Même les hommes d’Etat les plus illustres restent des hommes comme les autres. Même ceux qui sont entrés de leur vivant dans la grande histoire peuvent être rattrapés, à leur mort, par de sombres histoires de famille. A l’instar de Helmut Kohl, qui s’est éteint le 16 juin à l’âge de 87 ans et dont les obsèques ont pris l’allure d’un triste vaudeville.
Samedi 1er juillet, l’hommage d’Angela Merkel à l’ancien chancelier allemand (1982-1998) au Parlement européen de Strasbourg a toutes les raisons de laisser un arrière-goût de défaite à Maike Kohl-Richter, la veuve de Helmut Kohl, qui a voulu écarter la chancelière de la liste des orateurs et aurait souhaité que s’exprime à sa place, le premier ministre hongrois, Viktor Orban.
A l’inverse, l’inhumation de Helmut Kohl organisée samedi après-midi, à Spire (Rhénanie-Palatinat) est une victoire pour sa veuve de 53 ans. Ces derniers jours, Walter Kohl, le fils aîné de l’ex-chancelier et de sa première épouse Hannelore, malade, qui s’est suicidée en 2001, a en effet déclaré qu’il n’assisterait pas à la cérémonie, estimant que son père aurait dû être inhumé aux côtés de sa mère dans le caveau familial de Ludwigshafen (Rhénanie-Palatinat).
Etonnant destin que celui de Maike Kohl-Richter. Qui pouvait imaginer que cette femme, qui a connu Helmut Kohl en 1994, année où elle fut recrutée à la chancellerie – alors encore à Bonn – comme simple chargée de mission, non seulement l’épouserait quatorze ans plus tard, mais finirait par jouer un véritable rôle politique ? Car c’est bien de cela qu’il s’agit aujourd’hui. « Il s’en est fallu d’un cheveu pour que Maike Kohl-Richter réussisse à exclure la chancelière de l’hommage à Helmut Kohl », écrivait ainsi le Spiegel dans son dernier numéro, à la « une » duquel un photomontage mettait les deux femmes face à face.
Haïe par ses deux beaux-fils
« Helmut Kohl. Sa vie. Son héritage. Sa veuve », titrait de son côté l’hebdomadaire Stern, qui, dans un long portrait, a bien décrit le rôle joué par Maike Kohl-Richter auprès de son époux. Un homme de trente-quatre ans son aîné dont elle est devenue à la fois la garde-malade et la porte-parole depuis l’accident cérébral qui, en 2008, a condamné l’ancien chancelier à se déplacer en chaise roulante et l’a rendu pratiquement muet.
Haïe par ses deux beaux-fils, qui n’ont pas été invités à son mariage avec leur père, Maike Kohl-Richter s’est aussi vu reprocher de profiter de l’état de santé de son mari pour faire le tri entre ceux qui étaient dignes d’être reçus par lui et ceux qui ne méritaient pas un tel honneur. Ces dernières années, celle que le Spiegel appela un jour « la Lady Macbeth d’Oggersheim », du nom du quartier de Ludwigshafen où vivait le couple, a également été accusée de vouloir exercer un contrôle excessif sur la mémoire de son époux.
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