Iquique & Humberstone, Chile (Ghost Town ou Le Silence de la Balançoire)


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July 26th 2018
Published: July 29th 2018
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21 juillet

"This place, is coming like a ghost town
No job to be found in this country
Can't go on no more
The people getting angry"

The Specials



La Serena)

Il est 16h00.

Je prend ma place panoramique au deuxième étage d'un Turbus qui partira pour la route éternelle vers Iquique encore plus au Nord, presqu'à la frontière Péruvienne (et Bolivienne). C'est un 18 heures de transport routier qui m'attend (coût: 104$ canadien, en section Premium dans le bus). C'est moins long de se rendre de Montréal à Santiago en avion que de La Serena à Iquique en bus.

Mais ça ne m'inquiète guère: maintenant que je suis assis, je peux vous affirmer que mon confort sera définitivement plus grand en bus Premium au Chili que serré dans un avion-sardine en classe économique.



En quelques heures, le paysage dramatique en altitude perd de son -époustouflance- et se mute en d'infinies étendues désertiques sans horizon.

Je ferme les yeux et m'endors, alors que j'ai une impression cosmonaute d'aller me perdre du côté sombre de la lune.



Note à Moi-Même:

Dans le bus, il y a un écran devant les passagers, dévoilant la vitesse à laquelle on roule.

Le chauffeur ne doit jamais dépasser le 100km/h.



22 juillet



Le bus arrive sur Iquique alors que ma nuit s'est merveilleusement bien passée dans l'astronef.

Honnêtement, c'était la ride de bus la plus confortable de tout mes voyages, et c'est pas peu dire.



Coincé entre une muraille montagnarde grandiose et l'Océan, Iquique (220 000 habitants) semble constamment englobé d'un voile mât de brume comme si on avait étendu à la truelle un nuage de plâtre.

Le soleil atomique, lui, se trouverait de l'autre côté de ce mur de brouillard.

Le long de la côte, Iquique s'efface en une longue plage qui attire les touristes et les surfeurs qui, malgré la basse saison, semblent tout de même chercher à maîtriser les rugissantes vagues indomptables du Pacifique.



Les tremblements de terre sont fréquents ici, et les tsunamis qui en résultent ne surprennent plus.

Si la sirène s'actionne sur la ville, il nous faut trouver rapidement refuge vers la muraille

(la muraille, c'est dans le sens contraire de l'Océan ça, vous l'aurez compris...)



Mon plan dans la région est de rejoindre Humberstone, un village fantôme qui hante le désert à quelque part outre la muraille sur laquelle Iquique est adossé.

Un mini-bus devrait m'y amener demain, au réveil.



Notes à Moi-Même:

1- On sert le café ici, avec un shooter de club soda.

2- Pour se nourrir à peu de frais dans les restaurants au Chili, il faut opter pour le Menu del dia à l'heure du lunch: on nous sert alors un repas complet pour une fraction du prix régulier.



23 - 24 juillet



8h30AM: j'entre dans le mini-bus qui planifie rejoindre Humberstone tout là-haut, de l'autre côté de l'enceinte.

Sans surprise, les seuls mots que je prononcerai de la journée seront "Holà. Que tal?"

et puis "Ok" aussi, pour abréger les conversations à sens uniques.

Le reste du temps, je me contenterai de sourire comme l'étranger francophone que je suis.



Le mini-bus haletant se donne un élan, et puis décolle au delà de la muraille, passé le paravent brumeux cachant le bleu fluorescent du ciel.

Rapidement, la navette troue le voile et se retrouve par dessus les nuages, sur un territoire lunaire isolé et rasé par le soleil tapageur.



On roule longtemps à l'est, en direction d'un no man's land post-nucléaire.



À un carrefour, un regroupement d'abris halluciné apparaît comme un mirage brouillé à l'horizon.

On s'en approche

pour y découvrir un village rongé par la rouille, totalement vidé de ses habitants comme au lendemain d'un apocalypse.

J'y entre à pas feutrés.

Silence de mort.

Un panneau de tôle secoué par un chaud coup de vent

ou une porte s'ouvrant par à-coups surprennent parfois par leurs grincements imprévus.



Ancienne ville minière, Humberstone puisait dans son sol du nitrate pour en faire notamment des explosifs.

Avec la construction du Canal du Panama (1904-1914), les acheteurs américains ont stoppé leur approvisionnement plus bas sur le continent, ce qui a fait crouler la demande de nitrate à Humberstone.

Tranquillement, la population de la ville minière a alors déclinée... pour finalement s'éteindre totalement en 1931.

Désertion.

Aujourd'hui, les bâtiments d'Humberstone semblent s'être figés dans le temps.

Il n'y a plus aucun signe de vie.

Dans les rues ensablées, il n'y plane qu'un angoissant silence.

Si l'on tend bien l'oreille, on pourrait presqu'y entendre le crépitement de la cuisson du soleil sur le décor

ou peut-être encore, entre deux soufflets, y entendre un coup de masse faire éclater une pierre dans l'espace-temps.



L'usine, grugée par l'inertie des décennies passées sous le soleil, y est toujours fixée, un peu plus loin, comme un vaisseau spatial échoué en plein milieu du désert (Santa Laura). Des locomotives au charbon, de la machinerie obsolète, des pics et des pelles, des vieilles casseroles trouées et de vétustes jouets des années folles hantent Humberstone.



Dans le parc tout près de l'église, une balançoire vide oscille en silence.

Ce serait le vent, je présume, qui lui donnerait son élan.

Ou peut-être serait-ce le souffle de quelques fantômes

qui refuseraient de quitter la ville.




Etienne X



Notes à Moi-Même:

1- Le Chili est le plus grand producteur de cuivre au monde.

2- Le Chili est le Pays le plus souvent ébranlé par les tremblements de terre au monde.


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