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Billet de blog 11 octobre 2019

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TARN/ DES VANDALES A SIVENS ?

Ce n'était ni le château de Versailles, ni Persépolis détruite par Alexandre, ni le sanctuaire d'Eleusis ravagé par les Costoboces avant d'être une nouvelle fois détruit par les Wisigoths, ni le quartier de la vieille ville de Jérusalem, situé près du "mur des lamentations", qui a été rasé par Israel en 1967, ni les boudas de Bamiyan, ni un des mausolées de Tombouctou ...

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

C'était une vieille ferme caractéristique de l'architecture paysanne tarnaise du 18° siècle, avec son four à pain d'origine, alimentée par l'eau d'une source proche, dans un trou de verdure où chantait une rivière, accrochant follement aux herbes des haillons d'argent, où un jeune homme allait mourir le 25 octobre 2014 avec un gros trou rouge dans le dos.

Illustration 1

La Métairie Neuve de Sivens n'était pas un monument historique.

Simplement, la construction de la maison d'habitation en briques de terre typiques de l'ancien habitat rural tarnais, sa charpente à l'ancienne comme on n'en fait plus, son aménagement intérieur non modernisé, son vieil évier en pierre, son vieux four à pain, avaient conduit à l'inscrire en 2012 à l'inventaire du bâti de caractère de la commune, avec interdiction de la démolir et possibilité de ne la modifier qu'après expertise.

On peut voir l'ancien four à pain dans la série de photos réalisée par Michel Lavigne en 2011, ici   :  https://myalbum.com/album/yRVjGsXaMVAP

 Avec sa date de construction gravée au burin rustique : 1776

 Merci Michel.

Alors qu'il n'avait fait de mal à personne, qu’il n’avait fait depuis Louis XVI que du pain, le four à pain a été le premier à être rasé par une équipe de Vandales bien organisée, au petit matin du lundi 1er juin 2015, suite à un incendie criminel survenu le 28 mai.

Pardon pour les Vandales, qui ne sont pas forcément ceux que l'on croit, car comme disait Léon de Laborde au mot "Vandalisme" dans le Littré : "Chaque époque ayant des méfaits de vandalisme à reprocher à sa devancière, et ne se sentant pas elle-même la conscience bien nette, on est tombé d'accord qu'on rejetterait le tout sur les Vandales, qui ne réclameront pas"

La Métairie Neuve avait été achetée par le département du Tarn en 2002 au prix de 147000€ (et des poussières). Suite à quoi, elle est restée inhabitée pendant une dizaine d'années.

Elle aurait pu être aménagée, reprendre une nouvelle vie, qu'en pensez-vous ?

Illustration 2

L'Histoire en a décidé tout autrement.

La Métairie Neuve est restée inhabitée jusqu'à ce que les préfets du Tarn et du Tarn et Garonne prennent deux arrêtés, datés du 2 et du 3 octobre 2013, aussi illégal l'un que l'autre, décidant de noyer l'essentiel de la zone humide la plus remarquable du département du Tarn sous le barrage de Sivens.

C'est fin 2013 que le destin de la Métairie a basculé, quand ces bâtiments laissés à l’abandon et perclus de salpêtre ont fait l'objet d'une occupation par des opposants activistes au barrage de Sivens. Un de leurs buts était de retarder autant que possible l’opération jusqu’à l’obtention d’une décision de justice, puisque la justice était saisie.

S’agissait-il là d’un objectif digne de vandales ou de barbares ? Je vous en laisse juges : les décisions de justice ont fini par arriver … mais le 30 juin 2016 : la déclaration d’utilité publique du barrage ayant été annulée pour des raisons de fond, le projet était bien illégal. Il avait été monté par certains de ces négationnistes de la nature qui considèrent comme des « défis » ou un « progrès » d’aménager et de détruire des zones naturelles pour le plus grand profit de quelques-uns.  Comme le barrage de Fourogue proche d’Albi, il avait été monté par une mafia locale pour laquelle l’électoralisme et des intérêts particuliers sont au-dessus de tout, à n’importe quel prix, une mafia pour laquelle l’eau est un bien marchand comme un autre dont on doit pouvoir disposer à loisir.

Les lieux étant investis fin 2013, les occupants ont aussitôt "remanié" le toit en tuiles canal à l'ancienne qui recelait... quelques gouttières, emménagé l'étage en dortoir... Mais l'occupation ne devait rester pacifique et paisible que peu de temps...

Le 23 janvier 2014, une bande de pro-barrages cagoulés est venue tout casser dans la Métairie et y répandre des répulsifs.

Actes de personnes civilisées ou de barbares à la petite semaine ?

Comment ne pas comparer ces agissements avec ceux des vandales décrits au 5° siècle par Victor de Vita « dévastant, dépeuplant, brûlant et massacrant tout. Ils n'épargnèrent pas même les arbres fruitiers : ils ne voulaient pas qu'après leur passage les hommes qui s'étaient cachés dans les antres des montagnes, les précipices et les retraites de toutes sortes, pussent profiter de cette nourriture »

Début septembre 2014, c’était au tour de plus de 10 hectares boisés d’être rasés illégalement dans le secteur, ceci sous la protection des forces de l’ordre comme on peut le voir dans cet article. Quelle honte ! Des opposants au barrage de Sivens ont même été poursuivis, quelle honte ! pour s’être opposés pacifiquement à cet acte de vandalisme qui est aujourd’hui caractérisé :

En effet, comme les arbres étaient coupés début septembre sans l’autorisation administrative impérativement nécessaire, le préfet Gentilhomme avait donné le 12 septembre 2014 une autorisation à fond la caisse aux vandales de la CACG (Compagnie d’aménagement des coteaux de Gascogne). Cette autorisation, annulée par le tribunal administratif de Toulouse le 30 juin 2016, est censée n’avoir jamais existé. De sorte que ce sont bien des actes de vandalisme qui ont été commis sur la forêt début septembre 2014 à Sivens, avec la bénédiction du préfet du Tarn et du procureur Dérens et sous la protection des forces de l’ordre. Une honte ! qui me donne l’occasion de rappeler ici l’article 12 de la DDHC « La garantie des droits de l'Homme et du Citoyen nécessite une force publique : cette force est donc instituée pour l'avantage de tous, et non pour l'utilité particulière de ceux auxquels elle est confiée », article foulé aux pieds par la mafia tarnaise comme tant d’autres grands principes républicains.

Au mois de février 2015, un blocus de la ZAD a été organisé par des pro-barrage avec la bénédiction des forces de l’ordre.

Le 6 mars 2015, la mort de Rémi Fraisse ayant bouleversé les donnes dans l’affaire de Sivens, la Métairie Neuve a été évacuée par des forces de l’ordre dix fois plus nombreuses que la quarantaine des derniers résistants pacifiques zadistes. Peu de temps après, toutes les ouvertures en ont été murées. Toute la zone a été interdite d’accès par des arrêtés départementaux et surveillée au point qu’une joggeuse a même été poursuivie devant le tribunal de police pour avoir enfreint les interdictions.

La zone était théoriquement interdite… mais pas pour les incendiaires qui ont mis le feu à la Métairie Neuve au petit matin du 28 mai 2015.

Le 29 mai 2015, j'écrivais sur mon blog

"Je reviendrai dans les jours prochains sur l'affaire de Sivens et l'incendie très certainement criminel qui vient de détruire en grande partie la Métairie Neuve, lieu emblématique de la lutte des anti-barrage, bâtiment qui était classé comme "remarquable" dans le PLU de Lisle sur Tarn il y a peu...

"Ne croyons surtout pas en France, en nous gargarisant sur les exactions de Daesh, que "les vandales, ce sont les autres". 

Je ne savais pas alors que, dès le 28 mai 2015, au matin même ! du jour de l’incendie volontaire, le président/sénateur Carcenac, le préfet Gentilhomme, la maire/conseiller départemental de Lisle sur Tarn et ... le procureur Dérens avaient décidé de raser complètement la Métairie Neuve en guise de mesure stupide de représailles contre la ZAD. Je ne savais pas que, dès le 28 mai, cette fine équipe était en train de monter une histoire invraisemblable de « péril grave et imminent » qui allait leur servir de prétexte pour tout raser.

Tout raser : acte de personnes civilisées ou de barbares ?

Citoyennes et citoyens qui me ferez l’honneur de lire la série qui suivra ce préambule, j’entends vous en faire JUGES au terme des épisodes qui vont suivre. 

Un nouveau vandalisme : le vandalisme tarnais

La barbarie et le vandalisme étant des composantes incontournables de l’histoire de l’humanité, ils ont pris toutes sortes de formes au cours de l’histoire, qu’il s’agisse de la barbarie des faibles, celle qui est commise avec des couteaux, ou de la barbarie des forts, celle qui est commise avec les grands moyens et les armes les plus sophistiquées, qui conduit à la négation rationnelle et délibérée de certains groupes de personnes du fait de leur culture, de leur apparence ou de leurs idées.

Selon Hérodote, Cambyse, que nous retrouverons à la fin de ce feuilleton pour toute autre chose, s’était appliqué à détruire des traces de la culture égyptienne. Car détruire, c’est dicter sa loi, la loi du plus fort.

Brûler les villes, les livres, quand ce ne sont pas quelques récalcitrants pour l’exemple, raser les maisons ou des lieux emblématiques, ce sont des moyens éprouvés d’imposer sa force à bon compte.

Au Moyen Age, le manuel de l’inquisiteur prescrivait la destruction totale des maisons et dépendances dans lesquels les parfaits s’étaient cachés ou avaient séjourné. Le Registre des Sentences de Bernard Gui, inquisiteur à Toulouse, mentionnait, entre 1308 et 1322, 40 hérétiques brûlés et 16 maisons rasées que les familles avaient interdiction de reconstruire.

Ici ou là, on a détruit au nom de « la civilisation », au nom de la loi du profit, au nom de la religion, quitte à transformer en martyr tout chrétien mis à mort pour participation à des destructions de temples ou de statues de déités non chrétiennes, comme l’avait décidé le concile d’Elvira vers l’an 300.

« Les dévastateurs ne manquent jamais de prétextes » disait Victor Hugo dans son formidable « Guerre aux démolisseurs ». 

Il fut néanmoins des temps où les destructions, aussi lamentables fussent-elles à certains égards, avaient quelque sens. Ainsi, la politique de la terre brûlée de certains peuples vis-à-vis des envahisseurs ou la destruction de certains monuments lors de la Révolution française :

Illustré ici, le décret du 14 août 1792 « relatif à la destruction des monumens, susceptibles de rappeler la féodalité » commençait ainsi :

"L'Assemblée nationale, considérant que les principes sacrés de la liberté et de l'égalité ne permettent pas de laisser plus longtemps aux yeux du peuple français les monumens élevés à l'orgueil, au préjugé et à la tyrannie ;

Considérant que le bronze de ces monumens, converti en canons, servira utilement à la défense de la patrie, décrète qu'il y a urgence".

Aucun sens

En ce qui concerne la Métairie Neuve de Sivens, sa destruction le 1er juin 2015 n’a aucun sens. Aucun sens rationnel et républicain.

C’est une nouvelle sorte de vandalisme : le vandalisme tarnais.

Le président-sénateur Carcenac a en effet ordonné de raser purement et simplement des biens… qui appartenaient au département lui-même ! C’est une pure perte pour la collectivité départementale que je vais chiffrer dans les épisodes qui vont suivre.

S’agit-il d’une vengeance politique de préau d’école qui aurait conduit le département et la commune à se « tirer une balle dans le pied » comme l’a dit l’ancien maire de Lisle sur Tarn ?

Je répondrai à cette question dans le prochain épisode de ce feuilleton.

A suivre :

L’affaire de la Métairie Neuve : les faits

NOTE

Ceci est le préambule du « Feuilleton de la Métairie Neuve de Sivens »

Ce feuilleton est le résultat de plus de 4 années de procédures diverses et parallèles et d’une enquête qui n’est pas terminée pour moi et pour mes quelques camarades de combat. Cette affaire n’est pas close d’autant qu’une nouvelle plainte vient d’être déposée pour des infractions dissimulées contre MM Dérens et Carcenac. Aucune des décisions rendues n’a contesté l’existence des délits que je dénonce. Mais aucun des délinquants que je vais dénoncer publiquement, au premier rang desquels Thierry Carcenac (auquel je vais reprocher, entre autres, la commission de 2 délits passibles de 10 années d’emprisonnement), n’a été poursuivi à ce jour pour une raison simple : c’est que, comme je l’ai déjà écrit sur ce blog, le procureur d’Albi Claude Dérens est compromis jusqu'au cou dans les délits que mes amis lui avaient dénoncés suite à la destruction illégale de la Métairie neuve en juin 2015. Je vais d’ailleurs expliquer précisément pourquoi Claude Dérens ne m’a pas poursuivi en diffamation alors que je l’avais mis au défi de le faire dans un billet qui avait été mis à la Une du Club Mediapart. Cette situation exceptionnelle, la participation avérée d’un procureur à des délits caractérisés qui lui ont été dénoncés, a entraîné des comportements et des décisions qui relèvent d’un scandale et d’un réflexe de caste qui me semble sans équivalent dans l’Histoire de la justice républicaine au point que certaines décisions rendues dans cette affaire par des magistrats français ne peuvent pas être qualifiées selon moi d « actes juridictionnels ».

Citoyennes et citoyens qui me ferez l’honneur de lire ce feuilleton juridico-politique circonstancié dans notre monde du tweet et du trop long pas lu, j’entends vous faire juges de ce scandale et de l’impunité actuelle de ces délinquants de haut vol. Je sais que la Métairie neuve de Sivens n’était pas fréquentée par des people ou des politiciens comme les paillotes corses qui avaient fait la Une de l’actualité en 1999 pour des faits beaucoup moins graves, mais j’espère que mes lecteurs comprendront à la lecture de ce feuilleton que ce sont les grands  principes républicains qui sont en jeu dans cette affaire, parmi lesquels l’égalité de tous devant la loi, principes que j’entends défendre dans ce petit blog de combat en ma qualité de sous-citoyen français, telle qu’elle m’a été démontrée à ce jour par les magistrats indignes qui ont traité cette affaire.

Après une présentation des faits (2° et 3°épisode) et une présentation sommaire de l’ensemble de la bataille judiciaire engagée dans plusieurs dimensions (4° épisode), j’entends vous convier à une visite commentée des écuries d’Augias d’une république sans majuscule. Pièces justificatives du discours à l’appui. Pour que vous puissiez juger.

A la fin, il y aura plusieurs cerises sur le gâteau (les mots cerises et gâteau n’étant pas vraiment adaptés à la situation comme on le verra).

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