Dans la soirée de mercredi 15 novembre, Vladimir Poutine a décroché son téléphone pour s’entretenir avec Alexandre Zakhartchenko, chef de la république autoproclamée de Donetsk, et son homologue de la non moins autoproclamée république de Lougansk, Igor Plotnitski. Ce contact direct entre le chef du Kremlin et les deux dirigeants séparatistes prorusses de la région du Donbass, dans l’est de l’Ukraine, ravagée par le conflit meurtrier qui l’oppose depuis 2014 à Kiev, constitue une première, du moins officiellement.
L’initiative fait suite à la conversation, le même jour, qui s’est déroulée non loin de Moscou, au monastère Voskresensky de la Nouvelle Jérusalem, entre le président russe et Viktor Medvedchouk, patron du parti prorusse Le Choix ukrainien, et un proche, dont la fille a pour parrain M. Poutine. En présence du patriarche de l’Eglise orthodoxe Kirill et sous l’objectif de photographes, l’oligarque ukrainien a plaidé pour l’intervention directe du Kremlin en faveur de l’échange de prisonniers entre le Donbass et Kiev. L’intermédiaire connaît le sujet. Il avait notamment participé en mai 2016 aux négociations pour le retour à Kiev de la pilote ukrainienne Nadejda Savtchenko, incarcérée en Russie, contre deux soldats russes capturés en Ukraine.
« L’Ukraine est prête à libérer 306 personnes et attend que Donetsk et Lougansk en relâchent 74. Cela pourrait être fait avant le Nouvel An et les fêtes de Noël, c’est pourquoi je vous demande d’user de votre autorité », a déclaré M. Medvedchouk. Quelques heures plus tard, les interlocuteurs au téléphone de M. Poutine, qui a requis, selon le Kremlin, un « échange à grande échelle des personnes retenues des deux côtés », abondaient dans le sens souhaité. Ou presque. « Zakhartchenko et Plotnitski ont, d’une manière générale, soutenu cette initiative. En même temps, ils ont attiré l’attention sur d’autres questions à aborder avec les autorités ukrainiennes », a prudemment commenté le porte-parole du président, Dmitri Peskov.
« Tous pour tous »
L’échange de prisonniers, contenu dans les accords de paix signés en septembre 2014 à Minsk, la capitale biélorusse, est en réalité au point mort. Depuis quatorze mois, il ne s’est plus rien passé dans ce domaine. Poursuivies dans le cadre dit du « format Normandie » sous le parrainage de la France et de l’Allemagne, et désormais au travers des pourparlers entre le représentant spécial des Etats-Unis, Kurt Volker, et son homologue du Kremlin, Vladislav Sourkov, les discussions patinent sur la formule du « tous pour tous », l’Ukraine refusant de libérer les prisonniers, qu’elle considère comme des criminels de guerre.
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