Le premier ministre Justin Trudeau a conclu sa visite officielle en Arménie en exprimant le souhait qu'une ambassade canadienne ait éventuellement pignon sur rue dans ce pays qui poursuit sa marche vers une plus saine démocratie.

L'ex-république soviétique est en pleine mutation, et le dirigeant canadien a semblé enthousiasmé par ce qu'il a vu et entendu pendant sa visite officielle.

Des drapeaux canadiens avaient été accrochés dans les rues d'Erevan pour souligner cette première visite d'un premier ministre canadien depuis l'indépendance de la petite nation enclavée notamment par la Turquie, l'Iran et l'Azerbaïdjan.

Il n'y a cependant pas, dans la capitale arménienne, une ambassade où flotte l'unifolié - à l'heure actuelle, Ottawa est représenté en Arménie par l'ambassade du Canada en Russie, à Moscou. Seul un consulat canadien se trouve à Erevan.

Le premier ministre Trudeau a exprimé samedi le souhait que cette situation change, ce qui marquerait un tournant «considérable pour approfondir la relation» canado-arménienne.

«C'est certainement quelque chose sur quoi nous avons l'intention de nous pencher», a-t-il soutenu en conférence de presse conjointe avec son vis-à-vis arménien, Nikol Pashinyan.

«Une fois qu'il y aura plus d'investissements, plus de liens entre les personnes, ouvrir une ambassade deviendra clairement quelque chose de nécessaire», a-t-il poursuivi.

Justin Trudeau a souligné que lors de la rencontre bilatérale élargie ayant précédé la conférence de presse, le premier ministre Nikol Pashinyan et lui avaient «envisagé la possibilité d'entamer des discussions sur un accord bilatéral sur le transport aérien».

Car «en ce moment, il faut au moins 21 heures pour faire le trajet entre Ottawa et Erevan, un voyage qui comprend au moins deux escales avec deux compagnies aériennes», a-t-il illustré.

Les relations diplomatiques entre le Canada et l'Arménie ont été établies officiellement en 1992. La diaspora arménienne compte environ 60 000 personnes au Canada.

Génocide arménien

L'Airbus du premier ministre canadien s'est posé à Ottawa samedi soir, après une journée marquée par une visite au monument commémoratif du génocide arménien.

Il y a déposé une gerbe de fleurs, puis effectué une visite du musée, en compagnie, notamment, de sa ministre de la Francophonie, Mélanie Joly, ainsi que de l'ancien sénateur de descendance arménienne Raymond Setlakwe, 90 ans.

«Les Canadiens se tiennent debout contre la haine et la violence qui ont alimenté des actes aussi terribles», a-t-il écrit en anglais dans un livre de commémoration à l'issue de cette visite à cet endroit sis sur l'une des collines qui surplombent la ville.

«Aujourd'hui, nous nous souvenons des victimes du génocide arménien et nous jurons solennellement de ne jamais laisser l'histoire se répéter», a conclu en français le premier ministre.

Il a ensuite planté un arbre dans un jardin attenant, comme l'avait fait la veille, avant lui, le premier ministre désigné du Québec, François Legault, qui était aussi en Arménie pour participer au sommet de la Francophonie.

On estime que le génocide arménien a fait quelque 1,5 million de victimes entre 1915 et 1923 environ sous l'Empire ottoman.

La Turquie, identifiée comme responsable de ces actes, ne reconnaît pas ce génocide. D'autres pays refusent aussi d'employer ce terme.

Le Parlement canadien, lui, l'a reconnu en adoptant une motion en 2004.

«On continuera à plaider sur la scène internationale en faveur de la reconnaissance et de la sensibilisation au fait que la reconnaissance constitue une première étape vers la réconciliation et la paix», a indiqué Justin Trudeau, samedi.