Kobe Steel : inquiétudes et vérifications autour de l'acier japonais

Le sidérurgiste Kobe Steel, qui a triché sur ses produits, fournit de nombreuses entreprises comme Airbus, PSA, Renault et Boeing.   

Tokyo (Japon), jeudi. Le président de Kobe Steel, Hiroya Kawasaki, s’incline devant les journalistes.
 
Tokyo (Japon), jeudi. Le président de Kobe Steel, Hiroya Kawasaki, s’incline devant les journalistes.
  REUTERS/TORU HANAI

    Y a-t-il un risque pour les consommateurs qui utilisent des appareils fabriqués à partir d'acier, d'aluminium ou encore de cuivre produits par la firme japonaise Kobe Steel? Depuis une semaine, l'entreprise nippone, troisième sidérurgiste du pays, est au cœur d'un scandale de falsification de documents portant sur les caractéristiques de ses différents produits. Selon les révélations des médias de l'archipel, des cadres et des employés de quatre sites de production auraient trafiqué des données afin de répondre, en théorie seulement..., aux spécifications exigées par les clients de Kobe Steel.

    Les falsifications auraient été découvertes lors d'un audit interne et porteraient sur des produits fabriqués entre septembre 2016 et août 2017. La direction a cependant élargi son enquête aux dix dernières années, ce qui laisse éventuellement penser à des fraudes plus anciennes.

    Vendredi, le nombre de clients ayant pu recevoir ces produits trafiqués est passé de 200 à... 500 ! Parmi eux, plusieurs seraient de grands groupes français ou européens.

    Airbus, PSA, Renault et Boeing concernés

    Ainsi, si Airbus assure qu'aucun produit estampillé Kobe Steel n'a été acheté, l'avionneur procède depuis plusieurs jours à une enquête auprès de ses centaines de fournisseurs. « Pour l'instant, rien n'est remonté », assure un porte-parole. Chez PSA, dont le nom a été évoqué à plusieurs reprises, on dément tout achat de produits Kobe Steel. Sollicité, Renault, dont le nom a aussi été cité, n'a pas répondu à nos questions.

    D'autres entreprises étrangères pourraient être également concernées, notamment Boeing, dont une source interne indique que cette falsification ne pose pas de problème de sécurité. Chez Toyota, la direction de la filiale France répond qu'« au niveau mondial, nous sommes toujours en train d'évaluer la situation. Mais nous nous assurons que cela ne pose pas de problème en termes de sécurité pour les propriétaires de nos modèles ».

    Enfin, pour Honda : « Nous confirmons que des pièces d'aluminium produites par Kobe Steel ont bien été utilisées dans la construction de certaines de nos voitures, indique-t-on au siège européen de la marque, à Bracknell (Royaume-Uni). Kobe Steel nous avait fait part de certains problèmes dès le mois de septembre, mais nous avons attendu que Kobe Steel communique lui-même sur le problème avant d'intervenir. » Pour l'heure, aucun véhicule n'a été rappelé dans le monde du fait de ce mauvais acier japonais.

    Ce scandale qui touche Kobe Steel n'est pas sans rappeler celui qui frappe un autre sidérurgiste, français, cette fois. La forge du Creusot, propriété d'Areva, est au centre d'une enquête judiciaire depuis la découverte en 2014 de pièces contenant trop de carbone, les fragilisant. Les investigations ont montré que des mesures avaient été falsifiées pour que ces erreurs n'apparaissent pas dans les dossiers.