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À Marrakech, au musée des Confluences Dar El Bacha, la géométrie rigoureuse des polygones étoilés et des frises à fleurons sert d'écrin, pour un soir, à la nouvelle collection de haute joaillerie Louis Vuitton. Un choix avisé : les pigments naturels (coquelicot, indigo, safran) avec lesquels sont peints les chapiteaux de ce qui est considéré comme l'un des plus beaux palais de la ville ocre offrent un contrepoint visuel au flamboiement des pierres précieuses.
La semaine dernière au Maroc, les clients de haute joaillerie, invités par la marque, juste après la presse, ont pu découvrir dans cette extraordinaire galerie les pièces uniques nées de l'imagination de Francesca Amfitheatrof. Les parures seront présentées sur des installations mobiles, ciselées par les frères Campana. Louis Vuitton n'est pas un acteur historique de la haute joaillerie, mais la maison a su, en moins d'une décennie, imposer un vocabulaire et délimiter un territoire qui justifient l'intérêt grandissant des connaisseurs.
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Entre rare, très rare et très très rare
Au cœur de cette grammaire, la pierre. L'achat de chacune d'entre elles est approuvé personnellement par Michael Burke, après présentation détaillée. Des pierres aux couleurs franches, ouvertes, intenses, le tout en taille brillant ou taille émeraude : des tailles peu communes pour des pierres de couleur car elles ne pardonnent aucun défaut. Le tout, bien évidemment, répondant au cahier des charges le plus strict qui soit, celui de la place Vendôme.
Une grammaire façonnée par le gemmologue de la maison, 29 ans de métier, et qui restera anonyme comme le veut la coutume, également géologue. « À mon arrivée au sein de la maison, il y a douze ans, je suis allé voir les maroquiniers, les ingénieurs qui faisaient les bains de teinture et qui sont confrontés, comme moi, à la chimie de l'optique. Les jaunes poussin, les safrans, les teintes éclatantes des créations m'avaient impressionné. Je me suis dit que la couleur pure, forte, imposante, qui assume sa force, était très Vuitton. J'ai donc privilégié cette direction. »
Cette exigence a un coût. La haute joaillerie Louis Vuitton fait le pari de l'excellence qui s'appuie non pas uniquement sur la narration créative, mais également sur une expertise signalée et reconnue. On navigue ici entre le rare, le très rare et le très très rare. Un rubis du Mozambique de 10 carats, taille émeraude, au rouge pur, domine un appairage qui enflamme un collier Destiny dont l'architecture s'ordonne autour d'un entrecroisement de V constellés de diamants taille triangle. Un set remarquable d'émeraudes de Colombie, dont la plus importante pèse 8,90 carats, voisine un saphir du Sri Lanka de 18,08 carats – au bleu royal équivalent aux plus beaux birmans – sur un plastron constitué d'une mosaïque de diamants qui développe une nouvelle interprétation du damier. L'arrière de cette pièce maîtresse révèle un message secret. Car à la rareté des pierres de centre se superpose le raffinement du travail effectué sur les parures. Les diamants taille carré, taille triangle, baguette qui constellent les créations sont taillés sur œuvre, c'est-à-dire sur mesure. Cette exigence, réclamée par Francesca Amfitheatrof, directrice artistique de la joaillerie et de l'horlogerie Louis Vuitton, double le temps de réalisation, mais exalte la souplesse et décuple le caractère libre du mouvement.
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Au cœur de la cristallisation
Un grenat mandarin de 10,99 carats allume quant à lui de ses feux orangés les écailles d'or ourlées de diamants d'un collier conçu comme une seconde peau. Une tsavorite inouïe de 65,26 carats provenant d'Afrique de l'Est ponctue de son vert irréel un collier figurant des ailes de phénix. Il est formé d'un double V, l'un composé de diamants baguette, l'autre d'un torque torsadé de diamant rond. Deux mille heures de travail. À l'écart de la présentation, une pièce sombre est réservée aux pierres non montées. Les clients y découvrent les trésors rassemblés par la maison : des pierres réputées introuvables, comme ce rubis sang de pigeon, d'un poids extravagant de 17,84 carats, provenant de la mine désormais éteinte de Winza en Tanzanie. Il se prénomme Lengai. « Ce n'est pas une pierre qu'on peut trouver sur un marché ou dans un salon. Pour y avoir accès, il faut que les gens aient envie de vous en parler, car il faut savoir l'expertiser, en comprendre le prix, c'est un travail de longue haleine. » Les trois plus grands laboratoires se sont penchés sur cette pierre. Tous ont demandé à écrire un livre sur elle. Vincent Pardieu a eu vent de son existence. Confondu d'admiration et de surprise, il a promis d'écrire une lettre au futur acquéreur. « Il n'y a pas de pierres précieuses ou de pierres semi-précieuses, cette classification est obsolète, résume le gemmologue. Il y a avant tout la rareté, le pedigree – pureté, grosseur, couleur, existence de la mine. Nous poussons à l'extrême l'exercice de compréhension du miracle de la nature qui se joue ici. Nous proposons un voyage au cœur de la cristallisation. »
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Vuitton est un des leaders du marché du luxe et son objectif est d'etre premier ou second sur ce marché.
On aura un "son et lumières" jusqu'à ce qu'il atteigne son objectif.
Il faut se tailler vite fait du Point, qui, entre le goût du luxe et l'opposition quotidienne à Macron, n'a pas grand chose à partager avec son lectorat traditionnel.