Sarthe : 5 jours après sa sortie de prison, il est arrêté à la tête d'un point de deal

Un jeune homme de 19 ans qui gérait un point de deal au Mans (Sarthe) a été jugé mardi 18 janvier 2022 par le tribunal du Mans en compagnie de deux membres de son "équipe".

point de deal
Trois hommes ont été jugés au Mans (Sarthe) pour avoir joué un rôle dans un point de deal du quartier des Sablons. ©Illustration Adobe Stock
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Mardi 18 janvier 2022, un jeune de 19 ans a été présenté au tribunal du Mans (Sarthe). Il était accusé d’avoir animé un point de deal cinq jours après sa sortie de prison.  

« Ce dossier, c’est l’histoire d’un point de deal au quotidien », a déclaré la présidente du tribunal du Mans dès l’ouverture de l’audience dans laquelle comparaissaient trois jeunes hommes qui animaient un « point de deal » situé dans un appartement de la rue du Jura, dans le quartier des Sablons au Mans.

Tout est parti d’une descente des policiers de la Brigade anticriminalité (BAC) dans un point deal situé dans un immeuble de la rue du Jura au Mans.

Sur place, les policiers arrêtent trois jeunes hommes et découvrent de l’argent et quelques grammes de drogue, notamment de cannabis et de cocaïne.

Ils découvrent aussi sur le « gérant » qu’on appelle dans le milieu de la drogue un « court-circuit » la clé d’un appartement dans lequel ils découvrent une quantité non négligeable de drogue ainsi que des armes à feu et des munitions

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Sorti de prison depuis 5 jours 

Très vite, les policiers réalisent que le gérant du point de vente, un Allonnais de 19 ans, était sorti de prison depuis seulement 5 jours. Aux enquêteurs, le jeune homme explique qu’il a été contraint de gérer ce point de deal pour rembourser une « dette de stupéfiants » contractée en prison.

Il explique que lors de son incarcération, il faisait « la nourrice » en gardant des objets interdits (dont de la drogue) dans sa cellule. Objets perdus, car saisis lors de la fouille de sa cellule.

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« Plus je mettais du temps à payer, plus ça augmentait »

Devant le tribunal, le « court-circuit » a maintenu ce qu’il a dit en audition. Déjà condamné pour des faits similaires, mais aussi pour vol et extorsion, le jeune « gérant » sans emploi, sans formation et qui a arrêté ses études en classe de 3e a expliqué au tribunal qu’il n’avait pas le choix.

« Plus je mettais du temps à payer, plus ça augmentait », déclare-t-il d’une voix enfantine.

Pour sa part, « le larbin » (celui qui effectue la transaction de vente de la drogue), un jeune homme de 25 ans, explique qu’il a été recruté alors qu’il vendait au marché des sablons par un homme qui lui a proposé de gérer « un autre stand, qui rapporte plus ».

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Un brillant étudiant

Lorsqu’il a réalisé qu’il s’agissait de vendre de la drogue, il explique au tribunal qu’il aurait été menacé de mort par « son recruteur » qui lui a promis de le « brûler dans une cave » lorsqu’il a opposé son refus.

Diplômé de droit et autrefois étudiant brillant, il caressait le rêve de devenir avocat, mais un malheureux concours de circonstances l’a conduit à devenir SDF et à vivre dans sa voiture.

En expliquant sa lente descente aux enfers, il déplore :

Les conséquences et les situations obligent à des choix qu’on n’avait pas envie de faire.

« Je devais protéger la porte »

Quant au « Chouf » ou guetteur recruté lui aussi le jour même, il n’a pas fait mystère de son rôle. Payé 50 euros pour une demi-journée de travail (12h-21h), il devait orienter les clients à qui il devait dire : « Bonjour, il te faut quoi ? » Avant de les orienter vers le « larbin ».

« Je devais protéger la porte » explique le jeune homme de 19 ans au tribunal avant d’ajouter

Je ne touche pas l’argent, je ne touche pas à la drogue !

« Des réquisitions particulièrement sévères et injustes »

Jugeant les faits caractérisés, le procureur a requis 8 mois de prison ferme avec mandat de dépôt pour le « court-circuit » ou « le gérant », 6 mois de prison ferme avec mandat de dépôt pour le « Chouf » ou le guetteur et 6 mois de prison ferme sous bracelet électronique pour « le larbin ».

Revenant sur le parcours particulièrement difficile de son client, l’avocate du « larbin » a souligné la contrainte dans laquelle il se trouvait. « Je pense que Monsieur (…) n’avait pas le choix », a-t-elle déclaré avant de demander la clémence du tribunal.

« Ce sont des réquisitions particulièrement sévères et injustes », a déclaré l’avocat du « Chouf ». Revenant sur le parcours de migrant de son client, il a tenu à revenir sur le rôle réel de celui-ci dans le fonctionnement du point de deal et a demandé au tribunal un sursis simple.

Quant à l’avocate du « court-circuit », elle est revenue sur la pression exercée sur son client qui a été contraint de gérer le point de deal pour rembourser la dette de stupéfiants qu’il a contractée en prison. Évoquant « une participation limitée » de son client, elle a demandé une peine adaptée pour celui-ci.

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Verdict

Reconnus coupables des faits qui leur sont reprochés, les trois jeunes hommes ont écopé des peines suivantes :

  • Le « Chouf » écope de 4 mois de prison ferme avec mandat de dépôt.
  • Le « larbin » écope de 6 mois de prison ferme en semi-liberté.
  • Le « court-circuit » écope de 8 mois de prison ferme avec mandat de dépôt et se voit retirer les crédits de réduction de peine dont il a bénéficié lors de sa dernière incarcération. 

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