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Radio-Canada, l’effrontée



Vous venez d’augmenter l’argent de poche, déjà très généreux, de votre ado.

Elle vient vous voir pour vous dire: «Papa, maman, je vais lâcher mon emploi à temps partiel chez McDo pour me concentrer sur mes études, comme vous le demandiez depuis longtemps.»

Vous applaudissez. Enfin, elle va se concentrer sur son mandat: se plonger le nez dans des livres.

Mais votre ado ajoute: «Bien sûr, comme j’aurai moins de revenus, je vous demande de sortir de votre poche exactement le même montant que j’aurais reçu en flippant des hamburgers.»

Vous avez comme l’impression de vous être fait avoir.

UN CHAUSSON AUX POMMES AVEC ÇA ?

C’est un peu comme ça que je me sens en regardant la proposition soumise par Radio-Canada à la ministre du Patrimoine: «On va arrêter de jouer dans les platebandes du privé. Mais, en contrepartie, donnez-nous exactement le même montant qu’on aurait fait en vendant des annonces de char pendant L’Auberge du chien noir

Considérant que le gouvernement libéral vient déjà d’augmenter le budget annuel de Radio-Canada de 150 millions pendant cinq ans, considérant que le budget de base est déjà d’un milliard 100 millions, je trouve que Radio-Canada est un peu effrontée.

Notre diffuseur public est dur à suivre. En 2011, il publiait un gros rapport, basé sur une étude de la compagnie Nordicité. «Aucune raison valable sur le plan de la politique publique ne justifie l’élimination, ni même une réduction importante, de la publicité diffusée par les services de télévision de CBC/Radio-Canada. La publicité n’empêche nullement la Société de s’acquitter de son mandat de radiodiffuseur public.»

Cinq ans plus tard, Radio-Canada se dit en faveur de la disparition de toute publicité pour pouvoir se recentrer sur son mandat, en se basant sur une étude de... la compagnie Nordicité.

Qu’est-ce qui a changé entre les deux?

En 2011, Nordicité prenait la peine de spécifier: «Aux fins du présent rapport, il est tenu pour acquis que l’administration fédérale ne comblerait pas la perte des revenus publicitaires actuellement gagnés par CBC/Radio-Canada.»

Et voilà. 2011: méchant gouvernement Harper qui te rira en pleine face si tu lui demandes plus de sous. 2016: gentil gouvernement Trudeau qui va se laisser faire les yeux doux pendant que tu glisses ta main dans son portefeuille.

OUVREZ VOS LIVRES !

Avant de demander 318 millions de plus aux Canadiens, peut-être que le diffuseur public pourrait voir s’il n’a pas de gras à couper.

À la radio publique, les équipes sont deux fois plus grandes qu’au privé. On ne peut pas améliorer ça?

Quand a éclaté l’affaire Jian Ghomeshi, on a appris que l’animateur gagnait 320 000 $ par année. C’était la première fois qu’on avait accès aux vrais salaires des employés de Radio-Canada/CBC.

Peut-on savoir combien est payé un animateur de radio qui est en ondes seulement une fois par semaine ou un animateur télé qui présente des reportages traduits, achetés à l’étranger? À combien de semaines de vacances ont-ils droit par année?

JUSTE DOUZE DOLLARS

Radio-Canada nous dit que ce financement supplémentaire ne reviendrait qu’à 12 $ de plus par année par contribuable.

Si le diffuseur veut qu’on les débourse, qu’il nous convainque qu’on en aura pour notre argent.

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