Le projet inquiète les syndicats et fait l’objet de discussions ardues avec l’Union européenne (UE). « Hercule », le programme qui prévoit qu’EDF soit réorganisé en trois entités ne sera pas l’occasion d’une « scission » ni d’une « privatisation », a déclaré le président-directeur général (PDG) du groupe, Jean-Bernard Lévy, sur France Inter, samedi 10 avril.
« Hercule » consiste à diviser les activités de l’entreprise en trois parties : EDF Bleu, une entité publique, rassemblerait ce qui a trait au nucléaire ; EDF Vert, ouvert aux capitaux privés, regrouperait le distributeur Enedis (ex-ERDF), la vente d’électricité et les énergies renouvelables ; EDF Azur concentrerait dans une entreprise 100 % publique au statut particulier les barrages hydroélectriques.
Le groupe et l’Etat, qui en détient 84 % des parts, ont surtout engagé cette réorganisation pour satisfaire aux règles de concurrence fixées par l’UE, a expliqué le PDG du groupe public. En échange de cette transformation, l’objectif de l’exécutif est d’obtenir de la Commission européenne une meilleure rémunération du nucléaire français. Actuellement, ce tarif est régulé par un mécanisme appelé Arenh (acronyme d’« accès régulé à l’énergie nucléaire historique »), qui oblige EDF à vendre à ses concurrents à prix fixe une part de l’électricité produite par ses centrales nucléaires.
Inquiétudes des syndicats et des élus
Mais le projet inquiète l’ensemble des syndicats, qui, depuis novembre, organisent régulièrement des journées de grève, la dernière remontant à jeudi. Ils y voient un risque de démantèlement d’une entreprise stratégique et, pour certains, un début de privatisation. Le 10 février, alors que le PDG du groupe public défendait son projet de réforme devant les sénateurs et les députés, un collectif d’une cinquantaine de personnalités politiques et syndicales signait sur Le Monde un appel à renoncer au projet « Hercule ». Parmi elles, les dirigeants des principaux syndicats français, épaulés par d’anciens dirigeants d’EDF mais aussi Jean-Luc Mélenchon (LFI), Arnaud Montebourg (ex-Parti socialiste) ou Eric Piolle (Europe Ecologie-Les Verts).
« Il n’y aura pas trois EDF, il y aura un seul EDF qui restera un groupe intégré, ça fait partie des lignes rouges », a martelé M. Lévy sur la radio publique. « Rien ne sera privatisé. Au contraire, le nucléaire, qui est aujourd’hui partiellement mis en Bourse, et l’hydraulique, qui est partiellement mis en Bourse, il est prévu que ça puisse sortir de la Bourse », a-t-il poursuivi.
Le patron d’EDF a rappelé que le groupe avait déjà connu plusieurs réorganisations dont une majeure dans les années 2000. Parallèlement, alors qu’aucun accord n’est encore trouvé entre la France et l’UE sur cette réorganisation, M. Lévy s’est refusé à parler d’enlisement. « Il y a des conversations quasi quotidiennes », a-t-il assuré. Pour tenter de sauver le projet, le gouvernement a proposé, le 6 avril, aux syndicats, de modifier ses contours. Il espère parvenir à un improbable consensus, alors que le calendrier politique rend de plus en plus difficile ce vaste chantier voulu par Emmanuel Macron.
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