Pourquoi OASIS Handicap, expérimenté à Montpellier, se déploie en France

Le dispositif OASIS Handicap, né en 2013 à Montpellier face à la difficulté des personnes en situation de handicap à s'insérer dans des métiers qualifiants, a fait ses preuves. Déployé dans 9 régions de France, il fait l’objet d’une rencontre à Montpellier le 18 septembre, où est annoncée son expérimentation, toujours dans l’ex-LR, dans un autre secteur, celui de la santé.
Cécile Chaigneau
Pierre-Marie Lasbleis
Pierre-Marie Lasbleis (Crédits : DR)

Porté par l'OETH* et né en 2013 d'une expérimentation en Languedoc Roussillon, le dispositif OASIS Handicap (Orientation Accompagnement Secteur de l'Intervention Sociale) propose depuis cinq ans, aux personnes en situation de handicap, une formation pour accéder aux métiers de l'intervention sociale et médico-sociale. Car le constat est simple : il est difficile d'insérer des personnes en situation de handicap dans des métiers qualifiants et pourvoyeur d'emploi.

« Chaque employeur a l'obligation d'employer des salariés en situation de handicap à hauteur de 6 % de son effectif, faute de quoi il doit verser une contribution à l'Agefiph (Association de gestion du fonds pour l'insertion professionnelle des handicapés, NDLR), rappelle Pierre-Marie Lasbleis, directeur de l'OETH. Dans le secteur sanitaire, social et médico-social, les contributions sont versées à l'OETH, qui finance le dispositif OASIS Handicap. Nous maîtrisons mieux les questions de maintien dans l'emploi des personnes en situation de handicap que celles de l'insertion dans l'emploi. C'est pourquoi la proposition d'expérimenter ce dispositif, émanant de l'Institut régional du travail social de Montpellier en 2013, nous a semblée intéressante. »

La barrière des sélections

Suivi en alternance, OASIS Handicap propose des actions de positionnement, de remise à niveau, de pré-qualification et de validation des compétences nécessaires à l'entrée dans une formation qualifiante. Soit 420 heures (210 en centre de formation, 210 en stage), « financées par l'OETH, à raison de 3 300 € par stagiaire environ », précise Pierre-Marie Lasbleis.

« L'accès aux sélections des métiers de l'intervention sociale et médico-sociale est une barrière compliquée à franchir pour des personnes qui, pour la plupart, sont sorties du système scolaire depuis de nombreuses années, explique-t-il. Leur âge moyen est de 40 ans. Souvent, ces personnes ont connu des difficultés d'emploi en lien avec leur état de santé. Beaucoup sont en reconversion... Le dispositif permet d'identifier un métier et un diplôme, d'aller sur le terrain pour vérifier la faisabilité du projet individuel. C'est aussi un moyen pour les employeurs de s'apercevoir que ces personnes peuvent être de bons professionnels. C'est la marche pour permettre aux  stagiaires de maximiser leurs chances. »

Après deux ans d'expérimentation sur l'ex-Languedoc-Roussillon (30 établissements partenaires), l'organisation a décidé d'élargir le dispositif à d'autres régions de France (Occitanie côté Midi-Pyrénées, Nouvelle Aquitaine, Ile-de-France, Normandie et Bourgogne-Franche Comté).

Couverture nationale en 2020

Le 18 septembre, l'ensemble des acteurs du dispositif se réunissaient pour la première fois à Montpellier, afin de faire le bilan des cinq années écoulées et de « donner de l'écho à l'OASIS Handicap ».

Depuis 2013, 220 personnes ont bénéficié d'OASIS Handicap. Une enquête, menée auprès des personnes ayant suivi le dispositif entre 2012 et 2017 (65 % de réponse), révèle que suite à leur passage par le dispositif OASIS, 42 % ont été directement recrutées (en CDI, CDD, contrat d'apprentissage ou contrat de professionnalisation) et 34 % sont entrées en formation initiale à l'intervention sociale. Soit 76 % d'insertions réussies.

Le déploiement du dispositif se poursuit aujourd'hui, en association avec l'UNAFORIS (Union nationale des acteurs de formation et de recherche en intervention sociale), dans quatre nouvelles régions : Haut de France, Centre Val de Loire, Grand-Est et Bretagne.

En 2020, l'organisation s'est fixée pour objectif d'avoir un centre de formation en mesure de proposer le dispositif OASIS Handicap dans chaque région de France, assurant ainsi une couverture nationale.

Métiers de la santé

S'inspirant du dispositif OASIS, l'OETH poursuit dans la voie de l'innovation et va lancer, toujours sur le territoire de l'ex-Languedoc Roussillon, un nouveau projet pilote baptisé « OA Santé ».

Il vise à faciliter l'insertion des personnes en situation de handicap dans les métiers de la santé (infirmier, aide-soignant, auxiliaire de puériculture, accompagnant éducatif et social) et débutera au dernier trimestre 2018 avec un premier groupe de 8 à 12 personnes, en partenariat avec le CRIP (centre de rééducation et d'insertion professionnelle) de l'UGECAM (Union pour la gestion des établissements de caisses d'assurance maladie) à Montpellier.

« Avec ce type de projet, nous sommes parfaitement raccord avec les politiques publiques sur l'embauche et le maintien en emploi des personnes en situation de handicap, conclut Pierre-Marie Lasbleis. La voie de ces partenariats sectoriels de proximité est une bonne réponse à la problématique du chômage de ces publics. »

 * L'accord OETH est le 1er accord paritaire relatif à l'obligation d'emploi des travailleurs handicapés du secteur sanitaire, social et médico-social privé non lucratif. Signé en 1991 et renouvelé depuis, il concerne 16 000 établissements et 500 000 salariés.

Cécile Chaigneau

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