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Après la tragédie de Charlottesville, Trump louvoie et crée l'indignation

Le président a créé une vague d'indignation aux Etats-Unis en refusant d'imputer la tragédie aux mouvements d'extrême droite.

Heather Heyer avait 32 ans. La jeune femme travaillait comme aide juriste dans un cabinet d'avocats de Virginie. Elle a été tuée samedi après-midi lorsqu'une voiture a foncé sur des manifestants qui protestaient contre un défilé néonazi organisé à Charlottesville en Virginie. James Field a été arrêté peu après l'incident. Cet homme de 20 ans, originaire de l'Ohio, est suspecté d'avoir été au volant du véhicule qui a aussi fait 19 blessés. Il avait été photographié un peu plus tôt dans la journée à un rassemblement du groupe néonazi Vanguard America. Son ancien professeur d'histoire a confié au Washington Post que le jeune homme était fasciné par le nazisme et par Adolf Hitler.

«Le diable a un nom»

Samantha Blum, la mère du suspect, a reconnu pour sa part dans une interview accordée au Toledo Blade, un quotidien de l'Ohio, que son fils s'était rendu à un rassemblement de l'alt-right. L'ultra droite nationaliste américaine avait décidé de se réunir en fin de semaine dernière dans la petite ville de Virginie pour protester contre la décision de la Mairie de retirer une statue d'un général confédéré symbolisant le passé esclavagiste des Etats-Unis. Les militants d'extrême droite se sont néanmoins retrouvés confrontés à des contre-manifestants et des heurts ont éclaté dans la nuit de vendredi à samedi. L'état urgence avait d'ailleurs été déclaré peu de temps avant que la voiture ne fonce sur la foule.

Donald Trump a dénoncé samedi une «énorme démonstration de haine, de sectarisme et de violence venant de diverses parties». Le président, qui passe ses vacances dans son club de golf du New Jersey, a en revanche créé une vague d'indignation aux Etats-Unis en refusant d'imputer la tragédie de Charlottesville aux mouvements d'extrême droite. Cette approche lui a valu de nombreuses critiques dans son propre camp républicain. «Monsieur le président, nous devons appeler le diable par son nom», a notamment affirmé le sénateur conservateur du Colorado, Cory Gardner. «Il s'agissait de suprémacistes blancs et de terrorisme intérieur.»

Les incidents de Charlottesville sont intervenus quatre jours après la publication d'une enquête du Southern Poverty Law Center (SPLC) sur la montée en puissance de mouvements d'extrême droite aux Etats-Unis. «La droite radicale pose une menace sérieuse pour les officiers de police à travers le pays», a déclaré Heidi Beirich, la directrice du SPLC dans l'Alabama. «Les mouvements sécessionnistes se créent à travers le pays et des gangs d'hommes blancs […] sont en train de croître.»

Dans ce contexte, Richard Cohen, le président du SPLC, a affirmé sur le blog de l'organisation que les mots de Donald Trump étaient «vides» tant que le président des Etats-Unis ne reconnaîtrait «pas sa responsabilité dans les divisions» aux Etats-Unis. Certains élus de l'opposition démocrate ont dénoncé ce qu'ils considèrent être la responsabilité morale du président. «Regardez la campagne qu'il a menée», a martelé sur CNN Michael Signer, le maire de Charlottesville. «Regardez la décision de courtiser tous ces groupes suprémacistes blancs, tous ces groupes nationalistes et antisémites.»

Les soutiens du président

Pendant la campagne électorale, Donald Trump avait notamment tardé à dénoncer le soutien de David Duke, un ancien leader du mouvement raciste du Ku Klux Klan. David Duke a rappelé au président samedi qu'il avait été élu par les «Américains blancs». Il a aussi affirmé à un journaliste de l'Indianapolis Star que l'ultra droite allait «remplir les promesses de Donald Trump»: «Nous avons voté pour Donald Trump, parce qu'il a dit qu'il allait récupérer notre pays. C'est ce que nous allons faire.»

Steve Bannon, l'un des chefs spirituels de l'alt-right, est l'un des conseillers du président à la Maison-Blanche. Un fait qui n'a pas échappé à la NAACP, l'organisation de défense des droits des personnes de couleur aux Etats-Unis. «C'est apparemment dur de dénoncer la haine et les bigots quand ils font partie de vos principaux stratèges», a-t-elle martelé sur Twitter. La Maison-Blanche a tenté de mettre fin à cette pluie de critiques, dimanche, en précisant les propos de Donald Trump: «Le président a affirmé avec force hier qu'il condamnait toutes les formes de violence, de bigoterie et de haine», a assuré un porte-parole. «Cela inclut bien sûr les suprémacistes blancs, le KKK, les néonazis et tous les groupes extrémistes.»