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Le Caire, la mégapole à éviter pour les femmes

Pour établir un tel classement, l'étude tient compte des violences sexuelles mais aussi d'un ensemble de pratiques culturelles.

En plein scandale Harvey Wein­stein, une enquête de la fondation Thomson Reutersmet à son tour en lumière la violence faite aux femmes dans le monde. La conclusion de cette étude sur les conditions de la gent féminine réalisée cet été dans 19 mégapoles de plus de 10 millions d'habitants révèle que Le Caire est «la ville la plus dangereuse» pour les femmes en 2017. La capitale égyptienne est talonnée par Karachi au Pakistan, Kinshasa en République démocratique du Congo et New Delhi en Inde. Londres est l'élève modèle de ce sinistre hit-parade, suivie par Tokyo et Paris.

Ce «palmarès» n'a pas été établi sur le seul critère des violences sexuelles. Les pratiques culturelles (mutilations génitales, mariages forcés, fémicides), l'accès à la santé et les opportunités économiques ont également été pris en compte. Sur la base de ces quatre grands thèmes pris séparément, l'équipe à l'origine du classement a interrogé 355 experts.

Mal endémique

En matière de violences sexuelles, la ville aux mille minarets se hisse en troisième position des mégapoles les plus dangereuses de la planète. Un fléau qui est loin d'être nouveau. Ce mal endémique a été révélé au grand jour par la révolution. On se souvient du témoignage de Caroline Sinz, reporter française, violée le 24 novembre 2011 sur la place Tahrir. L'Américaine Lara Logan ou encore l'Américano-Egyptienne Mona Eltahawy ont subi le même sort et ont témoigné avec le même courage. A l'époque, leurs récits ont permis de faire connaître la situation dramatique que vivent quotidiennement, et aux yeux de tous, des milliers d'Egyptiennes.

Selon les chiffres publiés par l'ONU il y a quatre ans, 99% des femmes de ce pays ont vécu une forme de harcèlement sexuel dans l'espace public et près de la moitié d'entre elles a subi des sévices domestiques. Face au silence complice de l'Etat et des instances religieuses, rares sont celles qui osent prendre la parole. Pire, relève l'enquête la fondation Thomson Reuters, les hommes estiment que ces agressions sont provoquées par le comportement des femmes… Le document insiste aussi sur le fait que la situation s'est fortement aggravée depuis le soulèvement populaire.

On notera toutefois que, dans le registre des violences contre les femmes, ce sont les villes de New Dehli en Inde et São Paulo au Brésil qui tiennent le haut du pavé de ce classement.

Mutilations et mariages forcés

Sur le plan des pratiques culturelles, la capitale égyptienne est clairement dans le rouge. L'enquête confirme un chiffre effroyable déjà avancé par les Nations Unies en 2015: neuf femmes (et filles) sur dix ont subi l'ablation partielle ou totale des organes génitaux externes bien qu'une loi interdise l'excision en Egypte depuis 2008. Près de 17% des filles sont mariées de force avant l'âge de 18 ans et 2% avant l'âge de 15 ans. Et on ne parle même pas de l'accès aux soins et à l'éducation tant la situation s'est détériorée. Quant à la participation des femmes au marché du travail, elle est en baisse constante depuis les années 1990, indique la Banque mondiale. Elles sont en revanche surreprésentées dans les chiffres du chômage.

En mars, le président Abdel Fattah al-Sissi décrétait que 2017 serait l'année de la femme. Le pays des pharaons a célébré l'événement de manière très particulière. En août, il décrochait la palme de la contrée la plus dangereuse pour une femme touriste par le site de voyage Trip.com. Deux mois plus tard, celle de la terre la plus hostile de la planète envers sa propre population féminine. Et l'année n'est pas terminée.