En plein scandale d'agressions sexuelles au sein de l'église catholique chilienne, l'archevêché de Santiago a publié brièvement sur internet un guide destiné aux prêtres leur conseillant d'«éviter» de pratiquer des «massages», d'«embrasser sur la bouche» les enfants ou de «toucher leurs parties génitales».

Ce document, intitulé Orientations pour développer une bonne relation et une saine coexistence pastorale et signé par l'archevêque de la capitale chilienne Ricardo Ezzati, a été publié sur le site officiel de l'archevêché, avant d'être retiré en fin de semaine dernière face au tollé.

Mgr Ricardo Ezzati doit être entendu mercredi par le parquet régional de Rancagua afin de répondre aux accusations de dissimulation d'agressions sexuelles, en plein scandale de pédophilie et d'omerta qui ébranle le clergé chilien.

Son audition par la justice, initialement prévue pour août, avait été reportée à la demande de ses avocats.

Sur ces neuf pages, un passage est consacré aux «marques d'affection». On peut y lire: «Si notre mission consiste à montrer l'amour du Père et favoriser la rencontre avec le Christ, il existe des façons inappropriées de démontrer son affection et sa proximité, lesquelles doivent être évitées».

Le texte recommande ainsi d'«éviter» les «étreintes trop prolongées», «les tapes sur les fesses, de toucher les parties génitales ou la poitrine», de «s'allonger ou de dormir à côté d'enfants ou d'adolescents».

L'archevêché déconseille également de «pratiquer des massages», «les jeux qui impliquent des contacts inappropriés», «embrasser sur la bouche les enfants, les adolescents ou les personnes vulnérables».

La Défenseure chilienne des enfants Patricia Muñoz s'est déclarée en «état de choc» après la lecture de ce document.

«Nous avons commis une erreur et nous allons la réparer», a expliqué l'évêque auxiliaire de Santiago, Cristian Roncagliolo.

«Nous avons demandé pardon. Il y avait des erreurs (dans la version du guide retirée), peut-être que notre erreur est d'avoir voulu apporter des choses d'autres cultures. Nous sommes en train de les réparer, très prochainement nous allons pouvoir le porter (à nouveau) à l'attention de l'opinion publique», a ajouté l'archevêché sur son site internet.

L'Église catholique chilienne est en pleine tourmente depuis la visite du pape François en janvier et la multiplication des enquêtes judiciaires - actuellement au nombre de 119 - pour agressions sexuelles présumées commises par des membres de l'Eglise sur des mineurs et des adultes depuis les années 1960.