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Tribune

Cloud souverain national : un leurre qui coûte cher

La création d'un Cloud souverain propre à la France est une fausse bonne idée. Mieux vaut miser sur un Cloud européen ouvert et performant, et limiter le Cloud national aux seuls pouvoirs publics.

Par Jean-Paul Alibert (Président de T-Systems France)

Publié le 16 août 2018 à 10:17

Voici plusieurs années déjà que les entreprises françaises entendent parler de la création d’un Cloud souverain français. Autrement dit un Cloud dont on aurait la garantie que les données soient localisées en France et opéré par des acteurs français. Or ce Cloud n’a toujours pas vu le jour alors que près de 100 M€ ont été investis en pure perte par les pouvoirs publics dans deux projets concurrents.

Ce projet était voué à l’échec dès sa conception, et pour des raisons simples : d’abord, le marché n’était pas assez mature pour un choix de positionnement uniquement IaaS, ensuite l’absence d’entente entre les entreprises et les pouvoirs publics pour l’utiliser, avec les contraintes des marchés publics européens, et le contrôler. Ceci a conduit les deux opérateurs à se tourner vers le secteur privé beaucoup plus concurrentiel. Mais ce projet a-t-il encore un sens aujourd’hui ?

Un Cloud souverain pour quoi faire ?

Dans un environnement international et concurrentiel, la première demande les entreprises, lorsqu’elles s’adressent à un fournisseur de Cloud, ce n’est pas de confier à tout prix leurs données à des acteurs français, mais bien de pouvoir décider que leurs données restent localisées en France ou en Europe. Et encore, les choix sont avant tout guidés par le triptyque prix/services/conformité à la règlementation. Et si la localisation de la donnée reste une notion fondamentale, la prise de décision passe d’abord par ces paramètres économiques et règlementaires.

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Or les fournisseurs offrent depuis déjà quelques années à leurs clients la possibilité de choisir le pays dans lequel leurs données sont hébergées. C’est même l’un des arguments principaux de ces acteurs spécialistes : le client doit toujours avoir le choix ! Pourquoi dans ce cas perdure cette idée que seul un Cloud souverain offrirait la Sécurité ?

Le Cloud européen, véritable Cloud "souverain"

Dans le cas de données particulièrement sensibles, dans les domaines bancaires ou de la santé par exemple, un autre paramètre doit guider les choix des entreprises : c’est d’opter pour un fournisseur certifié. La certification européenne garantit le respect de critères d’hébergement et d’opération sur le sol européen. C’est d’ailleurs bien uniquement la localisation des données associée à la nationalité de l’opérateur qui protège contre le Cloud Act.

Ce sont avant tout les pouvoirs publics qui voient un intérêt particulier à faire appel aux services d’un Cloud souverain. C’est ce qui ressort de la dernière déclaration de Mounir Mahjoubi, secrétaire d’État en charge du numérique, qui a néanmoins ouvert la porte à des Clouds externalisés. Ils pensent, à tort ou à raison, que leurs données seront ainsi mieux protégées.

Or, dans un marché du recrutement en forte tension, où les profils en cyber sécurité manquent cruellement, clients privés, fournisseurs et pouvoirs publics recrutent les mêmes profils qui demain protègeront leurs Cloud, qu’il soit souverain ou pas. Disposer d’un Cloud européen "souverain" c’est la garantie d’une mutualisation des expertises sans déperdition de compétences.

La sécurisation des données au cœur des préoccupations des fournisseurs européens

Les acteurs européens sont soumis aux règlementations européennes strictes comme le RGPD. De plus, la sécurisation des données est véritablement au cœur du business des grands fournisseurs de Cloud aujourd’hui qui, par essence, sont devenus les garants des données de leurs clients.

Il est donc fondamental que les acteurs du marché proposent que les données soient stockées, mais surtout opérées en Europe. L’argument selon lequel le temps de latence (acheminement de la donnée) rend un Cloud situé à l’étranger moins rapide ne tient pas, sauf rares exceptions, et la construction d’un Cloud souverain par pays est tout simplement à proscrire. Ce serait même contraire à la logique de faire face à la concurrence des fournisseurs nord-américains.

La seule façon de concurrencer l’actuelle hégémonie américaine en matière de Cloud c’est bien de construire un Cloud européen évolutif, ouvert et performant. Et il existe pour ainsi dire déjà !

Jean-Paul Alibert

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