Pour les Américains, il était l’homme de la première attaque du World Trade Center ; pour les djihadistes, un père fondateur. Omar Abdel-Rahman, surnommé le « cheikh aveugle », ne se réjouira pas de la chute d’un nouveau « pharaon », comme il aimait qualifier le président égyptien Gamal Abdel Nasser au siècle dernier, puis les dirigeants de ce pays qui se sont succédé au pouvoir après la mort du leader nationaliste, en 1970.
Reconnu coupable de conspiration terroriste pour avoir commandité l’attentat à la bombe contre le World Trade Center, à New York, en 1993, le prédicateur islamiste égyptien est mort en prison, le 18 février, aux Etats-Unis. Agé de 78 ans, il purgeait une peine de réclusion criminelle à perpétuité dans un pénitencier de Caroline du Nord.
Le 26 février 1993, un attentat à la camionnette piégée dans un parking de l’ensemble new-yorkais avait fait six morts et plus d’un millier de blessés.
Leader spirituel des islamistes radicaux
Après plus de vingt ans passés en prison, le « cheikh aveugle », qui avait perdu la vue à l’âge de 10 mois en raison d’un diabète, était toujours considéré comme un leader spirituel par les islamistes radicaux. De la confrérie des Frères musulmans aux branches yéménite et maghrébine du réseau Al-Qaida, presque tout ce que l’islam radical compte de tendances rend aujourd’hui hommage à celui qu’Oussama Ben Laden considérait comme l’« un des plus grands savants de l’islam ». Son « testament », un texte daté de 1998, vient pour l’occasion d’être réexhumé par la branche yéménite du réseau Al-Qaida : « S’ils me tuent, ce qu’ils vont forcément faire, vengez-moi avec la plus puissante et violente des revanches. »
Hasard du calendrier, ce même 18 février, jour de sa mort, Al-Qaida a diffusé un éloge à un frère d’armes de longue date d’Abdel-Rahman : Rifai Ahmed Taha Musa, tué dans un raid aérien américain, en avril 2016, dans le nord de la Syrie. Rifai Ahmed Taha était un ancien commandant du groupe radical égyptien Al-Gamaa Al-Islamiya, dont Omar Abdel-Rahman était le père spirituel.
Né en 1938, dans une famille pauvre de la province Dakahlia, dans le delta du Nil, Omar Abdel-Rahman se lance, dans les années 1960, dans l’activisme islamiste après des études de théologie au Caire. Nommé imam à Fidim, à une centaine de kilomètres de la capitale, il contribue à faire du village l’un des premiers bastions de l’islam radical égyptien. Meurtri par la défaite des armées arabes face à Israël en 1967, il multiplie les prêches incendiaires contre le « pharaon », le président Nasser, rendu responsable de la défaite d’une Egypte en pleine décadence que seul un régime islamique pourrait sauver.
Il vous reste 42.38% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.