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Bruxelles enjoint l'Italie de mettre en oeuvre les réformes promises

La Commission européenne demande au gouvernement Draghi de lancer les réformes promises (fiscalité, cadastre, etc.) et d'accélérer la mise en oeuvre de son plan de relance. Paolo Gentiloni, commissaire aux affaires économiques, estime que c'est la seule possibilité pour l'Italie de conjurer le risque d'une nouvelle récession.

Paolo Gentiloni, commissaire européen aux affaires économiques et monétaires
Paolo Gentiloni, commissaire européen aux affaires économiques et monétaires (Kenzo TRIBOUILLARD/AFP)

Par Olivier Tosseri

Publié le 23 mai 2022 à 16:24Mis à jour le 23 mai 2022 à 17:00

La suspension du pacte de stabilité jusqu'à la fin 2023 est la seule bonne nouvelle qui arrive de Bruxelles pour l'Italie. Le gouvernement de Mario Draghi n'aurait de toute façon pas été en mesure de le respecter.

La dette publique a battu au dernier trimestre un nouveau record à plus de 150 % d'un PIB dont les prévisions de croissance ont été fortement revues à la baisse. Elles sont passées de plus de 4 % à 2,4 %, donc inférieures aux 2,7 % annoncés par la Commission européenne pour la zone euro . « Les déficits et la dette publique en Italie demeurent un risque pour la viabilité budgétaire, le secteur financier et la croissance », estime le vice-président de la Commission, Valdis Dombrovskis.

Ne pas confondre tolérance budgétaire avec laxisme

« La suspension du pacte de stabilité ne signifie pas que tous les pays peuvent faire comme bon leur semble », met-il encore en garde. Un avertissement adressé en premier lieu à Rome, qui a souvent confondu la tolérance budgétaire octroyée par Bruxelles avec le laxisme dont elle a fait preuve dans la gestion de ses comptes publics.

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La Commission européenne enjoint donc l'Italie à mettre en oeuvre au plus vite les réformes structurelles concernant sa fiscalité, la concurrence et le cadastre mais aussi à augmenter les investissements publics en faveur des transitions énergétiques et numériques. « Si l'UE nous demande d'augmenter les impôts, la réponse est non, a immédiatement répondu la Ligue qui soutient pourtant l'actuel gouvernement d'union nationale de Mario Draghi. Nous savons nous gouverner seuls sans avoir besoin des bulletins de notes d'eurocrates bruxellois. »

Le spectre d'une nouvelle récession

L'un de ces « eurocrates » n'est autre que l'ancien président du Conseil italien : Paolo Gentiloni. Le commissaire européen aux affaires économiques et monétaires dément toute intention d'exiger une hausse de la pression fiscale. Il exige en revanche que le plan de relance européen, dont l'Italie est le principal pays bénéficiaire avec environ 200 milliards d'euros, soit mis en oeuvre au plus vite.

« Mario Draghi l'a mis clairement et avec détermination au coeur de son action, explique Paolo Gentiloni. Mais la classe dirigeante du pays a des difficultés à comprendre l'importance de l'enjeu. Le temps des cadeaux fiscaux pour aider l'économie à faire face à la pandémie est révolu. Si les réformes et le plan de relance ne sont pas lancés rapidement, l'Italie court vers la récession ». Ce serait la troisième en une décennie pour la péninsule .

Conjurer le risque d'enlisement

Si les partis politiques italiens sont prompts à réclamer une hausse des dépenses, ils rechignent à voter les réformes que leur soumet Mario Draghi. Celle de la fiscalité ou encore l'application de la directive Bolkestein sur la libéralisation des services, en particulier celles des plages privées, sont enlisées au Parlement.

Le gouvernement a décidé d'accélérer sur ces dossiers, quitte à recourir à un vote de confiance. A quarante jours d'un nouveau point de la Commission européenne sur le plan de relance italien , 15,5 % des objectifs prévus cette année ont été remplis, 29,5 % sont sur le point de l'être et 55 % doivent toujours être précisés. Ils sont pourtant indispensables pour que l'Italie obtienne les plus de 40 milliards d'euros qui lui échoient en 2022. Selon le ministère de l'Economie, le succès du plan de relance doit permettre d'augmenter le PIB italien de 3,2 % d'ici 2026.

Olivier Tosseri (Correspondant à Rome)

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