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Kobe Steel : le nouveau scandale de l'industrie japonaise

Honteux, Hiroya Kawasaki, PDG de Kobe Steel, s'incline devant un ministre japonais. TORU HANAI/REUTERS

Depuis le début de la semaine, Kobe Steel, subit une impressionnante descente aux enfers. Plusieurs groupes occidentaux ont pâti des pratiques de l'industriel.

Chaque jour depuis le dimanche 09 octobre, la liste des groupes cités dans le scandale Kobe Steel pour avoir reçu des composants falsifiés ne cesse de s'agrandir. General Motors, Nissan, Airbus et même Renault ou PSA ont été mentionnés.

Après une enquête interne, l'entreprise sidérurgique japonaise a reconnu, dimanche dernier, avoir livré des marchandises dont les données ont été falsifiées et embellies. Le vice-président du groupe, Naoto Umehara, avait alors avoué que son entreprise mentait systématiquement sur les produits distribués, pour répondre aux attentes des clients. Ainsi, depuis de nombreuses années, le troisième groupe sidérurgique japonais livrait à plus de 500 clients, plusieurs milliers de tonnes de composants en aluminium, en cuivre et en acier sans même qu'ils ne respectent les exigences de l'acheteur. «Combiné avec le nombre de clients précédemment annoncé (200, NDLR), le total va s'élever à environ 500 firmes», a annoncé ce vendredi matin un dirigeant du groupe en conférence de presse. Selon l'industriel japonais, 4% de ses produits en aluminium et en cuivre livrés entre septembre 2016 et août 2017 ont été maquillés pour satisfaire le client. Sur la même période, cela représente 19.300 tonnes de produits en aluminium ou encore 2200 tonnes de produits en cuivre, falsifiés et expédiés.

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Par ailleurs, l'intégralité des marchandises trafiquées a été livrée, à tel point que le constructeur Nissan s'est vu obligé de rappeler au Japon quelque 1,21 million de véhicules, pour être soumises à de nouvelles inspections.

Le mardi suivant ces révélations, Kobe Steel plongeait de 22% à la Bourse de Tokyo, puis encore de 17% le lendemain. Le début d'un effondrement rare, mais pas inédit.

Les jours se suivent et se ressemblent pour Kobe Steel, le scandale s'élargit, PSA dément

Cinq jours après le début du scandale, les répercussions sont déjà internationales. Les entreprises citées comme étant fournies par le groupe se succèdent et c'est au tour d'Airbus et des Français Renault et PSA d'être cités, selon le quotidien nippon Nikkei. Cependant, d'après un porte-parole du groupe Airbus, le géant européen de l'aéronautique n'achète pas directement à Kobe Steel, et passe actuellement en revue tous ses fournisseurs pour savoir si sa marchandise est affectée. «À ce stade, nous n'avons pas encore identifié le moindre fournisseur achetant des matériaux à Kobe Steel pour des parties entrant dans la fabrication de nos avions», a t-il indiqué.

Interrogé par Le Figaro, PSA affirme que ni lui, ni ses fournisseurs n'ont le moindre contrat avec le groupe industriel japonais, et dit avoir été cité à tort par le quotidien nippon.

« La crédibilité de Kobe Steel est réduite à néant. Nous ferons tout ce qu'il faut pour regagner la confiance le plus rapidement possible. »

Hiroya Kawasaki, président de Kobe Steel

Le ministère japonais de l'Économie, du Commerce et de l'Industrie a demandé à Kobe Steel d'examiner les conséquences que pourraient avoir ces composants trafiqués sur la sécurité.

Ce vendredi, l'action de Kobe Steel perdait de nouveau 10% à la Bourse de Tokyo. Le titre ne valait plus que 794 yens contre 1370 yens avant le début du scandale, soit plus de 42% de perdus en cinq jours. La chute libre continue et s'accentue pour le géant de la sidérurgie, «la crédibilité de Kobe Steel est réduite à néant. Nous ferons tout ce qu'il faut pour regagner la confiance le plus rapidement possible», affirme le PDG.


Des scandales à répétition au Japon, l'image industrielle nippone en perdition

Les usines nippones sont de plus en plus fragilisées par les scandales industriels à tel point que la réputation du «made in

« Il fut un temps où le modèle industriel japonais était vanté partout. (...) Les choses ont changé. »

Koji Morioka, professeur de l'Université du Kansai

Japan» se ternit rapidement depuis quelques années. La qualité décroît, la concurrence grandit et les marges déclinent, l'industrie japonaise semble s'effondrer un peu plus à chaque scandale. «Il fut un temps où le modèle industriel japonais était vanté partout. Mais maintenant davantage d'emplois sont sous-traités et les usines sont délocalisées. Les choses ont changé», déplore Koji Morioka, professeur de l'Université du Kansai, interrogé par l'AFP.

En juin dernier, l'équipementier Takata avait dû déposer le bilan après une campagne de rappel de quelque 100 millions d'airbags défectueux. La firme japonaise avait été anéantie par ce tollé, responsable d'au moins 16 décès. À l'heure actuelle, cette faillite de plus de huit milliards d'euros est la plus grosse dans le Japon d'après-guerre.

L'an passé, c'était Mitsubishi Motors qui traversait une période compliquée à propos de manipulations de données. L'action avait chuté et le président-directeur général lui, avait démissionné. Le dirigeant de Kobe Steel pourrait bien connaître le même sort dans les jours qui viennent...

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2 commentaires
  • hugguy

    le

    Le contrôle de qualité coute cher, donc juste une vérification des papiers et le contrôle est "dit" fait !

  • J. CATHELIN

    le

    J'ai toujours dit, en qualité d'ingénieur, que les services qualités de bcp d'entreprises étaient du pipeau... Incapable, ici, d'identifier de la marchandise frauduleuse... Pourquoi ? Car quasiment 90% des "tests qualités", sont administratifs ! On juge la qualité d'une livraison technique sur la liasse de conformité remise par le fournisseur. Les tests sur échantillons, ou les destructions volontaires sur chaîne se font de moins en moins... Laxisme intellectuel, et compression des coûts !

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