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Carlos Ghosn : le méga-plan qui doit booster Renault jusqu'en 2022

Carlos Ghosn va dévoiler le super-plan stratégique de Renault pour 2017-2022. Synergies au sein de l'Alliance pour réduire les coûts, internationalisation, véhicule électrique et voiture à bas coûts seront les quatre axes majeurs.

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Carlos Ghosn, le 2 mars 2017

Carlos Ghosn, PDG de Renault, présentera - exclusivement en anglais, mondialisation rimant pour lui avec acculturation ! - son plan stratégique 2017-2022 à Paris La Défense.

Brendan Smialowski / AFP

Vendredi 6 octobre à 8 heures 30, Carlos Ghosn, PDG de Renault, présentera - exclusivement en anglais, mondialisation rimant pour lui avec acculturation ! - son plan stratégique 2017-2022 à Paris La Défense. Une méga-conférence à grand spectacle comme aime les organiser l'Alliance, mêlant journalistes et analystes financiers. Le constructeur français, dont l'Etat est toujours l'actionnaire de référence, vise carrément à cet horizon une forte croissance, soit 70 milliards d'euros de chiffre d'affaires (contre à peine 51,2 milliards en 2016), une marge opérationnelle minimale de 7% (6,4% l'année dernière) et un flux de trésorerie positif chaque année. Carlos Ghosn avait déjà annoncé ces trois objectifs globaux en février dernier. Ce plan prendra la relève de « Drive the Change », le programme  2010-2016. Au menu de ce super-plan, le troisième depuis l’arrivée de Carlos Ghosn à la tête de Renault en 2005, quatre axes majeurs se dégagent : synergies et réductions de coûts, internationalisation, électrification, véhicules à bas coûts, les quatre étant intimement liés.

1- Synergies au sein de l’Alliance

Carlos Ghosn donnera tout d’abord les grandes lignes des futures synergies avec, cette fois, non seulement Nissan mais aussi Mitsubishi Motors (MMC). D'ici à 2020, l'Alliance prévoit que 70% de ses véhicules seront construits sur les plates-formes modulables Renault-Nissan « CMF ». Cette approche modulaire permettra d'économiser environ 30% sur les achats et jusqu'à 40% sur les coûts d'ingénierie, selon Renault. MMC devrait utiliser à son tour cette plate-forme, et notamment la version « CMF-B » pour petits véhicules, que la firme au losange inaugurera dans un peu plus d'un an avec la Clio V. Cette « CMF-B » devrait être reprise à terme, dans une version simplifiée, par les futures Dacia à bas coûts, selon nos informations.

Objectif : « doubler les synergies de l’Alliance à 10 milliards d'euros » au terme de ce plan, selon ce que Carlos Ghosn avait déjà précisé à la mi-septembre. En juillet dernier, Renault et Nissan annonçaient des gains de 5 milliards d'euros au titre de 2016, contre 4,3 milliards en 2015. L'Alliance devrait générer au moins 5,5 milliards d'euros de synergies en 2018. Neuf millions de véhicules seront développés sur quatre plates-formes de l'Alliance à horizon 2022. En outre, Carlos Ghosn table sur 75% des véhicules utilisant des moteurs conjoints à cette date.

2- Cap sur l’international

Deuxième thème : l’internationalisation avec, notamment la montée en cadence de l’usine chinoise de Wuhan (en co-société avec Dongfeng), où Renault a démarré sa production de voitures particulières début 2016. La firme compte déjà y doubler ses ventes en 2017 (35.300 unités en 2016). Mais Wuhan n’est qu’une partie du puzzle chinois du groupe de Boulogne-Billancourt. En juillet dernier, Renault et Brilliance China Automotive Holdings Limited (CBA) ont en effet signé un accord cadre pour une fabrication conjointe de véhicules utilitaires en Chine. Numéro un de l'utilitaire en Europe, Renault veut devenir un acteur majeur d’un marché de l’utilitaire  léger de 3 millions de véhicules annuels dans l'ex-Empire du milieu.

Enfin, toujours en Chine, Renault a signé un troisième accord fin août avec Nissan et Dongfeng, pour fabriquer 120.000 véhicules électriques par an. Démarrage prévu en 2019. Renault est déjà en train de développer un véhicule électrique à très bas coûts sur la base de la petite Kwid lancée en Inde il y a deux ans. La version électrique serait vendue autour de 8 à 10.000 euros. Ce modèle, prioritairement conçu pour la Chine, sera aussi produit ailleurs dans un deuxième temps. Un vecteur clé pour la future expansion de l’Alliance dans les véhicules zéro émission.

Autre pays cible : l’Iran. Renault a annoncé, le 7 aout 2017, la création d’une nouvelle société conjointe dont il sera l’actionnaire majoritaire, avec un centre d’ingénierie et d’achats qui favorisera le développement des fournisseurs locaux, ainsi qu’une usine de 150.000 exemplaires par an, qui s’ajoutera aux capacités existantes du groupe dans le pays de 200.000 véhicules. Renault doit produire  la Logan II actuelle fin 2018 en Iran et le Duster II vers 2020. En plus de l’usine de véhicules, il est prévu dans le pays un site de moteurs d’une capacité de 150.000 par an.

Enfin, Renault poursuivra l’offensive en Inde où il vient d’introduire le Captur, version « chic » du Duster à bas coûts, produite sur la base de ce dernier - et donc différente du Captur européen sur la plate-forme d’une Clio IV. Au Brésil, Renault vient de lancer la petite Kwid, industrialisée désormais à Curitiba. En Argentine, il produira l’an prochain l’utilitaire et « ludospace » Dacia Dokker… sous le nom de Renault Kangoo.

3- Priorité à l’électrique

Dans le domaine électrique, outre le futur véhicule électrique à bas coûts destiné d’abord à la Chine, le triple patron de l'Alliance a déjà annoncé, le 15 septembre 2017, « douze nouveaux modèles zéro émission dans les six ans sur des plates-formes communes » pour l’ensemble de l’Alliance. Les autonomies des modèles pourraient alors dépasser les 600 kilomètres. Avec cette nouvelle salve de véhicules, le dirigeant espère rester le numéro un mondial de l'électrique. Par ailleurs, l'Alliance va multiplier les modèles hybrides rechargeables, en utilisant notamment la technologie de MMC sur son actuel « SUV » Outlander. Renault développera des modèles sur cette base Mitsubishi. Au total,  30% des modèles vendus par l'Alliance seront en 2022 électrifiés, c'est-à-dire purement électriques ou hybrides.  Plus de 500.000 modèles purement électriques ont été à ce jour commercialisées par l'Alliance.

4- Les véhicules à bas coûts au top

Enfin, Carlos Ghosn précisera la stratégie de Renault pour les véhicules à bas coûts d’entrée de gamme, qui sous-tend la stratégie d’internationalisation de la firme.  Lancée en 2004, la Dacia Logan a donné naissance à une famille de véhicules (Logan II, Sandero I et II, « SUV » Duster I et II, monospace Lodgy, utilitaire Dokker) sur la même plate-forme. « Nous devrions être à 1,5 million de voitures cette année, contre 1,35 million l'an dernier », affirmait à Challenges Marc Suss, directeur de la gamme à bas coûts de Renault, au salon de Francfort, le 12 septembre. La moitié de ces ventes se fait sous le label roumain Dacia et l'autre sous la marque au losange elle-même. Dacia ne vend effectivement qu’en Europe et Afrique du nord. « Nous visons à terme le cap des deux millions par an », ajoutait-il.

Quid de la part de l'Etat français?

En tant que PDG de Renault mais aussi président de Nissan et Mitsubishi Motors (MMC), Carlos Ghosn avait créé la surprise le 15 septembre 2017 en affirmant qu’il visait au total pour l’Alliance « plus de 14 millions d'unités » d’ici à 2022, soit une hausse de quelque 40%. L'Alliance Renault-Nissan-Mitsubishi a vendu un peu moins de 5,27 millions de véhicules au premier semestre 2017. Elle est devenue le deuxième constructeur du monde, juste derrière Volkswagen. Le chiffre d'affaires consolidé de l'Alliance devrait atteindre 200 milliards d'euros à la fin du plan, en hausse d'un tiers. Nissan et MMC doivent annoncer leur propre plan stratégique à la mi-octobre.

Parallèlement à ces objectifs, Carlos Ghosn avait alors souligné qu’il ne voyait pas la nécessité de modifier les pourcentages actuels des participations entre les trois membres de l'Alliance. Il a écarté l'idée d'une consolidation de l'alliance ou d'un renforcement des participations croisées entre ses membres, indiquant que le plan stratégique s'effectuerait en « respectant les identités des entreprises ». Nissan avait bouclé, le 20 octobre 2016, la prise de contrôle de MMC avec le rachat de 34% du capital. Renault ne devient pas pour sa part actionnaire du japonais. Mais il détient 43,4% de Nissan. Ce dernier possède à son tour 15% de Renault, mais sans droits de vote.

La question d’une éventuelle cession par l'Etat français d'une partie de sa participation de 19,7% dans Renault demeure cependant posée. Le ministre de l'Economie Bruno Le Maire a reconnu mercredi que l'Etat éprouvait des difficultés pour revendre les actions supplémentaires Renault,  qui avaient acquises en 2015 lorsque Emmanuel Macron était ministre de l'Economie. S'exprimant lors d'une audition devant la commission des finances à l'Assemblée, Bruno Le Maire a précisé: "maintenant nous sommes scotchés avec quelques pourcents de Renault que je n'arrive pas à vendre, parce que le cours de l'action n'est pas suffisamment élevé".

Agé de 63 ans Carlos Ghosn termine son actuel mandat de PDG du groupe français, qui court jusqu'à l'assemblée générale du printemps 2018. Certes, celui-ci est renouvelable. Mais des sources industrielles soulignent que Carlos Ghosn pourrait alors conserver la présidence, mais abandonner la direction générale, comme il l’a fait chez Nissan.

 

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