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Cinéma/Théâtre/Disparition

Michel Galabru, mort d'une légende du cinéma français

Immense comédien, Michel Galabru est mort le 4 janvier 2016,dans son sommeil. Il avait 93 ans. L’air bourru de l’adjudant Gerber du « Gendarme à Saint-Tropez » a marqué les écrans et les scènes de théâtre. Acteur passionné et boulimique, il a tourné dans plus de 250 films et téléfilms.

Dans « Le Juge et l'assassin » (1976), Philippe Noiret (à droite) cherche à instaurer une relation de confiance avec Michel Galabru non sans arrière-pensées.
Dans « Le Juge et l'assassin » (1976), Philippe Noiret (à droite) cherche à instaurer une relation de confiance avec Michel Galabru non sans arrière-pensées. Keystone-France / Contributeur
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Michel Galabru est né le 27 octobre 1922 au Maroc. Fils d’un ingénieur des Ponts et chaussées qui travaille à la construction du port de Safi, il passe les sept premières années de sa vie dans cette ville côtière de la région de Marrakech. Lorsque la famille déménage, elle s’installe à Bousquet-d’Orb dans le sud de la France. Un drame marque ces années : le frère aîné de Michel Galabru est emporté par la tuberculose à l’âge de 18 ans.

D’abord attiré par les stars du ballon rond, Michel Galabru découvre Sacha Guitry qui devient son modèle : « Un type qui a redoublé douze fois sa sixième, je me suis identifié. Et puis j'ai compris que je n'étais pas Guitry. J'ai eu des ambitions très modestes. » En 2001, il écrira d’ailleurs un livre sur le dramaturge Galabru raconte Guitry. L’occasion de réaliser que « [Sacha Guitry] était tellement timide qu’il faisait le malin sur scène. […] Je suis comme ça. »

Après des années laborieuses – il est exclu de sept écoles différentes, il commence tout de même des études de droit, suivant les conseils de son père : « Fais ton droit ! Je te ferai entrer au contentieux chez Schneider. » Puis, il intègre le Conservatoire d’art dramatique de Paris. En 1950, il entre à la Comédie Française, mais après sept années, il opte pour les théâtres de boulevard.

Homme de cinéma...

En 1951, le cinéaste et résistant français Jean Devaivre lui propose son premier rôle au cinéma avec Ma Femme, ma vache et moi. Il multiplie les apparitions dans les comédies, dont certaines sont d'immenses succès populaires : l’incontournable Guerre des boutons d’Yves Robert en 1961, ou encore, la série culte Le Gendarme à Saint-Tropez de Jean Girault. Entre 1964 et 1982, il interprète l’adjudant Jérôme Gerber aux côtés de Louis de Funès, le gendarme Cruchot. Des années plus tard, il exprime sa reconnaissance à cette icône du cinéma français : « J’ai bénéficié de son aura. […] Je me rappelle qu’il avait insisté pour que mon nom apparaisse à côté du sien au-dessus de l’affiche des Gendarmes. Je n’oublierai jamais ça. »

En 1971, dans Le Viager de Pierre Tchernia, il interprète le médecin peu scrupuleux de Michel Serrault. Par la suite, un grand tragédien se révèle derrière le masque du comique. En 1975, il campe le président de la cour sous le régime de Vichy dans Section spéciale de Costa-Gavras. Il devient le cynique commissaire Balboss dans le film éponyme de Jean Marbœuf. Toujours en 1976, il donne la réplique à Philippe Noiret dans Le Juge et l’assassin sous la direction de Bertrand Tavernier. Pour sa prestation, il recevra le César du meilleur acteur en 1977, par surprise, raconta-t-il plus tard : « Étaient nominés avec moi Delon, Depardieu, Dewaere ! Je n'avais aucune chance ! »

Même s'il a fait ses preuves dans le registre dramatique, c'est dans les grandes comédies à succès qu'il est incontournable. Campant un père de famille respectable, il fait face au duo loufoque Michel Serrault / Ugo Tognazzi dans La cage aux folles en 1978 et il intègre le casting de Papy fait de la résistance en 1983. Sa performance dans le deuxième film de Luc Besson, Subway, lui vaut une nomination au César du meilleur second rôle en 1986 et inscrit dans les annales sa réplique « Police, menottes, prison ». Cinq ans plus tard, il est nominé dans la même catégorie pour Uranus de Claude Berri. En 1998, il campe le chef du village d’irréductibles Gaulois, Abraracourcix, dans Astérix et Obélix contre César, de Claude Zidi. Il est l’un des rares comédiens à ne pas jouer son propre rôle dans Les Acteurs de Bertrand Blier en 1999. Cinq ans plus tard, il retrouve Gérard Depardieu dans San Antonio de Daniel Colas. Il apparaît aussi dans le grand succès Bienvenue chez les Ch’tis en 2008 ou dans Le Petit Nicolas en 2009. Il est remarquable en grand-père frustré dans Un poison violent, le premier long-métrage de Katell Quillévéré sorti en 2010.

... Et de théâtre

Au final, Michel Galabru apparaît dans plus de 200 films et téléfilms. Pourtant, il ne délaisse jamais le théâtre où il joue plus de 80 pièces. Il achètera d’ailleurs en 1985, le théâtre de Dix Heures à Paris, avec l'objectif d’en faire un tremplin pour les jeunes auteurs et comédiens. Mais l’aventure se termine quatre ans plus tard. Apogée de sa carrière sur les planches, il reçoit le Molière du comédien en 2008 pour la pièce Les Chaussettes-Opus 124. En 2015, il est toujours sur les planches du théâtre de Montmartre avec Le Cancre, une autobiographie riche en humour et dérision.

Michel Galabru se marie deux fois. De sa première union avec Anne Jacquot naîtront deux fils : Jean et Philippe. Puis il rencontre Claude, la nièce de la comédienne Micheline Dax, qui lui donne une fille, Emmanuelle. Jean et Emmanuelle suivent les traces de leur père, très fier : « Bien sûr, j'aurais préféré qu'ils fassent un autre métier. Face à Jean et Emmanuelle, je me suis rendu à l'évidence : leur vocation et leur talent ne font aucun doute ».

En octobre 2014, il perd son frère Marc, de sept ans son cadet. Quelques mois plus tard, sa femme Claude décède à son tour, atteinte de la maladie de Parkinson. Malgré le deuil, Michel Galabru remonte aussitôt sur scène, car « c’est un moment d'arrêt dans la souffrance (...) Cela permet de ne pas trop penser pendant qu'on joue. »

 

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