé sur la liste noire de l’UE un fils du président, Dmitri, et l’épouse de son aîné Viktor, Lilia Loukachenko.

Sanction contre « un acte de piraterie aérienne »

Les ministres européens ont ensuite confirmé à l’unanimité la décision de mesures affectant sept secteurs de l’économie du Biélorussie. L’UE va cesser ses importations pour certains types de potasse et ses importations de produits pétroliers raffinés au Biélorussie ou ré-exportés depuis l’ex-république soviétique comme le diesel.« On a des sanctions qui visent les personnes. Et maintenant nous avons des sanctions dans sept secteurs économiques, des armes au tabac, jusqu’aux engrais », a précisé le chef de la diplomatie du Luxembourg, Jean Asselborn.

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Les sanctions vont également interdire tout nouveau prêt bancaire à l’État, à la banque centrale et aux banques et entités détenues en majorité par l’État. Il sera également interdit de vendre certains produits financiers, notamment des titres de valeur mobilière, des services d’investissement et des produits d’assurances. L’UE va aussi renforcer son embargo sur les armes pour inclure les armes pour la chasse et le sport, et interdire la vente de biens à double usage et du matériel de surveillance.

Des sanctions « sans précédent »

« Ce sont des mesures qui vont affecter massivement le Biélorussie et les revenus de l’État et donc les fonds dont dépendent Loukachenko et son régime », a souligné le ministre allemand Heiko Maas. « L’UE sanctionne un acte de piraterie aérienne », a commenté Jean Asselborn.

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Svetlana Tikhanovskaïa s’est félicitée de sanctions occidentales « sans précédent » et « très puissantes », dans une déclaration à Bruxelles. « Je suis très reconnaissante à la communauté démocratique pour avoir pris cette position unie. Les sanctions sont plus puissantes quand elles sont coordonnées », a-t-elle ajouté.